#BALANCETONPORC - La fille de l'ex-ministre d'ouverture de Nicolas Sarkozy, Alexandra Besson, alias Ariane Fornia a accuse jeudi l'ex-ministre de la Défense et de l'Intérieur de François Mitterrand de l'avoir agressée sexuellement lors d'un concert à l'opéra. Contacté par LCI, ce dernier "dément formellement" les accusations et se dit "abasourdi".
Elle écrit sous le pseudo de Ariane Fornia, mais son vrai nom est Alexandra Besson. Elle est la fille de l'ancien ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire Eric Besson et, mercredi 18 octobre, elle a ajouté sa voix à celle des autres femmes qui évoquent les agressions sexuelles, le harcèlement et les viols dont elles ont été victimes. Ariane Fornia raconte, dans un billet de blog, trois histoires. Elle décrit d'abord comment, à l'âge de treize ans, son copain de l'époque insiste pour qu'ils couchent ensemble alors qu'elle n'en a pas envie, qu'elle dit "non" et préférerait qu'ils "gardent leurs vêtements". Elle raconte ensuite comment, à dix-neuf ans, dans le métro, après que son chemisier a craqué au niveau de sa poitrine, un homme s'approche d'elle et la colle, le sexe en érection.
Enfin, elle dévoile dans son blog comment, à l'Opéra, un "ancien ministre de Mitterrand, membre de plusieurs gouvernements, qui a occupé des fonctions régaliennes, qui est une grande figure de gauche, décoré par l'Ordre national du mérite et de plusieurs Ordres européens" prend place à côté d'elle. Et l'agresse sexuellement, à plusieurs reprises. "
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Il glisse sa main à l'intérieur de ma cuisse
Ariane Fornia
"Son épouse est là. La représentation commence. Et au bout de dix minutes, le vieux monsieur a sa main sur ma cuisse, détaille-t-elle. Je me dis qu'il est doit être très âgé, perturbé. Je le repousse gentiment. Il recommence. Rebelote. Une troisième fois. Il commence à remonter ma jupe. Il glisse sa main à l'intérieur de ma cuisse, remonte vers mon entrejambe. J'enlève sa main plus fermement et je pousse un cri d'indignation étouffé, bouche fermée. Tout le monde me regarde. Il arrête. Dix minutes plus tard, il recommence. Je lui plante mes ongles dans la main. C'est un combat silencieux, grotesque, en plein opéra Bastille."
L'agression ne prend fin que lorsque son père la rejoint à l'entracte et qu'Ariane peut changer de place. Elle ne dévoilera pas le nom de cet homme politique éminent et, après en avoir discuté avec son père, a décidé de n'entreprendre aucune démarche juridique. Mais elle insiste : "Cette fois-là, j'ai compris que ça pouvait arriver à n'importe quelle femme, dans n'importe quelle circonstance, que personne n'était à l'abri." Aujourd'hui, elle espère que la prise de parole des femmes sur ces sujets, via les hashtag #balancetonporc ou #moiaussi, marque "le grand soir de la cause féministe, le séisme qui ébranlera enfin le vieux monde misogyne".
Pierre Joxe "abasourdi"
A L'Express, qui lui soumet l'identité de cet ancien ministre, elle confirme qu'il s'agit de Pierre Joxe, ex-ministre de l'Intérieur et de la Défense, et membre du Conseil constitutionnel dans les années 2000. "J'ai eu peur de donner son nom, peur de mettre en cause un homme très respecté, qui a occupé les plus hautes fonctions de l'Etat." Contacté par LCI, Pierre Joxe s'est dit "abasourdi" et a démenti "formellement" ces accusations. "Ce battage invraisemblable me choque beaucoup et je confirme que les allégations me concernant sont fausses", assure le membre du Conseil constitutionnel, figure de la mitterrandie dans les années 80, dans un communiqué transmis à l'AFP dans l'après-midi. "Je m'exprimerai plus longuement à ce sujet et par écrit la semaine prochaine après avoir pris le temps d'analyser les tenants et aboutissants de cette affaire", ajoute-t-il dans sa déclaration à l'AFP.
Eric Besson ne s'exprimera plus "sauf devant un juge"
Vendredi, sur Twitter, Éric Besson a assuré que "(sa) fille disait vrai". "Et je la soutiens. Mais je ne m'exprimerai plus, sauf devant un juge", a ajouté l'ancien ministre. La veille, il avait expliqué à L'Express qu'il avait été "fou de rage, absolument fou de rage".
Je vais vous suivre. Mais pas d'itw. Désolé. Ma fille dit vrai. Et je la soutiens. Mais je ne m'exprimerai plus , sauf devant un juge. https://t.co/hzh1Y07NXJ — Eric Besson (@EricBessonFr) 20 octobre 2017
"J'ai envisagé d'aller attendre Joxe en bas de chez lui pour lui casser la gueule, et puis j'ai entendu les inquiétudes de ma fille, dans une situation qui était compliquée politiquement pour moi et dont elle souffrait. On s'est tu", racontait-il à l'hebdomadaire.