Un maire accusé d’homophobie pour avoir refusé un permis de construire à un couple gay

Publié le 3 août 2018 à 13h40
Un maire accusé d’homophobie pour avoir refusé un permis de construire à un couple gay

Source : Google Maps

DISCRIMINATION - Le maire du village d'Aureville (Haute-Garonne) a refusé un permis de construire à un couple gay, invoquant "les valeurs identitaires de la commune". Le couple dénonce des propos homophobes de la part de l'élu.

Sébastien Durand et son mari Patrick souhaitaient s'installer dans la commune d'Aurreville à 10 km au sud de Toulouse, peuplée de 800 habitants. Mais après avoir acheté un terrain et déposé une demande de permis de construire auprès de la mairie du village, le maire Xavier Espic (Divers gauche) leur a refusé ce permis.

Dans deux tweets publiés le 31 juillet, Sébastien Durand indique que le maire a "notifié son refus pour des raisons bidon" et que le couple attaque cette décision devant le tribunal administratif. Il accuse le maire d'homophobie, et affirme que ce dernier leur aurait dit : "Les gens comme vous (sic), je préfère qu'ils viennent me voir avant de déposer leur demande pour voir si leur projet de vie correspond à ma commune".

On n'aime pas quand c'est trop sophistiqué

Le maire, cité par Sébastien Durand

Le site Komitid, qui rapporte l'histoire, a publié l'arrêté du maire refusant ce permis de construire. Dans cet arrêté, le maire invoque plusieurs arguments d'ordre architectural et esthétique, selon lesquels le projet de maison du couple ne respecterait pas le plan locale d'urbanisme (PLU), et un autre argument, selon lequel "le projet ne s'inscrit pas dans les valeurs identitaires de la commune et du site". Pour le couple, cette dernière phrase est la "preuve écrite" de l'homophobie du maire.

Sébastien Durand décrit plusieurs échanges entre le couple et le maire avant ce refus. Il affirme que  l'élu a été "extrêmement agressif" lors de leur premier rendez-vous : "La première chose qu'il nous a dit, c'est 'Comment osez-vous avoir un tel projet ? Moi, d'habitude, les gens comme vous, je préfère qu'ils prennent rendez-vous avant de déposer leur permis qu'on voit si leur projet de vie correspond à la commune."

Pour Sébastien Durand, la suite des échanges avec le maire confirme son sentiment : "Par la suite, il est revenu sur le sujet, pas forcément directement, mais par des phrases comme 'Nous ici, on est des gens simples, on n'aime pas quand c'est trop sophistiqué'. Le mot sophistiqué prononcé avec petit mouvement précieux du poignet, façon Cage aux Folles. 'On veut des gens et des maisons discrètes, on ne se montre pas'". Lors d'une deuxième réunion, décrite par Sébastien Durand, le maire aurait affirmé que la maison "évoquait pour lui une église (sic) et qu’il se demandait quel culte nous voulions y célébrer".

Adoption : des couples homos discriminés ? L'indignation du député de Seine MaritimeSource : Sujet JT LCI
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On aurait réagi de la même façon avec un autre couple

Le maire

Le maire réfute auprès de Komitid, ces accusations. "Je suis très surpris que l'on me traite d'homophobe, j'ai l'esprit tranquille, je travaille pour tous mes administrés", explique Xavier Espic. "Tout le monde est sur un pied d'égalité. Tout le PLU et le règlement d'architecture sont les mêmes pour tout le monde. C'est le premier refus que l'on fait, parce que l'on a estimé que le projet ne correspondait pas à la commune."

"Nous sommes une petite commune et loin de tout cela. Parce que les gens sont différents, il faudrait qu'on les traite différemment ? On aurait réagi de la même façon avec un autre couple", conclut le maire qui dit "ne pas avoir de problème avec les LGBT" et avoir aidé à la création d'un "local LGBT". Il dit enfin ne pas écarter la possibilité de porter plainte pour diffamation.

Quant au couple, il indique qu'il fera le choix entre "un recours hiérarchique ou s'il ira directement au tribunal administratif". En attendant, il recherche un autre terrain et compte résilier l'achat de celui situé dans le village. Les deux hommes vont également demander des dommages et intérêts "pour les huit mois perdus du projet et les frais engagés d’études de terrain diverses et la discrimination si nous arrivons à la faire reconnaître".


La rédaction de TF1info

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