90 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2020, contre 146 en 2019

Publié le 2 février 2021 à 13h53, mis à jour le 2 février 2021 à 13h58
Collage d'un collectif anti-féminicide à Paris
Collage d'un collectif anti-féminicide à Paris - Source : Christophe ARCHAMBAULT / AFP

SOCIÉTÉ - Le nombre de féminicides perpétrés en 2020 est nettement moins important que lors de l'année précédente, a indiqué mardi 2 février le ministre de la Justice, confirmant l'évaluation de l'AFP vendredi 29 janvier.

90 féminicides ont été recensés en 2020, a indiqué mardi 2 février Éric Dupond-Moretti. Des résultats "trop modestes" mais "porteurs d'espoir", a jugé le garde des Sceaux dans une vidéo postée sur sa page Facebook, qui a précisé qu'au total, "106 crimes [conjugaux] ont été perpétrés". Ces chiffres viennent confirmer ceux donnés par l'AFP vendredi 29 janvier, qui en avait compté 88 de son côté. Ce serait même la première fois depuis 2006 que le nombre de femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint resterait sous la barre des 100. À titre indicatif, pas moins de 146 féminicides (+25 par rapport à 2018) avaient été dénombrés en 2019.

Du côté des associations, la prudence était de mise face à ces chiffres. Il est "trop tôt pour acter une tendance à la baisse car ça peut remonter l'année prochaine", souligne par exemple la Fondation des femmes. Un positionnement d'autant plus compréhensible que l'actualité de ces derniers mois a été marquée par des cas retentissants de meurtres de femmes dans un cadre conjugal. Cécile, tuée en décembre près de Paris par son ex-mari, malgré le dépôt de dizaines de plaintes. Vanessa, abattue en mars devant ses deux filles par son concubin dont elle était en train de se séparer. Sandy, mère de quatre enfants, brûlée vive en novembre dans une voiture par son compagnon.

Une dizaine d'affaires écartées

Stade ultime des violences subies par plus de 200.000 femmes par an, les féminicides ont connu une forte augmentation ces dernières années. D'après le décompte établi par l'AFP, environ 88 femmes* avaient été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en 2020. Le collectif "Féminicides par compagnon ou ex" recense de son côté environ 100 cas, certaines ayant été écartées par l'AFP. L'agence s'en était expliqué : une dizaine d'affaires ont été écartées "car l'autopsie a révélé une mort naturelle, l'enquête a montré que la femme et son meurtrier n'avaient jamais eu de relation intime, ou le couple avait annoncé dans une lettre commune son intention de mourir ensemble". Le ministère de la Justice confirme, lui, une "baisse substantielle" des féminicides en 2020 par rapport à 2019, sans dévoiler de chiffre.

Ce bilan provisoire pourrait cependant compter quelques cas de plus, certaines affaires restant en suspens par manque d'éléments, d'autres n'ayant pas été dévoilées par les autorités.

"Un suivi plus précis" et de nouvelles mesures

Le gouvernement a commencé à comptabiliser les féminicides en France en 2006. Depuis, différents dispositifs ont été mis en place pour tenter d'en faire baisser le nombre. L'an passé, la Chancellerie a demandé pour la première fois des "remontées systématiques d'informations" aux parquets généraux pour chaque homicide conjugal, afin d'avoir "un suivi plus précis" de ces meurtres et "évaluer l'impact des mesures du Grenelle". Ledit grenelle avait abouti fin 2019 à une quarantaine de mesures, parmi lesquelles le déploiement de bracelets anti-rapprochement pour les conjoints ou ex-conjoints violents ou des "retours d'expérience" entre professionnels concernés après chaque féminicide. Tous ces dispositifs demeurent encore insuffisants, du moins selon les associations qui demandent par exemple la réelle application de la mesure de réquisition des armes à feu d'un conjoint violent dès la première plainte. 

Si les féminicides n'ont pas particulièrement baissé durant les confinements, le contexte de crise sanitaire a entraîné la mise en place de précautions supplémentaires. Pendant le confinement, "il y a eu un discours politique fort contre les violences intrafamiliales, les forces de l'ordre se déplaçaient systématiquement et les dossiers passaient en priorité dans les tribunaux", explique ainsi Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes. 


Maxence GEVIN

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