A LA LOUPE - Le ministre de l'Education Nationale a accusé une nouvelle fois la maire de Paris de ne pas faire le maximum pour ouvrir les écoles parisiennes à l'heure de la grève. Un service minimum à minima pour s'opposer au gouvernement, contrairement à la grève de 2013 lorsque Hollande était au pouvoir. Qu'en est-il ?
"J'observe qu'(Anne Hidalgo) fait plus le service minimum quand il y a des grèves sous des gouvernements qu'elle aime bien", a estimé Jean-Michel Blanquer ce mardi 10 décembre, au 6ème jour de grève contre la réforme du gouvernement. Le ministre de l'Education Nationale cite en contre-exemple la grève "sur les rythmes scolaires" survenue en 2013. A l'époque le gouvernement était de la même couleur politique que la maire de Paris.
"Il y a un service minimum qui n'est pas organisé, ou très peu organisé, par la mairie, donc il y a plus de troubles pour les Parisiens" a ajouté le ministre au micro de France Inter. Et d'assurer qu'à l'inverse, "aujourd'hui les perturbations en dehors du cas de Paris et de la région parisienne devrait être limitées".
. @jmblanquer évoque, à Paris, une mobilisation plus forte : "J'observe que @Anne_Hidalgo fait plus le service minimum quand il y a des grèves sous des gouvernements qu'elle aime bien" #EducationNationale #retraites #le79Inter @LeaSalame pic.twitter.com/7A9Cpz9Q8C — France Inter (@franceinter) December 10, 2019
Au premier jour de la grève, le 5 décembre, Jean-Michel Blanquer jugeait déjà qu'il n'était "pas normal que le service minimum d'accueil ne puisse être assuré que pour trois écoles dans Paris, dans toutes les autres régions de France on fait beaucoup mieux." Votée sous Nicolas Sarkozy en 2008, la loi sur le service minimum d'accueil ou SMA impose aux communes d'assurer l'accueil des enfants dans les écoles maternelles et primaires, lorsque l'on comptabilise plus de 25% d'enseignants grévistes. Pour cela, les mairies doivent mobiliser des agents municipaux.
Le premier adjoint d'Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, qui avait dit regretter jeudi une "tentative de détournement des responsabilités du gouvernement, pour le moins inélégante" ne comprend pas que le ministre "récidive". "Le ministre ment, martèle-t-il. C'est honteux de sa part."
En 2013, Anne Hidalgo n'était pas en poste
Tout d'abord, nous confie-t-il, la comparaison avec la grève contre la réforme des rythmes scolaires, votée en 2013, est pour le moins "baroque". Tout simplement parce qu'à cette date, Anne Hidalgo n'était pas à la tête de Paris et, bien que première adjointe au maire, elle était alors chargée de l’urbanisme et de l’architecture et non d'éducation.
Une critique qui n'a donc "aucun sens", juge Emmanuel Grégoire. Surtout, "il s'agissait d'une grève limitée aux enseignants. Là, nous avons en plus une grève du personnel municipal", ce qui limite les forces vives pour prendre en charge les enfants, à laquelle s'ajoute celle "des transports publics, ce qui crée les plus grands difficultés à notre personnel pour venir à leur poste." Pour tenter de trouver des solutions, "nous travaillons main dans la main avec le rectorat, donc les services du gouvernement", tacle encore le premier adjoint.
"Une loi inapplicable"
La loi sur le service minimum est selon lui "inapplicable en pratique". "Elle est conçue dans le cas d'une grève uniquement d'enseignement puisque l'Etat demande à substituer les professeurs grévistes par du personnel municipal".
En nous replongeant dans les données de l'époque, on peut également noter que, même sans prendre en compte ces explications, le nombre d'écoles ouvertes n'était pas si éloigné des taux actuels. On en comptait, le 22 janvier 2013, un peu moins de la moitié. Bertrand Delanoë avait d'ailleurs lui aussi été épinglé pour son manque de volonté à appliquer la loi sur le SMA. Il faut dire qu'il avait donné du grain à moudre à ses détracteurs, principalement des élus parisiens de l'UMP : au moment où cette mesure avait été votée, l'ancien maire l'avait jugé "contraire à la Constitution" et estimait qu'elle contribuait à "casser la grève des fonctionnaires".
Dans le détail, 372 écoles parisiennes avaient fermé, sur un total de 662 (avec un taux de grévistes de 85%), contre 398 sur 653 écoles le 5 décembre dernier, au pic de la grève (avec 78% de grévistes dans l'enseignement).
#grevedu5decembre Après Blanquer qui explique que s’il y a si peu d’école ouverte c’est la faute de @Anne_Hidalgo (78% de grévistes), Djebbari explique que s’il n’y a pas assez de bus macron c’est aussi la faute de la mairie. C’est moi ou il y a tentative de contre-feu du gvt ?🧐 — Barthelemy Bolo (@B2Bolo) December 5, 2019
"Une instrumentalisation politique"
La situation dans les écoles parisiennes s'est un peu adoucie en ce début de semaine. Ce lundi, seules 6 écoles sont restées portes closes, ce mardi, date à laquelle le nombre de grévistes est un peu remonté, on ne compte 66. "Nous faisons le maximum et en plus avec succès, souligne Emmanuel Grégoire. La critique de M. Blanquer est infondée d'un point de vue technique."
"Du point de vue politique, il s'agit d'une instrumentalisation", ajoute-t-il. Le premier adjoint estime qu'"il cherche à instiller le doute sur la responsabilité du gouvernement. Il cherche à faire croire que si les gamins n'ont pas école, ce n'est pas de sa faute à lui, membre du gouvernement, mais de la Ville".
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