RÉACTION - Le procureur de Paris a décidé de classer sans suite l'enquête pour agressions et harcèlements sexuels visant le député Denis Baupin. En cause : la prescription des faits. Annie Lahmer, militante écologiste qui s'est déclaré victime de Denis Baupin, estime, auprès de LCI, qu'il s'agit malgré tout d'une victoire.
L'affaire en restera donc là. L'enquête visant le député ex-écolo Denis Baupin pour agression sexuelle et harcèlement a été classée sans suite, ce lundi 6 mars, par le procureur de la République de Paris, en raison de la prescription des faits. Mais par voie de communiqué, le parquet a pris soin d'ajouter, tout en constatant l'impossibilité de continuer les poursuites, qu"'à l'issue de l'ensemble des investigations, il apparaît que les faits dénoncés, aux termes de déclarations mesurées, constantes et corroborées par des témoignages, sont pour certains d'entre eux susceptibles d'être qualifiés pénalement."
Une précision de taille, qui selon Annie Lahmer, l'une des quatre femmes politiques à avoir pris la parole dans ce dossier, apporte un grand crédit aux déclarations des victimes. Contactée par LCI quelques instants après l'annonce du parquet, l'ex-salariée des Verts et conseillère régionale en Ile-de-France exprime malgré tout une certaine satisfaction : "L'affaire a été classée sans suite, on s'en doutait. Mais on voit bien dans les propos du procureur qu'il n'y a aucun doute quant aux faits dénoncés. Quelque part, pour moi, c'est une victoire quand-même."
C'est bien la preuve qu'il faut parler. Notre parole a quand-même gagné
Annie Lahmer
Elle poursuit : "Grâce à la nouvelle loi sur l'allongement des délais de prescription des crimes sexuels, les faits subis par certaines d'entre nous ne seraient pas prescrits aujourd'hui. C'est bien la preuve qu'il faut parler. Notre parole a quand-même gagné." Mais alors, quel message envoie ce classement sans suite aux harceleurs, aux agresseurs présumés ? Là encore, Annie Lahmer estime que le signal est fort. "Cela veut dire que le libertinage incompris n'existe pas, que 'non', c'est 'non'. Que dans tous les lieux où le respect entre chacun et chacune existe, il faut mettre au placard ce genre d'attitudes."
En mai 2016, au moment où le scandale a éclaté, Annie Lahmer avait livré un témoignage puissant. Et avait déclaré, à visage découvert, que Denis Baupin lui "courait après autour d'un grand bureau". "Au bout d'un moment, je me suis arrêtée et je lui ai dit 'Denis arrête, bah saute au-dessus du bureau' et il m'a dit 'j'en suis capable'. Je lui dis 'Ecoute, on ne veut pas coucher avec toi, donc tu ne dis plus bonjour'. Et là, il m'a pointée du doigt en disant : 'Eh bien Annie, tu n'aurais jamais de poste dans le parti'".
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