PROPOSITION - Frances Haugen a plaidé mercredi devant les députés français pour des réseaux sociaux débarrassés des mécanismes "d'hyper-amplification" qui alimentent la désinformation et la propagation de contenus haineux.
"Nous pouvons remettre les réseaux sociaux à l'échelle humaine". La lanceuse d'alerte de Facebook, Frances Haugen, a estimé mercredi devant les membres de la commission des Lois et de la commission des Affaires économiques qu'il est possible de "revenir en arrière jusqu'en 2008 ou 2009, où notre fil d'actualité était constitué de contenus générés par nos amis" et où "on ne parlait pas de détruire la démocratie".
"Facebook a mené des expériences là-dessus ces dernières années : si votre famille et vos amis constituent une plus grande partie de ce que vous voyez, vous avez moins de discours haineux, moins de polarisation, moins de nudité, moins de violence", a-t-elle expliqué.
"Usines à variants"
Frances Haugen a notamment pris pour cibles les grands groupes sur Facebook, qui peuvent compter des millions de membres. Selon elle, Facebook pousse délibérément les utilisateurs à rejoindre ces grands groupes, parce qu'ils permettent un renouvellement infini des contenus, pour river l'utilisateur sur son fil d'actualité.
Or, ces groupes sont comparables à de véritables "usines à variants", où les "plus extrêmes" des contenus sont sélectionnés pour être poussés vers des millions de personnes, a-t-elle regretté. Frances Haugen, qui s'est déjà exprimée en Europe, notamment au Web Summit de Lisbonne et au Parlement européen, a plaidé une fois de plus pour que Facebook soit contraint de rendre publiques les données qu'il détient sur l'utilisation de son service.
"Problèmes" d'hyper-amplification
"Facebook nous dit qu'il est au courant des problèmes" d'hyper-amplification de contenus problématiques, "mais nous n'avons jamais accès aux données qui nous permettraient d'estimer les progrès qui sont faits" pour y remédier, a-t-elle déploré. Facebook devrait être contraint de les fournir "toutes les semaines", à "10.000 paires d'yeux", à des chercheurs ou des spécialistes des algorithmes qui pourraient évaluer les choses, plaide-t-elle.
La lanceuse d'alerte de Facebook a par ailleurs salué la volonté des députés français de renforcer la protection des lanceurs d'alerte, dans une proposition de loi qui va bientôt être examinée dans l'hémicycle.
"Toute forme de soutien que vous donnerez aux lanceurs d'alerte sera bénéfique", a-t-elle dit.
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