Affiche contre les violences policières : la CGT se fait taper sur les doigts

Publié le 19 avril 2016 à 10h25
Affiche contre les violences policières : la CGT se fait taper sur les doigts

POLEMIQUE - "Choquant", "une honte". Le ministre de l'Intérieur et deux syndicats des forces de l'ordre s'insurgent contre une affiche diffusée en ligne par une organisation de la CGT, mentionnant : "La police doit protéger les citoyens et non les frapper". Ce mardi matin, concert d'indignations à droite et à gauche.

Une matraque, un insigne de CRS, une flaque de sang, et un slogan : "La police doit protéger les citoyens et non les frapper". Cette affiche, mise en ligne par une organisation de la CGT pour dénoncer les violences policières contre les jeunes a provoqué la colère lundi du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, de deux syndicats de policiers, mais aussi d'un certain nombres de responsables politiques, qui se sont copieusement indignés ce mardi matin. 

C'est le syndicat Info'Com, de la CGT, (salariés de l'information et de la communication), qui a publié le 16 avril cette affiche téléchargeable . Elle fait allusion aux violences policières dénoncées par certains jeunes manifestants. "Un pouvoir politique sur les dents et des forces de l'ordre qui font du zèle, on ne compte plus les excès de la police qui veut mater les jeunes qu'ils soient lycéens, étudiants… Ne laissons pas faire et ripostons si besoin à ces méthodes et le bruit des bottes ! ", écrit le syndicat sous l'affiche.

"Protéger, plutôt que de chercher à détruire" le "lien de confiance"

Un visuel qui a provoqué la colère de Bernard Cazeneuve : il met "gravement en cause la police nationale", a-t-il jugé lundi soir. Dans une lettre ouverte au secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, le ministre dénonce la "violence" d'une campagne "choquante". Le ministre, qui rappelle que plus de 18.000 policiers et gendarmes ont été blessés en 2015 et que 8 ont perdu la vie, assure que les forces de l'ordre sont "soumises à un contrôle étroit et exigeant" et il appelle à "protéger, plutôt que de chercher à détruire" le "lien de confiance entre la population" et les forces de sécurité.

Lundi, deux syndicats d'officiers de police avaient déjà protesté contre cette affiche. Pour le SCSI-CFDT (majoritaire chez les officiers de police), c'est une "affiche de la honte". "C'est faire injure aux milliers de policiers et gendarmes blessés ou tués dans l'exercice de leur fonction", a-t-il écrit, ajoutant se réserver le "droit de porter plainte".  Synergie (second syndicat) a évoqué un "appel abject à la haine" et à la "violence" contre les forces de l'ordre. Il a demandé au ministère de l'Intérieur de "déposer plainte contre cette campagne calomnieuse".

Indignation de la classe politique

Ce mardi matin, des responsables politiques de gauche et de droite sont montés au créneau. Interrogé sur France Info, le député (Les Républicains) Eric Ciotti a jugé cette affiche "scandaleu(se), indigne, honteu(se)". "Ce syndicat s'est discrédité. (...) A mesure que sa crédibilité diminue, il est contraint à la surenchère. Moi je demande très clairement ce matin au ministre de l'Intérieur de déposer plainte contre la CGT".

Même son de cloche chez le vice-président du Front national (FN) Florian Philippot, qui trouve cette affiche "immonde". Le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis a de son côté dénoncé mardi "une gauchisation" de la CGT, estimant que l'affiche du syndicat dénonçant les violences policières contre les jeunes "fait partie" de cette orientation.

Les tensions entre manifestants et policiers sont récurrentes depuis le début du mouvement contre le projet de loi travail, dans lequel les lycéens sont en première ligne, et plusieurs incidents ont eu lieu ces derniers jours dans des lycées d'Ile-de-France, occasionnant plusieurs dizaines d'interpellations. Un policier mis en cause dans une vidéo largement diffusée où on le voit frapper un lycéen à Paris en marge de manifestations contre le projet de loi travail, le 24 mars, doit être jugé en mai pour violences volontaires.

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La rédaction de TF1info

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