POLEMIQUE - Les services sanitaires du ministère de l'Agriculture ont annoncé ce samedi que l'intégralité des 795 kg de viande avariée polonaise importée en France ont été retrouvés. Comment cela est-il possible ? Eléments d’explications.
De la viande avariée polonaise dans des assiettes françaises : c’est le constat qui est fait depuis vendredi à la lumière des éléments communiqués par le ministère de l’Agriculture. Avec les 150 kg "localisés" ce samedi, les services sanitaires ont retrouvé l'intégralité des 795 kg de cette viande de bœuf avariée importée de Kalinowo. "A ce stade, quelques dizaines de restaurants et de boucheries sont concernés, en région Ile-de-France principalement, et dans les départements d’Ille-et-Vilaine (35) et du Loiret (45)", précise un communiqué du ministère de l'Agriculture diffusé ce 2 février.
Comment l’affaire a-t-elle éclaté ?
L'affaire a été révélée par les médias. Un journaliste de la chaîne commerciale TVN24 s'est fait embaucher et a travaillé pendant trois semaines à l'abattoir de Kalinowo, à 100 km au nord-est de la capitale. Il a diffusé des images de bovins traînés la corde au cou, manifestement malades, serrés dans un camion, puis de carcasses entassées et de quartiers de viande visiblement impropres à la consommation. Interrogé, le ministre Polonais de l'Agriculture a reconnu la fraude en soulignant qu'il s'agissait d'un "incident isolé". Selon Varsovie, la viande en question ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs.
Comment cette viande s'est-elle retrouvée en France ?
Tout simplement car la Pologne est un très gros exportateur de viande bovine. Elle est par exemple le premier exportateur européen de bœuf vers les pays extérieurs à l'UE. En 2018, la totalité des exportations polonaises de bœuf a atteint environ 415.000 tonnes. Au total, concernant cet abattoir, "2,7 tonnes ont été vendues à des pays membres de l'UE", a déclaré à la presse le responsable des services vétérinaires polonais, Pawel Niemczuk. Treize Etats sont concernés, parmi lesquels la France, l'Espagne, le Portugal, la Suède, la Finlande, la Hongrie, l'Estonie, la Roumanie, la Lituanie et Slovaquie. Les autorités slovaques ont aussi découvert au moins trois cargaisons de viande de bœuf importées de Pologne, qu'elles estiment liées à cette affaire.
Les contrôles sont-ils trop laxistes ?
Pour Olivier Andrault, chargé de mission Alimentaire à l'UFC que choisir, "il n’y a pas eu (ndlr : depuis les précédents scandales sanitaires comme Spanghero il y a six ans) de modification fondamentale des obligations en matière de sanitaire et de traçabilité au niveau européen." Sur LCI, le chargé de mission a estimé que "rien n’a changé concernant l’extrême complexité et opacité des procédures d’approvisionnements de l’agroalimentaire."
La provenance de cette viande n'est pas un hasard, selon l'UFC. "Pourquoi les industriels se fournissent-ils en Pologne ? C’est moins cher. Il y a une guerre des prix entre les industriels et la grande distribution. L’objectif est de conserver les marges en allant chercher la viande dans les pays où les exigences sanitaires sont moins importantes."
"Il y a une fraude commerciale terrible", a déclaré sur la radio Europe 1 Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), se disant "révoltée de voir que des circuits commerciaux comme ça existent encore". "C'est totalement anormal que des opérateurs, pour gagner gagner plus, fassent entrer des viandes peu sûres comme celles-ci", a déclaré Mme Lambert. Elle en a appelé à la vigilance du ministère de l'Agriculture et des autorités sanitaires, tout en renvoyant la responsabilité aux choix des consommateurs. "Si le consommateur exige de la viande française en restauration hors domicile, en grande surface et chez son boucher, on ne verra plus ces flux commerciaux frauduleux"", a-t-elle assuré.
Six ans après Spanghero, nouveau scandale sanitaire, cette fois concernant de la viande avariée. Comment de telles fraudes sont encore possibles en France ? 📺 Olivier Andrault, chargé de mission Alimentaire à l' @UFCquechoisir , répond à @adrienborne dans #LCImidi pic.twitter.com/DYHUwr3o5L — LCI (@LCI) 1 février 2019
Quelle réponse les autorités peuvent-elles apporter ?
