COMPTE RENDU D’AUDIENCE - Au procès à Grenoble de Bernadette Dimet, accusée d’avoir tué son mari violent, la fratrie est appelée à la barre des témoins. Les quatre soeurs défilent et dévoilent un lourd secret de famille, fait de viols et d’enfant caché.
Elles disent "lui" ou "ce garçon-là". Comme si elles étaient incapables de prononcer son nom. Nathalie, Marie-Anne, Marie-Hélène et Christiane sont les quatre sœurs de Bernadette Dimet, jugée à partir de ce jeudi 4 février aux assises de l’Isère pour avoir tué son mari violent. Et à la barre des témoins, où elles défilent l’une après l’autre, elles n’évoquent qu’une seule personne, la victime : Bernard Bert. Un disparu dont l’ombre plane encore sur leur vie de femme, et sur celle de leur sœur, assise dans le box des accusés.
Car Bernard Bert, ces quatre sœurs ne le connaissent que trop bien, depuis longtemps. Chacune à leur manière, chacune avec leurs mots, elles lèvent le voile sur un lourd secret de famille, enfoui depuis des décennies dans les mémoires et les silences entendus. Et tour à tour, elles décrivent un beau-frère violent, tyrannique… qui n’a pas hésité à violer deux d’entre elles, à plusieurs reprises, à partir de 1976. "Ce jour-là, j’étais seule à la maison", commence Marie-Anne, carré blond et tailleur noir. "J’avais 15 ans. La porte de ma chambre s’est ouverte et c’était mon beau-frère qui s’approchait. Je me suis levée, j’ai voulu crier. il m’a dit ‘si tu cries je te tue‘. Il m’a poussée par terre", poursuit-elle d’une traite, d’une voix monocorde. "Il a essayé de me violer puis il s’est rhabillé et il est parti. Je suis allée me cacher dans la cabane, j’étais terrorisée. Quand je suis revenue dans la chambre, par terre, il y avait des cheveux, j’avais arraché ses cheveux. Il y avait du sperme aussi, mais moi je connaissais rien au sexe, je ne savais pas."
"Il me forçait à faire tout ce qu’il voulait"
A la maison, le silence est roi. L’affaire est étouffée. A la petite Nathalie, la plus jeune des sœurs, on dit de ne pas s’approcher de Bernard, l’éternel chasseur, "parce qu’il tue des sangliers". Jusqu’au jour où, en ville, Bernard croise Marie-Anne et lui glisse un billet de cinq francs dans les mains. Sur le billet, il est écrit : "Rejoins-moi sous la forêt, sinon la prochaine fois, je te fais un gosse." La jeune fille s’écroule et c’est son aînée, Marie-Hélène, qui prend les choses en main. "J’ai dit à mon beau-frère de ne plus remettre les pieds à la maison", raconte-t-elle à la barre, droite comme un "I" dans sa robe grise. "Mais je m’en veux de ne pas avoir fait plus. Aujourd’hui, je me dis que c’est à ce moment qu’il fallait agir, pour éviter la suite."
Et en effet, Bernard ne s’arrête pas là. Il s’en prend bientôt à Christiane, 17 ans à l’époque. "Mais tu es mariée à ma sœur!" lui crie-t-elle dans la voiture, alors qu’il se montre entreprenant. "Je m’en fous", lui répond-il. "Il me forçait à faire tout ce qu’il voulait, j’étais terrorisée", ajoute Christiane, petite femme au carré noir, précisant qu’au moment du crime, en 2012, Bernard ne la "violait plus", mais la "harcelait encore". En 1977, une procédure judiciaire est lancée contre lui, car Marie-Anne et Christiane décident de porter plainte. Bernard effectue quelques mois de prison, mais il ressort bien vite. "Maman nous a demandé de retirer notre plainte, pour que Bernadette puisse garder ses enfants", expliquent les sœurs.
"Comment vouliez-vous qu’on leur dise?"
Le silence, à nouveau s’épaissit. D’autant plus qu’un autre secret, terrible lui aussi, est en train de grandir de son côté. Après son viol, Christiane est tombée enceinte de Bernard. Désunie, brisée par ce tabou, la famille se tait. Les deux fils de Bernadette Dimet n’apprendront que bien plus tard, une fois leur mère placée en garde à vue, que leur cousin est en fait leur demi-frère. "Comment vouliez-vous qu’on leur dise, aux petits, ce qu’était leur père ?" demande, implorante, Marie-Anne à la cour. "On a vécu l’enfer, c’était un cauchemar". Marie-Hélène, après avoir beaucoup parlé de Bernard, comme ses sœurs, se tourne quant à elle vers Bernadette, et dit : "Tout ce que ma sœur a vécu, ça ne justifie pas ce qu’elle a fait, mais ça nous permet de comprendre."
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