Affaire du vaccin Meningitec : "C'est simple, on avait un enfant, maintenant on en a un autre"

Anaïs Condomines
Publié le 2 mars 2016 à 11h58
 Affaire du vaccin Meningitec : "C'est simple, on avait un enfant, maintenant on en a un autre"

TEMOIGNAGE – Ce mercredi 2 mars au tribunal de Clermont-Ferrand, les juges examinent une nouvelle série de dossiers de patients se disant victimes du vaccin Meningitec. Comme 580 familles, Camille, maman d’un petit garçon malade, cherche aujourd’hui à obtenir la vérité. Aujourd'hui, nous republions son témoignage, qu'elle avait confié à "metronews" au mois de janvier.

Des centaines de patients ont-ils été contaminés par des lots de vaccin défectueux ? C’est ce que devra déterminer une nouvelle série d’experts pédiatres et toxicologues, nommés ce 2 mars par le tribunal de Clermont-Ferrand, dans le cadre de l’affaire Meningitec. Car pour 580 familles aujourd’hui, le doute est bien présent. Depuis l’injection, un grand nombre de personnes vaccinées au Méningitec – pour l’essentiel de jeunes enfants – souffrent de maladies auto-immunes. En clair : leurs défenses immunitaires sont en berne, cédant la place à d’étranges symptômes. La faute à des métaux lourds qui, selon ces patients, se seraient glissés dans les seringues.

Camille, 37 ans, fonctionnaire de police en région parisienne, vient elle aussi d’ajouter son nom à la longue liste des plaignants. Si elle accepte aujourd’hui de témoigner auprès de metronews, c’est que son petit dernier, trois ans à peine, est en pleine crise. "Toutes les trois semaines exactement, Paul (le prénom a été changé, ndlr) attrape des fièvres violentes et inexpliquées, des diarrhées, des problèmes de peau et de sommeil. Des troubles de la personnalité et de l’alimentation, aussi" décrit la maman, qui se sent bien impuissante. "Ça arrive sans raison et ça dure de 4 à 8 jours."

"J’ai cru qu’il était possédé"

Le cauchemar, pour Camille, commence en 2014, à la veille d’un voyage en Tunisie. "La pédiatre nous a conseillé de vacciner notre enfant au Meningitec". Quelques jours plus tard, le petit est pris d’une violente crise. "Il avait le visage déformé, tous les muscles du corps tendu. Pendant une heure, il a essayé de s’arracher les yeux. J’ai cru qu’il était possédé", poursuit la mère de famille. Cette réaction, que les médecins appellent "hypertonie généralisée", est la première d’une longue série. Car depuis ce jour-là, Camille l’assure, son fils n’est plus le même. "C’est simple. On avait un enfant, maintenant on en a un autre".

Trois semaines d’hospitalisation plus tard, les médecins diagnostiquent à son fils une maladie auto-immune : des fièvres auto-inflammatoires. Mais c’est en cherchant des réponses sur Internet que Camille se rend à l’évidence. Des groupes de discussion décrivent, dans les moindres détails, les symptômes de son fils. Qui toujours, interviennent après un vaccin au Meningitec. Un coup d’œil au carnet de santé, et la maman ne tarde pas à découvrir que son petit a été vacciné avec un lot frelaté. "Ni mon médecin, ni la pharmacie, ne m’ont prévenue" déplore-t-elle.

"Défaut de qualité"

Alors quel est le problème du vaccin Meningitec ? Une seule certitude : A la suite d’un contrôle qualité, le laboratoire CSP (Centre Spécialités Pharmaceutiques) est dans l’obligation de retirer plusieurs lots de la vente. Emmanuel Ludot, l’avocat des familles, confirme à metronews que des tests capillaires – non reconnus en France – mettent alors en évidence des traces de plomb et d’aluminium dans l’organisme des enfants vaccinés.  "Pour moi, le problème ne concerne pas que quelques lots frelatés. Il concerne plus largement le vaccin Meningitec. Mais les pouvoirs publics sont complètement dépassés sur la question. Ce sont les laboratoires pharmaceutiques qui ont la main sur cette affaire" ajoute celui qui compte bien porter également ce "scandale sanitaire" devant les tribunaux italiens, où une procédure similaire est en cours.

Autre acteur de ce dossier : l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). C’est elle qui décide, en 2014, le retrait des lots porteurs d’un "défaut qualité". Contactée par metronews, elle nous renvoie vers une note rédigée en décembre 2015 , destinée à préparer sa défense. L’agence reconnait alors la détection de rouille "sur une partie du bouchon de la seringue qui n’était pas en contact avec la solution vaccinale". Dans un seul cas, la particule de rouille est retrouvée dans la solution vaccinale, "mais ce lot n’a pas été commercialisé". Et précise, formelle, que "les quantités de métaux retrouvés sur les bouchons ne sont pas de nature à engendrer un risque pour la santé" des personnes vaccinées. Quant au laboratoire CSP, il ne souhaite pas "communiquer pour le moment". La justice, qui n’en est pour l’heure qu’aux balbutiements de l’affaire Meningitec, devrait apporter des réponses au terme d’une longue et complexe procédure.
 

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Anaïs Condomines

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