Assurance-chômage : au-delà de la polémique, la vérité sur les chiffres

Publié le 12 octobre 2014 à 16h21
Assurance-chômage : au-delà de la polémique, la vérité sur les chiffres

DÉCRYPTAGE – Manuel Valls et ses ministres, à l'instar d'Emmanuel Macron dimanche dans le JDD, plaident pour une réforme de l'assurance-chômage. Au-delà des éternelles polémiques politiciennes, quelle est la réalité du problème ? Metronews décortique les chiffres.

Notre assurance-chômage est-elle trop généreuse ? Après les propos chocs de François Rebsamen appelant à un renforcement du contrôle des inscrits à Pôle emploi, puis ceux de Manuel Valls s'interrogeant la semaine dernière sur le montant et la durée de leur indemnisation , le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a à son tour jugé dans Le JDD qu'il ne devait "pas y avoir de tabou" face au déficit de "4 milliards d'euros" de l'assurance-chômage. Mais le sujet, sensible, s'accommode mal de déclarations à l'emporte-pièces. Metronews vous propose d'en faire le tour, chiffres à l'appui.

Les chômeurs sont-il indemnisés trop longtemps ?
Certes, la France est sur plusieurs points l'un des systèmes les plus généreux d'Europe. Il en va ainsi de la durée indemnisation, qui varie en fonction du temps durant lequel le chômeur a travaillé avant de venir grossir les rangs de Pôle emploi (un salarié ayant travaillé 10 mois recevra ainsi des allocations pendant la même période). Elle dure deux ans maximum - comme en Allemagne, mais là-bas 24 mois de cotisation ouvrent droit à seulement 12 mois d'indemnisation -, jusqu'à 36 mois pour les plus de 50 ans. Et pour en bénéficier, il faut avoir travaillé quatre mois sur les vingt-huit précédant la perte d'emploi, contre une année en moyenne chez nos voisins européens. Mais ces plafonds excluent beaucoup de gens  : les chômeurs en fin de droit, les jeunes diplômés qui n'ont encore jamais travaillé ou ceux qui ne l'ont pas suffisamment fait. Résultat, seule la moitié environ des plus de 5 millions de chômeurs du pays est indemnisée.

Des montants trop élevés ?
La France décroche la palme du plafond maximum d'indemnisation : jusqu'à 6 161,29 euros par mois. Mais le nombre de chômeurs l'atteignant, après avoir bénéficié de hauts salaires et donc cotisé davantage, ne représente en réalité que... 1600 personnes, selon l'Unedic. Le taux d'indemnisation est par ailleurs plus favorable aux bas salaires (75% du salaire brut) qu'aux salaires les plus élevés (57,4% du salaire brut). Si l'on reprend l'exemple de l'Allemagne, le chiffre y est comparable ( 60 à 67% du salaire de référence selon la situation familiale ). Au final en 2013, le ministère du travail avait calculé que les indemnisés au titre du chômage percevaient en moyenne 980 euros brut d'allocation mensuelle.

Sont-ils vraiment si nombreux à ne pas rechercher d'emploi ?
Les premiers résultats d'expérimentations sur un contrôle renforcé des chômeurs, menées par Pôle emploi dans quatre régions, ont relancé le débat la semaine dernière. Les Echos ont en effet révélé que 20 % des 2.600 chômeurs contrôlés à Toulon et Manosque ne cherchaient pas d’emploi. Mais ce chiffre est à prendre avec beaucoup de pincettes. Le journal a souligné que ces personnes ne répondant par à leurs obligations le faisaient plus souvent par découragement ou manque de savoir-faire que par volonté d'abuser du système. Et au total, seules 6,5% d'entre elles ont été radiées. Un chiffre plus proche des statistiques publiées l'an dernier par le médiateur de Pôle emploi , qui avait calculé, sur la base des plaintes reçues, que 90% des radiations seraient dues à des absences à convocation. Et seulement 2% à une insuffisance de recherche d'emploi. 


Gilles DANIEL

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