Recensement : pourquoi Paris est-elle la seule grande ville à perdre des habitants ?

Publié le 28 décembre 2018 à 13h13
Recensement : pourquoi Paris est-elle la seule grande ville à perdre des habitants ?
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DÉMOGRAPHIE - La population parisienne baisse depuis plusieurs années : elle est passée de 2.500.000 habitants en 2011 à 2.200.000 environ en 2016. Comment expliquer cette tendance, alors, que selon une étude publiée jeudi par l'Insee, les autres grandes agglomérations françaises gagnent, à l'inverse, des habitants ?

Alors qu’entre 2011 et 2016 la population française a augmenté de 286.000 personnes par an en moyenne, la ville de Paris a, elle, perdu des habitants, indique une étude démographique publiée ce jeudi 27 décembre par l’Insee. De 2011 à 2016, la capitale a perdu en moyenne chaque année 0,5% de sa population (-11.900 habitants par an) alors qu’elle en gagnait 0,6% par an (+ 13.700) entre 2006 et 2011. "Elle subit une nette dégradation de son déficit migratoire apparent qui n’est plus compensé par l’excédent naturel", explique l’Institut national de la statistique et des études économiques. Entre les deux périodes, le déficit migratoire de la commune est ainsi passé de -0,2% à -1,2%. Il s’agit du plus important de tous les départements français.

Surtout, Paris est le seul département d’Ile-de-France à perdre des habitants. Entre 2011 et 2016, la région a ainsi gagné en moyenne 53.000 habitants par an (0,4%, contre 0,5% d’augmentation par an entre 2006 et 2011). Si entre 2011 et 2016, la population parisienne est donc passée de 2.500.000 habitants environ à 2.200.000 ; celle de la petite couronne est à l'inverse passée de 4.445.000 habitants à 4.588.000. En grande couronne, de 2011 à 2016, le nombre d’habitants est passé de 5.157.000 à 5.338.000.

Le prix du logement impacte lourdement la démographie parisienne."
Ian Brossat

Alors pourquoi Paris perd-il des habitants en nombre, alors que l'Insee explique dans cette nouvelle étude que les grandes aires urbaines portent la croissance démographique française ? Selon l’adjoint au Logement à la mairie de Paris, Ian Brossat, "le prix du logement impacte évidemment lourdement la démographie parisienne". "Le développement des locations touristiques illégales et des résidences secondaires a aussi un impact négatif sur la démographie puisque de fait, ce sont des logements qui existent mais qui ne servent plus à loger des Parisiens" explique-t-il à LCI.

"Une chose est sûre : Paris reste une ville attractive. Donc les gens ne partent pas de Paris parce qu’ils considéreraient que la qualité de vie n’est pas bonne" ajoute l’adjoint, également tête de liste du PCF aux européennes, sans évoquer les problèmes de pollution ou de transport qui pèsent également dans le quotidien des Parisiens. "Le problème, c’est que Paris est une ville trop chère et que le prix du logement contribue considérablement à la rendre aussi chère. Donc il faut la rendre moins chère. L’un des leviers pour retenir la population parisienne, c’est le prix du logement."

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S’il est impossible de dire précisément où partent vivre les Parisiens - l’étude de l’Insee ne le précise pas -, on peut penser qu’ils changent de région, attirés par des métropoles offrant une meilleure qualité de vie comme Bordeaux, Lyon ou Nantes. Ils peuvent également faire le choix de s’éloigner et s’installer en petite et grande couronne, où les loyers sont moins élevés et où ils pourront bénéficier d’une surface habitable plus importante. 

Le choix de la petite et de la grande couronne

"Jeune et célibataire, on habite plus facilement Paris intra-muros. Quand on veut fonder une famille, pour une simple question de taille et de prix du logement, on s’éloigne peu à peu", expliquait d’ailleurs Marie-Christine Parent, directrice de l’Insee Ile-de-France, en janvier 2017 à 20 Minutes, après une première étude montrant que la capitale perdait des habitants. "De nombreux programmes de constructions de logements ont été enregistrés ces dernières années en petite couronne, offrant des opportunités aux jeunes couples sur le point de fonder une famille." 

Déjà en 2017, Marie-Christine Parent prévoyait que la population baisserait pendant plusieurs années, en raison également d’un déficit de naissances. "Nous restons encore sur des classes creuses. Le rebond du nombre des naissances n’a été constaté qu’à partir du début des années 2000. Ces générations ne sont pas encore en âge d’avoir des enfants", avait-elle expliqué à nos confrères.

Face à ces résultats peu flatteurs pour Paris, Ian Brossat rappelle néanmoins à LCI sa "détermination à agir pour mieux réguler le secteur privé". Ainsi, en 2019, la mairie compte sur deux mesures pour inverser la tendance. "La première, c’est la possibilité avec la loi Elan de pénaliser les plateformes comme Airbnb dès lors qu’elles publient des annonces illégales, c’est-à-dire des annonces de logements transformés en hôtels clandestins" affirme-t-il. "La deuxième chose, c’est le retour de l’encadrement des loyers, que je souhaite mettre en place au premier trimestre 2019. Il nous permettra de remettre un peu de modération dans le niveau des loyers, qui a explosé depuis un an."


Justine FAURE

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