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Treize ans d’espérance de vie séparent-ils les plus riches des plus pauvres ?

Publié le 25 janvier 2022 à 12h26
Image d'illustration. Paris, 2012

Image d'illustration. Paris, 2012

Source : ALEXANDER KLEIN / AFP

Selon Yannick Jadot, les plus riches vivent 13 ans plus longtemps que les plus pauvres en France.
C’est bien ce que relève l’Observatoire des inégalités en 2020.
Cet écart est moins prononcé chez les femmes.

Pour illustrer son opposition à la réforme des retraites voulue par le gouvernement, le candidat écologiste a avancé qu’il y avait "une différence d’espérance de vie de 13 ans dans notre pays entre les 5% les plus riches et les 5% les plus pauvres". Selon Yannick Jadot, invité de France inter ce mardi 25 janvier, cette réforme n’a aucun sens puisqu’elle vise à "faire travailler les gens plus longtemps" : "Lorsque le gouvernement veut faire reculer l’âge de la retraite, on voit bien qu’ils sont dans la partie de ceux qui vivront jusqu’à 82 ans et certainement pas dans la partie de ceux qui vivront jusqu’à 70 ans".

Et si le candidat dit souhaiter toucher à "la pénibilité" du travail et non pas à la retraite elle-même, c’est justement en raison de cette espérance de vie qu’il dit aussi variable selon le niveau de richesses. Pour avancer de tels chiffres, Yannick Jadot se fonde sur une étude sortie au printemps 2020 par l’Observatoire des inégalités. En effet, l’organisme indépendant a tiré une analyse des données de l’Insee recueillies entre 2012 et 2016 sur le niveau de vie mensuel après les prestations sociales et les impôts. 

Dans un rapport publié le 14 avril 2020, l’Observatoire constate bien que "chez les hommes, treize années d’espérance de vie à la naissance séparent les 5 % les plus pauvres, qui vivent en moyenne avec 470 euros mensuels pour une personne, et les 5 % les plus riches qui disposent de 5 800 euros". La première catégorie vit donc en moyenne jusqu’à 71,7 ans tandis que la seconde peut espérer atteindre les 84,4 ans.

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Moins d'écart chez les femmes

En revanche, ce que le candidat écologiste ne dit pas, c’est qu’il base son argumentaire sur le seul cas des hommes. Ainsi, les femmes n’échappent pas à la règle, mais sont moins touchées par cette inégalité sociale. Huit ans d’espérance de vie séparent ainsi les 5% de femmes les plus pauvres en France des 5% les plus riches. Soit 80 ans en moyenne pour les premières et 88,3 ans pour les secondes. En parallèle, un quart des plus pauvres en France ne dépassent pas les 62 ans, comme l’a documenté l’Insee dans une autre étude et que nous avions pu traiter ici

Comme justement relevé par Yannick Jadot, cette fracture sociale s’explique en premier lieu par la pénibilité du travail. D’après l’Observatoire, "les plus aisés sont ceux qui appartiennent aux catégories sociales les plus favorisées, dont les métiers sont les moins usants physiquement". De plus, la question de la santé est plus prégnante chez les plus riches avec une proportion de fumeurs "deux fois plus élevée chez les non-diplômés (39 %) que chez les diplômés (21 %), selon l’enquête Baromètre santé de 2016". D’autres facteurs directement liés à l’environnement social jouent là aussi. Par exemple, l’Observatoire souligne que "disposer d’un bon niveau de vie, c’est aussi disposer des moyens de mieux s’alimenter, de pratiquer certains loisirs, de prendre des congés, de se loger plus convenablement, d’être moins inquiet sur son avenir, etc. Bref, d’avoir un environnement de vie général de meilleure qualité".

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Caroline QUEVRAIN

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