TRANSPARENCE - Vendredi 1er mars les grandes entreprises basées en France devaient rendre leur copie sur l'index de l'égalité salariale, imposé par le gouvernement. Deux mois plus tard, Muriel Pénicaud constatait que 16% d'entre elles étaient en "alerte rouge". Les groupes contactés par LCI affichent tous des notes correctes, bien au-delà de la ligne rouge fixée dans la loi. Alors, tout va bien sous le soleil de l'égalité salariale ? On s'est posé la question.
EDIT 09/07/2017 : Muriel Pénicaud réaffirme sur LCI que 16% des entreprises ayant rendu leurs résultats sont "en alerte rouge". Elles ont trois ans pour redresser la barre avant de s'exposer à une lourde amende.
Un index pour lutter contre les inégalités salariales entre les femmes et les hommes. Tel est le dispositif imposé par la loi sur l'avenir professionnel, adoptée en septembre 2018. Une initiative visant à corriger l'écart salarial de 9% qui persiste en France, défaveur des femmes, à poste et compétences égales. L'idée ? Amener les entreprises basées en France d'au moins 1000 salariés à effectuer un calcul sur la base de plusieurs critères, afin de connaître leur marge de progression en termes d'égalité des salaires entre femmes et hommes. Très concrètement, sur une échelle de 100 points, l'absence totale d'écart dans les rémunérations en rapporte 40. Vient ensuite l'égalité devant les augmentations annuelles (20 points), l'écart dans les promotions (15 points), les mises à niveau du salaire au retour du congé maternité (15 points) et enfin la présence des femmes parmi les plus hautes rémunérations (10 points).
Les groupes obtenant un total inférieur à 75 points font office de mauvais élèves et s'exposent à une sanction financière à hauteur de 1% de la masse salariale, s'ils ne corrigent pas le tir sous trois ans. Sur le papier, le principe invite à la transparence. Alors, après la publication des premiers résultats, LCI a voulu prendre la température. Et s'est plongé dans les copies rendues par une dizaine de grands groupes français.
Des bons scores en série
Airbus, par exemple, a analysé ses données sur la base de six branches employant plus de 1.000 salariés. Airbus "defense and space" obtient ainsi 85 points, "Airbus helicopters" 89 points, Airbus SAS 88 points, Airbus Operations SAS 89 points, Stelia 89 points, et le transport régional 88 points. On est bien au-dessus, donc, de la ligne rouge fixée par le gouvernement.
Du côté d'EDF, on obtient une note de 80 points. Le géant de l'électricité se dit "convaincu que la mixité et l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes sont des facteurs essentiels de progrès social" et "ambitionne d'atteindre le score de 90 points pour 2020". Chez Orange, on affiche un total de 94 points. Le groupe Casino France, quant à lui, indique un score de 88.
Dans le détail...
En ce qui concerne le groupe Casino France, on arrive à 88 points. Au sein de ce groupe figurent notamment la marque Monop' (94 points), l'unité économique et sociale Monoprix (98 points) et aussi Samada, la filiale logistique de Monoprix (84 points). Des notes pas si mauvaises, donc, qui demeurent toutes, en moyenne, largement au-dessus de la ligne rouge fixée par la loi.
Mais alors, ça veut dire quoi ? Que tout va bien sous le soleil des inégalités salariales ? Pas sûr... Car en y regardant de plus près, des différences flagrantes se font jour. Le problème, c'est que la majorité des entreprises contactées par LCI n'ont pas souhaité délivrer leur note en détail.
ArcelorMittal a toutefois joué le jeu. Le groupe se targue, par voie de communiqué, "de bons résultats grâce à des plans d'action volontaristes". Et affiche ainsi, sur ses trois entités de plus de 1.000 salariés en France, les scores respectifs de 89 points (Atlantique et Lorraine), 83 points (Méditerranée) et 73 points (Industeel). Il se vante également d'un écart de rémunération réduit à 1% à profil équivalent, entre les femmes et les hommes. Pourtant, dans le détail, un chiffre attire l'attention : parmi ses salariés, ArcelorMittal ne compte que 14,5% de femmes. Parmi ces femmes salariées, elles ne sont que 14% à évoluer sous le statut de "manager". Sous les scores relativement bons affichés, de grandes différences persistent.
Hauts salaires : où sont les femmes ?
Même constat chez Schmidt Groupe. La marque se félicite d'obtenir un score de 94 points. En matière de suppression des écarts de salaires, le groupe affiche un total de 39 sur 40. Un 20/20 sur les augmentations annuelles, un 15/15 sur l'accès aux promotions ainsi qu'à la mise à niveau du salaire au retour du congé maternité. Mais quand il en vient à la présence de femmes parmi les hauts salaires, le bât blesse : la note est de 5/10. Ce qui n'empêche pas, là encore, au groupe d'obtenir une très bonne note globale.
Enfin, allons voir du côté de chez Auchan. Le groupe Auchan Retail France affiche une note globale de 88 points et délivre le détail de ses six entités de plus de 1000 collaborateurs. Là, les notes oscillent entre 89 points pour Auchan Hypermarché... et 69 points pour le Chronodrive. Surtout, l'entreprise, transparente sur le sujet, admet que les femmes ne représentent que 40% de l'encadrement, "ce ratio étant plus faible sur les postes à responsabilité". Et ce, malgré un groupe très féminisé (52% de femmes).
Un barème très progressif
Quand on regarde dans le détail, donc, tout n'est pas si rose. Et malgré le fait que de profondes dynamiques visiblement inégalitaires restent à l'oeuvre, les notes sont correctes pour tout le monde ou presque. Un constat qui n'étonne pas du tout Sophie Binet, co-secrétaire générale de la CGT Cadres/Tech, en charge de l'égalité femmes-hommes. Pour elle, les dés étaient pipés dès le départ. "En décembre dernier déjà, quand le gouvernement a publié son décret, nous avions souligné les problèmes. Mais le barème n'a pas été amendé pour autant" explique-t-elle à LCI. "On savait que les modalités proposées permettraient à la plupart des entreprises d’obtenir des bonnes notes, ce qui rendrait invisibles les écarts de rémunération. C’est scandaleux."
Sophie Binet voit ainsi deux problèmes principaux à la méthode proposée par Muriel Pénicaud, ministre du Travail, qui ne permet pas de refléter la réalité des écarts au sein des entreprises. D'abord, un barème très progressif. "Les entreprises gagnent 40 points s'il n'y a pas de différence de salaire. Mais ensuite, ils perdent un point par point d'écart. Ce qui veut dire qu'ils peuvent afficher un score de 30 sur 40 s'il existe 10% d'écart dans les salaires. (ndlr : les entreprises perdent en réalité deux points à partir de 7% d'écart de salaire et n'en perçoivent aucun à partir de 20% d'écart de salaire)"
Second problème, un "seuil de tolérance" bien trop clément, selon la syndicaliste, qui peut s'élever jusqu'à 5%. "En clair, si les entreprises remarquent une différence de 20%, elles peuvent n'en déclarer que 15." Voilà comment la plupart des grandes entreprises françaises peuvent afficher une belle communication autour du thème de l'égalité, alors même que des écarts significatifs sous susceptibles de persister entre leurs salariés femmes et hommes, à profil équivalent.
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