Avortement en Espagne : "On est en train de revenir 30 ans en arrière"

Publié le 8 janvier 2014 à 19h03
Avortement en Espagne : "On est en train de revenir 30 ans en arrière"

INTERVIEW - L’Espagne envisage d’adopter une loi très restrictive en matière d’avortement. Une régression selon Jean Thévenot, président de l’ordre des médecins de Haute-Garonne.

L'Espagne s'apprête à durcir sa législation en matière d'avortement. Quelles conséquences cela peut-il avoir en France ?
Cela aura un double impact. Tout d'abord pour les Françaises : un certain nombre d'entre elles, même si cela est interdit, vont à l'étranger quand elles ont dépassé le terme prévu par la loi (ndlr : 12 semaines). Or elles ne pourront plus aller en Espagne et partiront aux Pays Bas ou en Angleterre malgré des frais supplémentaires, certaines devront d'ailleurs garder leur enfant.

Ensuite, il y a un certain nombre d'Espagnoles qui, ne pouvant plus faire d'IVG, viendront le faire en France jusqu'à 14 semaines. L'activité d'un certain nombre de centres, de plannings familiaux ou de services gynécologiques sera directement impactée.

Ces lieux sont-ils capables d'accueillir un afflux de patientes ?
Clairement, non. On va essayer d'éviter cela. On est en train de revenir 30 ans en arrière, quand les Espagnoles traversaient la frontière pour subir une IVG sous le régime franquiste. Après, on est reparti dans l'autre sens car aujourd'hui, ce sont les Françaises qui vont en Espagne en cas de grossesses tardive qu'elles n'ont pas pu interrompre chez nous. Si elles repartent dans l'autre sens, c'est n'importe quoi.

La solution serait-elle à l'échelle européenne ?
Nos gouvernants doivent s'emparer de ce type de problématique et se mettre autour d'une table pour discuter des migrations médicales. C'est valable pour l'IVG, mais aussi pour la procréation médicalement assistée et différentes activités chirurgicales. Il faudrait sinon une homogénéisation, du moins des règles claires appliquées communément. Là on marche sur la tête. Il faudra compter sur les médecins, qui ne vont pas se laisser faire : il y aura la loi, et la manière dont ils l'appliqueront. Certains se mettront sûrement dans l'illégalité.


La rédaction de TF1info

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