Une publication relaye sur Instagram les manières de repérer de la drogue qui aurait été mélangée à une boisson.Ces conseils, qui ne reposent sur "aucune valeur scientifique", sont à considérer avec prudence.
Face aux risques d’agressions sexuelles dans un cadre festif, chacun doit faire preuve de vigilance. Pour ce faire, une publication relaye sur Instagram des astuces visant à repérer les cas où une substance aurait été ajoutée à son verre. "Aimé" plus de 20.000 fois en une semaine, le post fait état de trois éléments pouvant alerter sur la présence de drogue dans une boisson. Celle-ci prendrait alors une "apparence brumeuse", avec des "glaçons qui coulent" et une "quantité excessive de bulles". Mais que valent ces conseils ?
Cette publication sur Instagram "fait vraisemblablement référence aux signalements récents concernant des intoxications au GHB/GBL", selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Pourtant, le GHB comme le GBL peuvent être administrés dans les verres de victimes à leur insu… et pas repérés aussi facilement, rappelle l’OFDT. Le premier est "incolore et inodore", tandis le deuxième est seulement "incolore". C’est là toute la dangerosité.
Pour Zoé Dubus, historienne de la médecine et spécialiste des psychotropes, "ces conseils paraissent assez faibles, dans la mesure où l'effet trouble peut dépendre du type de boisson. Le côté effervescent quant à lui est peu probable. C'est un procédé qu'on voit dans les films pour que ce soit visuel, mais dans la ‘vraie vie’, une substance effervescente n'est pas vraiment efficace puisque très visible..."
"Rester près de son verre"
Sonia Khier, docteure en pharmacie, ne voit pas non plus la moindre chance de remarquer "une différence d’aspect" d’un verre qui contiendrait de l’alcool, du soda, des colorants, ou encore des glaçons. "Tout changement d'aspect d'un liquide initial peut alerter", reconnait-elle. "Mais pour certains liquides, vous ne verrez pas de différences." Selon la chercheuse, ces signes ne sont pas assez "spécifiques" ni "suffisants". En bref, ils ne comportent "aucune valeur scientifique".
Les meilleurs conseils à suivre, d’après Jean-Baptiste Lusignan, responsable du pôle santé jeunesse au Centre régional d'information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes (Crips Ile-de-France), restent encore de "rester près de son verre" et de "veiller les uns sur les autres". Un message diffusé dans l’ensemble des campagnes de prévention des associations comme des institutions chargées de ces questions. En février dernier, la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) avait communiqué en particulier sur le GHB et rappelé plusieurs points pour "prendre soin les uns des autres".
Le responsable du Crips Ile-de-France tient néanmoins à rappeler que le GHB n’est pas "le plus gros fléau" quand il s’agit d’agressions sexuelles, ou de tentatives d'agressions sexuelles. "En intervention, on a coutume de dire que la première substance problématique reste l’alcool dans le cas des violences sexuelles." Se focaliser sur cette substance n’aurait donc pas beaucoup de sens. Un sentiment que partage Zoé Dubus, pour qui qualifier le GHB de "drogue du violeur n'a aucun fondement" : "Dans l'immense majorité des cas, il ne s'agit pas d'un stupéfiant qui est mis dans le verre mais bien de médicaments psychotropes", comme les anxiolytiques ou les somnifères.
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