POLÉMIQUE - Mis en cause pour son absence de réaction face aux propos de l'écrivain Gabriel Matzneff détaillant ses aventures sexuelles avec des mineures sur le plateau de l'émission Apostrophe en mars 1990, Bernard Pivot a réagi brièvement ce vendredi. Une phrase qui suscite, depuis, d'innombrables de commentaires hostiles.
La vidéo mise en ligne par l'Ina est proche des 500 000 vues sur Twitter. Et s'accompagne d'innombrables commentaires scandalisés. Mars 1990 : l'écrivain Gabriel Matzneff qui approche alors les soixante ans, est invité sur le plateau d'Apostrophe, émission littéraire animée par Bernard Pivot. Il est convié pour parler de la publication de "Mes amours décomposés", un nouveau tome de son journal intime, dans lequel l'auteur décrit sans rougir son attirance pour les (très) jeunes filles et garçons.
Cet extrait a été republié à l'occasion de la sortie - le 2 janvier prochain - du livre "Le Consentement" dans lequel l'éditrice Vanessa Springora témoigne de sa relation toxique avec l'écrivain Gabriel Matzneff lorsqu'elle n'avait que 14 ans.
Une scène ahurissante selon les internautes
Gabriel Matzneff n'a jamais caché ses attirances pour les adolescentes, comme sur le plateau d' "Apostrophes", en 1990. Vanessa Springora publie un livre, "Le consentement", dans lequel elle décrit l'emprise qu'il a exercé sur elle dans les années 80 quand elle était mineure. pic.twitter.com/T2l2xyEsmC — Ina.fr (@Inafr_officiel) December 26, 2019
Pas gêné le moins du monde par la teneur du récit, Bernard Pivot demande d'abord à l'écrivain pourquoi il s'est "spécialisé dans les lycéennes et les minettes", rappelant tout sourire que "au dessus de vingt ans on voit bien que cela ne vous intéresse plus". Visiblement amusé par les réponses de son interlocuteur - qui déclare sans sourciller que les adolescentes sont "plus gentilles"- Bernard Pivot enchaîne : "Mais pourquoi les collectionner autant ?" puis lit plusieurs passages bien choisis du livre : "quelles bousculades à ma porte et à mon lit", "j’ai présentement 12 maîtresses régulières que je dois honorer", "j’ai une écurie de jeunes amantes", etc. Gloussements généralisés sur le plateau.
Si la scène parait hallucinante aujourd'hui, en mars 1990, la seule personne outrée sur le plateau est la romancière québécoise Denise Bombardier. "Je crois que je vis actuellement sur une autre planète (...), moi monsieur Matzneff me semble pitoyable. Dans ce pays la littérature sert d’alibi à ce genre de confidences. Ce que nous raconte monsieur Matzneff c'est qu'il raconte qu'il sodomise des petites filles de 14 ans, 15 ans. (...) Ce que l'on ne sait pas c'est comment ces petites filles s'en sortent-elles ?", déclare-t-elle alors dans un laïus destructeur, bien seule face à un parterre d'invités conquis par le charme de l'écrivain à succès. Seule réponse : "Ne soyez pas si agressive", "vous avez de la chance que je sois bien élevé" ou encore "Je vous interdit de porter ce genre de jugement" de la part de Gabriel Matzneff. Suite à cette intervention, toute l'élite littéraire s'en prendra à Denise Bombardier, accusée d'être "agressive", voire "mal-baisée".
Bernard Pivot fait référence à "l'époque"
Si aujourd'hui, l'intervention courageuse de Denise Bombardier est largement saluée, celle, au contraire, de Bernard Pivot suscite sur les réseaux sociaux un torrent d'indignation. Ce dernier, a fini par réagir ce vendredi 27 décembre.
Dans les années 70 et 80, la littérature passait avant la morale; aujourd’hui, la morale passe avant la littérature. Moralement, c’est un progrès. Nous sommes plus ou moins les produits intellectuels et moraux d’un pays et, surtout, d’une époque. — bernard pivot (@bernardpivot1) December 27, 2019
Dans un tweet concis, l'homme de lettre explique que "dans les années 70 et 80, la littérature passait avant la morale, aujourd'hui la morale passe avant la littérature". S'il estime que "moralement, c'est un progrès", l'animateur semble mettre la responsabilité sur les mœurs d'antan : "Nous sommes plus ou moins les produits intellectuels et moraux d'un pays, surtout, d'une époque".
Une réponse qui a, une nouvelle fois, provoqué d'innombrables commentaires indignés. "En 1990, certains faisaient la différence entre littérature et pédophilie. Quant à ceux qui, à l'époque, s’abritaient derrière la littérature, ils finissent aujourd’hui par se cacher derrière l’époque", a notamment répondu l'humoriste et chroniqueuse Sofia Aram.
"Je suis très triste pour Bernard Pivot car il m'a fait aimer les livres comme des millions de gens, a réagi la journaliste et chroniqueuse Françoise Degois sur LCI, déplorant que Bernard Pivot évoque la "morale". "Ce n'est pas la morale contre la littérature. Cela relève de la loi tout simplement."
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