Au Danemark, la justice refuse de reconnaître le meurtre d'un jeune métis comme un crime raciste

par Pauline BLANC
Publié le 3 juillet 2020 à 20h01, mis à jour le 3 juillet 2020 à 23h44
Au Danemark, la justice refuse de reconnaître le meurtre d'un jeune métis comme un crime raciste

SOUPÇONS - Phillip Mbuji Johansen a violemment été tué fin juin au Danemark. Malgré les sympathies racistes revendiquées par l'un des accusés, la justice danoise refuse d'en faire une motivation du meurtre. La raison : la victime connaissait l'autre inculpé.

C’est un meurtre qui suscite beaucoup de débats au Danemark. Le mardi 24 juin, Phillip Mbuji Johansen, un ingénieur de 28 ans, a été retrouvé mort dans la forêt de l’île de Bornholm, à l’est de Copenhague. Quelques heures plus tard, la police a arrêté deux suspects, deux frères d’une vingtaine d’années (leurs noms et photos ne peuvent pas être dévoilés en raison de la loi sur les données personnelles en vigueur dans le pays). Ils ont avoué être les auteurs du meurtre présumé.

Le jeune homme, métis, à moitié tanzanien, aurait-il était victime d’un crime raciste ? C’est en tout cas ce que semble penser une partie de l’opinion publique en raison des sympathies racistes revendiquées par l’un des deux frères. 

 Comme le souligne The Copenhague Post, l’aîné a un svastika tatoué sur la jambe, soutient le parti d’extrême droite danois Stram Kurs (Ligne dure) et avait récemment posté sur sa page Facebook une bannière "White Live matters" (la vie des Blancs compte).

Ce sont aussi les circonstances du meurtre qui éveillent les soupçons. Dans l’acte d’accusation préliminaire, on peut lire qu’au moins un des agresseurs s’est agenouillé sur le cou de la victime. Un geste qui résonne avec celui de Derek Chauvin, responsable de la mort de Georges Floyd au Etats-Unis le 25 mai 2020.

La victime connaissait l'un des accusés

Et pourtant, ce n’est pas la piste que privilégie le parquet danois, qui l'a qualifiée ce vendredi 3 juillet d'"improbable". Car à en croire sa page Facebook, Philip Mbuji Johansen connaissait le frère cadet. Pour Bente Pedersen Lund, la procureure en charge du dossier, le fait que la victime et les auteurs présumés aient eu un tel lien écarte le motif racial. Pour elle, il s’agit plutôt d’une dispute "qui a très mal tourné". Les raisons pour lesquelles la piste d'un crime raciste n'est pas privilégiée n’ont pas été plus détaillées, conformément au secret de l'enquête.

Au Danemark, l’argument ne convainc pas une partie de l’opinion publique. Le porte-parole du collectif afro-danois, Roger Courage Matthisen, a ainsi déclaré : "Avec le racisme, il n'y a pas d'interrupteur on/off, et il est clair que les auteurs présumés ont de fortes connections nazies et racistes".

Des traces de torture

Les deux frères plaident coupable d’agression grave, mais pas de meurtre. L’acte d’accusation préliminaire stipule que de M. Johansen a été poignardé à plusieurs reprises, notamment à la gorge, et que son crâne a été brisé après avoir été frappé plusieurs fois par une poutre en bois.

En deux ans, les plaintes pour crime raciste au Danemark ont pratiquement doublé, passant de 140 à 260, selon le Conseil de prévention des crimes.


Pauline BLANC

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