POLEMIQUE - Les gérants du restaurant le Grand Balcon, accusés sur les réseaux sociaux d'avoir refusé l'hospitalité à quatre jeunes filles qui voulaient se réfugier dans leur établissement, ont donné dans un post sur Facebook leur version des faits, "une situation d'incompréhension" selon eux. Retour sur une triste histoire.
"Un restaurant accusé (à tort ?) d'avoir fermé ses portes aux victimes", titrait samedi metronews en rapportant les attaques subies par le restaurant "Le Grand Balcon", à Nice, depuis l'attentat du 14 juillet sur la Promenade des Anglais. Les précautions prises entre parenthèses avaient leur importance si l'on en croit les précisions apportées depuis par Karine Marro, la gérante de l'établissement.
"Attaquée de toutes parts"
L'histoire était partie d'un post, supprimé après avoir été partagé des dizaines de milliers de fois, dans lequel une jeune fille affirmait s'être vue bloquer l'entrée de l'établissement avec trois amies, et même s'être fait "hurler dessus", alors qu'elles cherchaient à se mettre à l'abri du mouvement de panique suscité par le camion fou du terroriste. L'effet boule de neige avait été immédiat et vendredi, dans une vidéo partagée sur Twitter par une journaliste du figaro.fr, Karine Marro avait expliqué "vivre l'enfer", les menaces et insultes affluant jusque sur sa terrasse. "On a mis 200 personnes à l'abri, on a suivi les instructions de la police et du Raid de s'enfermer à l'intérieur, de garder les personnes à l'intérieur", affirmait-elle alors en se disant "attaquée de toutes parts".
Karine s'occupe d1 restaurant à Nice Accusée sur Fb d'avoir refuse des gens en fuite elle est victime de lynchage. pic.twitter.com/zk64GxmCzE — Eugénie Bastié (@EugenieBastie) 15 juillet 2016
Dimanche après-midi, sur une page Facebook créée pour riposter, Le Grand Balcon Nice Contre Sa Fermeture , la restauratrice et son mari ont développé leur argumentaire de défense. "Le 14 juillet soir, nous étions dans l'horreur et nous avons fait rentrer un maximum de personnes jusqu'au moment où un homme devant l'atrocité de ce qu'il avait vécu a perdu tout contrôle dans le restaurant et s'en ait pris physiquement aux clients. Seule l'intervention du GIGN a mis fin à ces attaques et la police nous a formellement demandé de ne plus ouvrir la porte", assurent-ils dans un post. Selon eux, les quatre jeunes filles qui se sont vues refuser l'entrée n'ont donc "pas compris" leur réaction, et toute la polémique n'est partie que de cette "situation d'incompréhension".
Les choses ne sont toutefois pas si simples selon Nice Matin, qui est revenu dans un long article sur la genèse de cette "polémique indécente" et sur "l'hystérie" qu'elle a suscitée sur les réseaux sociaux. Le journal a notamment recueilli des témoignages mettant en doute le fait qu'il y avait 200 personnes dans l'établissement au moment où les jeunes filles se sont vues refuser l'entrée, certains évoquant "80 à 100 personnes", et une femme de 26 ans qui s'y était réfugiée parlant de son côté d'une "trentaine" de gens présents sur place. La même femme donne également une version différente de l'histoire du client paniqué, "viré" selon elle "de manière brutale".
Le quotidien régional a par ailleurs retrouvé la jeune fille, Nina, qui s'était plainte sur Facebook. Elle explique avoir écrit ce post "dans un moment de colère et de tristesse", et l'avoir ensuite supprimé face à l'ampleur des réactions. "Dépassée" par cette histoire, elle assure ne pas avoir voulu "nuire" à l'établissement mais juge, selon Nice Matin, que "celui qui l'a empêché d'entrer a fait "une grosse erreur": "J'ai cru qu'on allait mourir".
Face à cette histoire aussi triste que complexe, "on ne peut désormais espérer qu'une seule chose : que tout se calme, dans un moment dramatique où les morts de la Promenade des Anglais devraient nous imposer silence et recueillement", conclut le quotidien régional.
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