La Commission européenne, alertée par les autorités polonaises, n'a pas exprimé de jugement sur la qualité de la viande suspecte. Elle s'est bornée à rappeler, dans un communiqué, que les animaux malades ne peuvent être déclarés propres à la consommation et que "la pratique de traîner les animaux incapables de marcher, comme cela est décrit (dans le reportage polonais), est interdite par la législation de l'Union Européenne sur la protection des animaux dans les abattoirs".
"Il y a tous les ingrédients pour un scandale sanitaire", a en revanche estimé Olivier Andrault. Et de préciser : "Ce type de crise devrait être un moyen pour réveiller les autorités européennes et françaises pour instaurer une mesure fondamentale : l’inscription du pays d’origine de la viande dans les produits transformés. Rappelons que ce n’est pas obligatoire dans l’UE ; en France c’est le cas. Mais il y a toujours la possibilité pour certains opérateurs peu scrupuleux de mettre la mention "UE", qui reste opaque et autorise toutes les dérives."
Sur le
même thème
- Procès de la viande de cheval : une vaste escroquerie européenne jugée à MarseillePublié le 7 juin 2022 à 6h21
- Blé, maïs, tournesol... la France peut-elle facilement produire plus ?Publié le 9 mars 2022 à 16h41
- Faux bio, thon avarié... Foodwatch s'attaque à la fraude dans nos assiettesPublié le 26 mars 2021 à 11h23
- 100% d'abattoirs halal en Île-de-France ? Une intox qui a la dent durePublié le 29 novembre 2019 à 15h26
- Le traité de libre échange entre l'UE et le Mercosur, un risque pour nos assiettes ?Publié le 1 juillet 2019 à 20h04
- Plusieurs tonnes de steaks hachés frauduleux distribués à des associations, l'Etat saisit la justicePublié le 7 juin 2019 à 9h35
- Trop de viande importée dans nos cantines ?Publié le 19 avril 2019 à 11h42
- Covid : dans quels pays de l'UE le masque est-il encore imposé ?Publié le 24 juin 2022 à 18h08
Tout
TF1 Info
- 2Disparition de Maël à Méribel : le jeune saisonnier retrouvé mortPublié hier à 14h10
- 4
- 5Disparition d'Héléna à Brest : un homme a avoué "un accident", selon le procureurPublié le 5 février 2023 à 18h54
- 8Les températures hivernales sont de retour cette semaine, découvrez les prévisionsPublié le 5 février 2023 à 11h06
- 10EN IMAGES - La Turquie et la Syrie dévastées par un séisme meurtrierPublié hier à 9h43
- 3Mort d'Yvan Colonna : une partie des notes de la DGSI va être déclassifiéePublié hier à 22h40
- 5Piscines privées : en France, elles ne connaissent pas la crisePublié hier à 22h18
- 6Grève du 7 février : 11.000 forces de l'ordre mobilisées partout en FrancePublié hier à 22h15
- 8Brunet, Hammett & Cie du 6 février 2023Publié hier à 22h02
- 9Guerre en Ukraine : Volodymyr Zelensky à Bruxelles ce jeudi ?Publié hier à 21h55
- 10Un Oeil sur le Monde du 6 janvierPublié hier à 21h52
- 2Grève du 7 février : quel parcours pour la manifestation parisienne ?Publié hier à 16h13
- 4
- 5Grève du 7 février : transports, écoles... Ce qui vous attend mardiPublié le 5 février 2023 à 21h30
- 6Retraites : un geste pour les carrières longuesPublié hier à 20h11
- 7Réforme des retraites : cinq choses à savoir sur la pension de 1200 euros garantisPublié le 11 janvier 2023 à 14h26
- 8Sites pornographiques : l'accès aux mineurs bientôt bloqué en FrancePublié le 5 février 2023 à 23h06
- 9Grève dans le secteur de la petite enfance : "On se sent maltraités"Publié le 2 février 2023 à 19h13
- 10Les enseignants sont-ils payés 15 à 25% moins qu'il y a 20 ans ?Publié le 27 novembre 2021 à 12h58
- Police, justice et faits diversIncendie dans l'Aisne : 8 morts, dont 7 enfants
- Sujets de sociétéLa réforme des retraites arrive à l'Assemblée, février sera chaud dans la rue
- InternationalUn séisme fait des centaines de morts en Turquie et en Syrie
- InternationalUn puissant séisme endeuille la Turquie et la Syrie
- Politique"Favoritisme" : l'affaire qui tombe mal pour Olivier Dussopt