CONSOMMATION - Après un épisode de gel d'une violence rare en avril, les pertes pour les arboriculteurs approchent par endroits les 100%. Une catastrophe aux conséquences directes sur les prix des fruits restants.
"La plus grande catastrophe agronomique du XXIe siècle." C'est ainsi que le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, avait qualifié l'épisode de gel qui a touché la France au début du mois d'avril. Avec les conséquences inhérentes, hélas.
Raphaël Martinez, qui dirige la filière nationale de Les Pêches et Abricots de France, estimait fin mai dans "Le Figaro" des pertes de production entre 60% et 70% pour les abricots et les cerises et autour de 30% pour les pêches. Un désastre pour les arboriculteurs dont la conséquence semble inévitable : la flambée des prix.
Le jour se lève sur les vergers 🇫🇷 après une nouvelle nuit de lutte antigel 🥶! Les températures atteintes laisseront des dégâts sur la future récolte. Petit Tour de France des vergers sur lesquels les arboriculteurs @VergersEcoResp ont veillé depuis hier soir. #FrAgTw @SergeZaka pic.twitter.com/MAJAXy9sCH — Josselin St-Raymond (@j_saintraymond) April 7, 2021
Pour Jean-Philippe Banc, responsable agricole à “La cerise du plateau” dans les Plats en Ardèche, les dégâts sont considérables : “On a des fruits qui ne vont pas jusqu’au bout. Ils sont tout-petits, déformés et ne chutent pas", déclare-t-il, avant de conclure que "ces cerises sont perdues." Conséquence, il vend ses cerises restantes à un euro plus cher le kilo.
Seulement, même en procédant ainsi, le maraîcher reste très largement déficitaire. “On n’arrivera jamais à compenser la perte de volume, parce que les charges sont quand même là. Les ramasseurs sont quand même là. Le peu qu’il y a, il faut le ramasser, il ne faut pas le laisser les fruits sur les arbres”, a-t-il ajouté. Idem pour les abricots qui se vendent en moyenne deux euros de plus qu'en temps normal.
Seuls les plus gros calibres ont survécu au gel
Connues pour leurs devantures colorées et leurs petits prix, les cabanes en bord de route sont, elles aussi, contraintes de revoir leur tarif. Comme l'explique Frédéric Moulin, responsable de la cabane Fred Producteurs à Le Crès dans l'Hérault, "on ne maîtrise pas les prix donc on est obligé de pratiquer des prix assez hauts parce que cette année, il manque environ 50% de production."
Les abricots sont passés à 5 euros le kilo contre 3,5 habituellement et les melons, qui normalement envahissent les rayons, manquent à l'appel. Ils sont vendus à 3,80 euros l'unité, un prix anormalement cher. Mais selon l'une des vendeuses, la tendance devrait s'inverser d'ici une dizaine de jours, avec l'arrivée tardive de la production. "Quand nous aurons nos produits, ce sera 5 euros les trois melons", affirme-t-elle.
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Une hausse des prix qui ne semble pas pour l'instant décourager les consommateurs, à l'instar de cette femme qui affirme au micro de TF1 "continuer à soutenir la filière et les beaux produits" de sa région ou encore de cet homme qui en achètera "un peu moins que d'habitude."
Seul point positif pour les consommateurs, la qualité des produits. Seuls les plus gros calibres ont survécu au gel, autrement dit les fruits les plus charnus. C'est ce qu'explique Mathilde Chambe, cogérante d'un primeur à Bessenay dans le Rhône, au micro de TF1 : "Comme il y en a moins sur les arbres, les cerises sont plus grosses donc c'est aussi pour cela qu'elles sont plus chères."