Agression d'Yvan Colonna : le parquet national antiterroriste se saisit de l'enquête, l'agresseur reconnait avoir voulu tuer le Corse

Publié le 3 mars 2022 à 15h04, mis à jour le 7 mars 2022 à 10h39
Yvan Colonna
Yvan Colonna - Source : ARCHIVES / AFP

Le parquet national antiterroriste (Pnat) annonce ce jeudi se saisir de l'enquête sur l'agression du berger corse.
Mercredi matin, un codétenu djihadiste de 36 ans l'a frappé et tenté de l'étouffer à la maison centrale d'Arles.
Yvan Colonna est depuis dans le coma. L'agresseur reconnait en garde à vue avoir voulu le tuer.

Au lendemain de l'agression du militant indépendantiste corse Yvan Colonna à la prison d'Arles par un codétenu condamné pour terrorisme, le parquet national antiterroriste (Pnat) annonce ce jeudi se saisir de l'enquête.

"Les circonstances des faits et les premiers éléments d'enquête qui semblent, en l'état, exclure un différend d'ordre personnel, motivent cette saisine", explique le Pnat dans un communiqué. Le Pnat ajoute que "par ailleurs", sa compétence "résulte également de l'exécution en cours d'une peine pour une infraction terroriste pour la personne mise en cause." L'enquête, initialement ouverte par le parquet de Tarascon pour tentative d'assassinat, est requalifiée en "tentative d'assassinat en lien avec une entreprise terroriste." La garde à vue du codétenu est toujours en cours et se poursuit désormais de ce chef.

Garde à vue toujours en cours

Jeudi matin, l'agresseur présumé,  Franck Elong Abé, était toujours entendu à Marseille par les enquêteurs de la PJ, en charge de cette enquête pour "tentative d'assassinat". "Il reconnaît être l'agresseur. Il est très taiseux. Il ne s'explique pas vraiment sur son geste. Il dit qu'il n'y avait pas d'animosité particulière avec Yvan Colonna ni aucun autre détenu", a déclaré  Me Benoît David, l'avocat de Franck Elong Abé. 

Interpellé en Afghanistan en 2012 par les Américains, ce Camerounais de 36 ans,  djihadiste, avait été remis à la France en 2014. Il purgeait une peine de neuf années d'emprisonnement pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme". Au moment des faits, il assurait un service d'entretien en qualité d'auxiliaire d'étage.

"Nous allons faire tout ce qu'il faut évidemment pour que la vérité soit faite", a promis sur France Inter le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Jeudi matin, l'état de santé d'Yvan Colonna, plongé dans un coma anoxique, était "stable", selon Me Spinosi, avocat de sa famille. 

Il reconnait "avoir voulu tuer" Yvan Colonna

Selon nos informations, Franck Elong Abé est présenté par plusieurs enquêteurs comme "très radicalisé," au profil psychiatrique lourd. Il n’a pas crié "Allah Akbar" et n’a pas pour le moment parlé de Colonna comme étant un mécréant.

 

En garde à vue, il reconnaît devant les agents de la Sous-direction anti-terroriste (SDAT) de la police judiciaire "avoir voulu tuer" l’ancien berger et il l’assume totalement. Outre cette déclaration, il est souvent mutique. Ile ne fournit pour le moment aucun mobile. "Il n'y avait aucun problème entre les deux détenus avant cette agression, assurent plusieurs surveillants. Ils se côtoyaient depuis un an environ en détention. Ils parlaient parfois ensemble et ils leur arrivaient de courir ensemble".

La scène de l’agression a été filmée par une caméra de surveillance. Les images ont été extraites et remises aux enquêteurs. Toujours selon nos informations, sur la vidéo (sans son), Il n’y a pas d'échange verbal entre les deux hommes, pas de bagarre. Franck Elong Abé apparait fonçant dans le dos d'Yvan Colonna, le rouer de coups au sol, l’étrangler avec son pied puis avec ses mains, avant de tenter de le tuer avec un sac plastique sur la tête. Trois minutes s’écoulent, c’est là que le suspect sort de la salle de sport (où l’agression a eu lieu) et prévient les surveillants en disant qu'Yvan Colonna a eu"'un malaise". Selon les enquêteurs qui ont vu la vidéo, Franck Elong Abé apparait sur les images comme "hyper déterminé, ultraviolent, comme enragé".

Conférence de presse dans les prochains jours

Les investigations sont confiées à la direction centrale de la police judiciaire, à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et à la sous-direction anti-terroriste de la direction centrale de la police judiciaire (service coordinateur).

Le procureur de la République antiterroriste, Jean-François Ricard, organisera une conférence de presse dans les prochains jours. La garde à vue du suspect peut durer jusqu'à 96 heures. Les enquêteurs devront tenter d'obtenir le mobile, et comprendre comment cette agression a pu se produire en plein jour pendant trois longues minutes, alors qu'Yvan Colonna est un "détenu particulièrement signalé" (DPS) et dont tous les mouvements sont censés être suivis.


Aurélie SARROT

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