Un été meurtrier à Marseille

À Marseille, la fermeture temporaire d'un site universitaire envisagée à cause du trafic de drogue

par T.G.
Publié le 4 octobre 2023 à 13h05, mis à jour le 4 octobre 2023 à 21h48

Source : JT 20h WE

Le président de l'université Aix-Marseille a décidé de fermer temporairement un bâtiment face à l'insécurité grandissante liée au trafic de stupéfiants.
Un choix radical qui a poussé la préfète de police à convoquer ce mercredi une réunion avec des représentants de la faculté et de la ville, annonçant "une présence policière permanente et renforcée" autour du site.
Alors que la tenue des cours en distanciel était envisagée, ceux-ci devraient finalement pouvoir avoir lieu normalement.

L'impossibilité d'étudier à cause des dealers. Telle est la situation à laquelle des centaines d'étudiants pourraient être confrontés à Marseille. Face à l'insécurité grandissante liée au trafic de drogues, l'Université d'Aix-Marseille a décidé de fermer temporairement un site au centre de la cité phocéenne.

C'est le président de l'université, Eric Berton, qui a annoncé la nouvelle dans une lettre adressée au préfet et à la préfète de police des Bouches-du-Rhône, ainsi qu'à la procureure et au maire de la ville. "Comme vous le savez, après des mois d'inquiétude et d'alerte, le doyen de la faculté d'économie et de gestion du site Colbert à Marseille a pris la décision de fermer l'accès à ce bâtiment aux étudiants et aux personnels, faute de pouvoir assurer leur sécurité", écrit le président.

"Présence policière permanente"

La décision universitaire a conduit la préfète de police Frédérique Camilleri à convoquer mercredi après-midi une réunion avec des représentants de l'université et de la ville de Marseille, à l'issue de laquelle elle a annoncé "une présence policière permanente et renforcée dès aujourd'hui", avec "également des patrouilles élargies autour de ce secteur"

"Des mesures concrètes et pérennes qui vont rassurer les collègues qui ont le sens du service public et sont très investis sur les lieux", a réagi Eric Berton, "persuadé que les étudiants pourront reprendre très rapidement les cours en présentiel". Une décision des personnels enseignants devait toutefois encore intervenir en ce sens.

Selon nos informations, la situation s'est dégradée au cours de l'été. Depuis la mi-août, près de 20 personnes ont été interpellées dans ce secteur, situé à quelques minutes à quelques encablures du Vieux-Port. Au total, 42 opérations de CRS ont été menées dans le quartier. 

Le phénomène semble difficile à endiguer : depuis le début de l’année, une augmentation de 71% des interpellations pour trafic dans le centre-ville a été recensé par la préfecture. Cette dernière a aussi indiqué qu'une "opération d'enlèvement de points de deal" avait eu lieu la semaine dernière et que "tous les moyens sont déployés" pour améliorer la situation, proposant au président de l'Université de le rencontrer "rapidement".

Si les autorités travaillent de concert pour reprendre le terrain, notamment en ayant envoyé des CRS sur le secteur en complément des effectifs locaux présents tous les jours, la situation était intenable selon les personnes concernées. "Il y a un point de deal qui a beaucoup grossi cet été. Toute la journée, on les entend crier pour vendre leur marchandise, c'est comme des poissonniers", a témoigné un des membres du personnel du site. "Avant, il y avait du deal mais c'était plus discret", abonde à l'AFP un de ses collègues, "très attaché à ce site qui a toujours été dans ce quartier populaire", avec des étudiants venant aussi de milieux populaires.

La cité portuaire, confrontée depuis des décennies au trafic de drogue, fait face depuis le début de l'année à une vague de règlement de compte. Plus d'une quarantaine de personnes ont été tuées cette année dans les guerres de territoires entre trafiquants, la procureure évoquant un "bain de sang".


T.G.

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