PIPI FERTILE – Faltazi, une agence de design nantaise, a créé l’Uritrottoir, un urinoir de rue qui permet de faire du compost… tout en luttant contre l'urine sauvage. Deux modèles vont être installés à Paris en décembre, et trois autres à Nantes.
Fin de soirée arrosée. Les bars fermés et dans la rue, pas de toilettes aux alentours. Un peu alcoolisés, les fêtards finissent par se soulager contre un bout de mur. Ces "pipis sauvages" peuvent être une véritable plaie dans certains quartiers. Municipalités et conseils de quartier s’y sont attelés, mais sans qu'aucune solution réellement efficace n’ait été trouvée.
Mais Faltazi, agence de design nantaise, a peut-être trouvé la solution du futur avec sa dernière création : les Uritrottoirs, des urinoirs secs de rue qui permettent, en plus de lutter contre les épanchements urinaires sauvages masculins, de fabriquer du compost… et de faire pousser des fleurs. Ne riez pas, cette solution est tout aussi sérieuse que le problème auquel elle s'attaque.
L’Uritrottoir se compose de deux bacs, l’un en bas qui renferme de la matière sèche, et l’autre, celui sous lequel le passant urine, qui contient une jardinière. Les urines sont stockées dans un lit de matière sèche, ramassé régulièrement par une société délégataire. Comble de la sophistication, tous les Uritrottoirs sont connectés, permettant au gestionnaire des toilettes sèches d’intervenir avant tout débordement.
Car tout cela est très scientifique : mélangés, le carbone présent dans la paille et l’azote de l’urine font du fumier… et donc du compost, parfaitement utilisable par les agriculteurs ou les jardiniers.
Invention insolite ? Loufoque ? Originale peut-être, mais bien sérieuse. Deux exemplaires vont être installés fin décembre à la gare de Lyon à Paris, et trois autres le seront au printemps à Nantes, pour une phase d’expérimentation.
L’agence Faltazi n’en est pas à ses débuts en matière de gestion d’urine. Il y a trois ans, elle avait créée l’Uritonnoir, là encore sur un concept apparemment foldingue, mais qui répondait à un vrai besoin : le problème des toilettes en festival. Les Uritonnoirs étaient constitués d’énormes bottes de paille, dans lesquelles étaient fichés des cônes en plastique où urinaient les festivaliers. Une fois remplies d’urine, elles pouvaient ensuite servir directement d’engrais. "L’Uritonnoir était l’urinoir sec des champs, pour le fond des jardins, les festivals", explique à LCI Laurent Lebot, cofondateur de l’agence avec Victor Massip. "Nous nous sommes demandés : et si on le met dans les villes, ça donne quoi ? C’est comme cela qu’est né l’Uritrottoir."
Ça sent mauvais, et ça coûte très cher en nettoyage
Laurent Lebot, de l'agence Faltazi
Depuis leurs débuts, les designers ont comme point de départ la problématique de la valorisation des déchets, et cherchent des solutions pour rendre les villes plus écologiques, en travaillant notamment sur les circuits courts. Mais petit à petit, en planchant sur l’Uritrottoir, Laurent Lebot et Victor Massip se sont rendu compte qu’ils répondaient aussi à un vrai problème des villes. "Le sujet peut prêter à rire, mais en fait c’est loin d’être drôle et des gens extrêmement sérieux s’intéressent à ça", raconte Laurent Lebot.
Après avoir entendu parler du prototype élaboré en mai, ce sont en effet surtout des collectivités locales, mais aussi la SNCF, qui ont contacté l’agence. "Pour eux, c’est infernal, ils ont tous un gros problème avec ces épanchements d’urine. Dans les centres villes, c'est les mercredis, jeudis, vendredis soir… Tous les soirs festifs. Ça sent mauvais, et ça coûte très cher en nettoyage. Et c’est quelque chose qui leur est reproché en permanence par les passants ou les habitants", détaille Laurent Lebot. Des solutions tous azimuts ont souvent été essayés : tôle sur les murs qui renvoie le pipi, peinture hydrophobe... "Mais ça ne change rien", assure Laurent. "Le type bourré continue de pisser, quitte à s’en mettre plein le pantalon. Notre solution qui peut prêter à sourire peut en fait leur rendre service."
Et les filles ?
La gare de Lyon va ainsi installer deux exemplaires, mis en service courant janvier, l’un "qui fait 600 pipis, à raison de 450 millilitres chacun pour une vessie bien pleine", et l’autre 300. A Nantes, l’agence a pratiqué, avec les services de la Ville, un petit "tourisme des coins à pisse" pour identifier les lieux à problèmes. Trente ont été isolés. Le choix va donc être dur pour décider lesquels accueilleront les Uritrottoirs, en test pendant un an.
Reste, notera sans doute le public féminin, un problème : et les filles dans tout ça ? Comment profiter aussi de ce petit plaisir d’uriner en faisant pousser des fleurs ? Laurent Lebot se marre. "Oui, c’est sûr que c’est plus compliqué pour elles", reconnaît-il, suggérant une "solution pirouette" : l’utilisation d'un "pisse-debout". Et une petite excuse : "Jusqu’à maintenant, on pensait que les épanchements d’urine sur la rue n’étaient que le fait des hommes, mais d’après les retours que l’on a, en fait ce n'est pas forcément le cas ! Du coup, c'est vrai, notre solution ne résout pas l'intégralité du problème." Et celui-ci s'annonce particulièrement épineux : "Les filles montrent leurs postérieurs en urinant. A partir de là, il faut donc une cabine… La solution est moins simple." Des pistes pour plancher sur un futur projet ?
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