Attentats de Paris : "L'objectif n'est pas de faire du rapport de la commission d'enquête le parfait manuel du djihadiste"

Publié le 12 juillet 2016 à 17h10
Attentats de Paris : "L'objectif n'est pas de faire du rapport de la commission d'enquête le parfait manuel du djihadiste"

TERRORISME - Le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats survenus les 7 et 9 janvier ainsi que le 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis a été mis en ligne ce mardi matin sur le site de l'Assemblée Nationale. Il revient notamment sur la chronologie des attaques, sur les moyens mis en œuvre pour y faire face et sur les mesures à prendre pour gérer au mieux d'éventuelles attaques. Son rapporteur Sébastien Pietrasanta revient sur ce document de plusieurs centaines de pages.

Le fait que le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats ait été rendu public ce mardi matin peut surprendre notamment en raison des détails et des noms qui y figurent. En quoi était-ce important ?
Nous sommes tenus de mettre ces rapports en ligne. Néanmoins, il faut savoir que les comptes rendus des personnes auditionnées sont relus par ces mêmes personnes. Il y a des éléments sur lesquels nous ne nous sommes pas attardés dans le rapport. Les informations les plus sensibles ont été enlevées. Je pense notamment au mode opératoire des services de renseignement, aux menaces particulières, aux méthodes d'infiltration… L'objectif n'est pas de faire du rapport de la commission d'enquête le parfait manuel du djihadiste, mais d'informer les victimes, leurs proches et nos concitoyens de ce qu'il s'est passé. 

N'y a-t-il pas quelque chose d'anxiogène dans cette publication accessible à tous depuis ce mardi ?
Pour nous, c'était très important de rendre public notre travail et nos conclusions. Il y aurait eu un côté encore plus anxiogène si ce rapport n'avait pas été dévoilé. Par ailleurs, nous devions cela aux victimes, à leurs familles, aux associations et à leurs représentants. Toutes ces personnes étaient en attente des conclusions. Que ce soit sur les faits, sur les dix attentats déjoués depuis janvier 2015 ou sur les 40 propositions que nous formulons, les Français devaient être mis au courant.

Vous avez entendu au total 190 personnes à l'Assemblée Nationale. A cela s'ajoutent les personnes entendues en province et à l'étranger, soit environ 300 personnes et 200 heures d'audition. Qu'en avez-vous retenu ?
Pour ma part, cela m'a permis de voir que dans une situation chaotique, nous avons eu des femmes et des hommes extrêmement professionnels , au niveau des secours, des policiers et des militaires, qui ont risqué leur vie et qui, par leurs actions, ont sauvé des dizaines de victimes. A partir de toutes ces auditions nous avons pu dresser une chronologie précise des attentats, chronologie détaillée et minutée, et établir clairement la manière dont ils ont été gérés. Figurent également dans le rapport les délais d'intervention des secours, qui ont été très réactifs. Il faut savoir qu'à un moment de la soirée, le 13 novembre, les pompiers et le Samu ont pu croire qu'il y avait une quarantaine de sites touchés à Paris, ce, parce que des blessés, notamment ceux des terrasses, avaient fui en empruntant des rues voisines. Certains ont pris des taxis et d'autres se sont rendus d'eux-mêmes dans les hôpitaux...

Avez-vous eu accès aux pièces judiciaires ?
Non. Nous n'avons pas eu accès aux procès-verbaux d'auditions. Nous n'avons pas non plus pu écouter les deux heures enregistrées par un ingénieur du son du Bataclan au moment des attentats, ingénieur qui voulait au départ enregistrer le concert. Chacun est dans son rôle. Nous avons fait ce rapport, la justice, elle, devra déterminer la responsabilité individuelle des différents protagonistes, des réseaux… 

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve l'a rappelé lundi lors de son bilan sur la sécurité de l'Euro 2016 qui s'est déroulé en France, la menace terroriste est toujours très présente ….
La réalité des faits est là. Chaque français en est conscient. On ne parle plus de semaines ou de mois, la menace terroriste sera présente sur une génération au moins. Ce n'est pas parce qu'on aura éradiqué Daech qu'on en aura fini avec le terrorisme. Le rapport insiste d'ailleurs sur le fait que Daech est certes l'ennemi public numéro 1, mais les deux branches d'Al-Qaïda, Aqpa et Aqmi, sont de plus en plus violentes et s'attaquent aux intérêts français en Afrique notamment. Aqpa a des moyens financiers conséquents…. Alors oui, la menace terroriste est présente, très présente et l'une des inquiétudes aujourd'hui notamment est la concurrence entre Daech et Al-Qaïda.

L'intégralité du rapport est à consulter ici

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La rédaction de TF1info

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