Boule de feu dans le Sud-Est : "Il n'y a pas eu de 'pluie' de météorites"

Publié le 18 février 2016 à 18h35
Boule de feu dans le Sud-Est : "Il n'y a pas eu de 'pluie' de météorites"

INTERVIEW – Une boule lumineuse, décrite comme une "probable pluie de météorites" par la préfecture de l'Isère, a traversé le ciel du Sud-Est de la France mercredi en fin de journée. Metronews a interrogé Jérémie Vaubaillon, astronome à l'Observatoire de Paris, pour connaître la réalité de ce phénomène.

Qu'est-ce qui a, selon vous, été observé dans le Sud-Est mercredi ? Etait-ce bien une pluie de météorites ?
Non, c'était un seul événement : une météorite est rentrée dans l'atmosphère terrestre, mais il n'y a pas eu de "pluie". Des millions de cailloux comme cela tournent autour du soleil. De temps en temps, il y en a qui entrent dans l'atmosphère terrestre. Là, il n'y en avait qu'un seul.

Certains affirment que plusieurs impacts auraient été repérés ...
Je suis très dubitatif sur ces impacts. Le phénomène de mercredi soir était bas sur l'horizon quand il a été observé, ce qui veut dire qu'il était très loin. Et pour moi, il n'y a eu aucun impact vu la faible luminosité de l'engin. Il s'est totalement désintégré dans l'atmosphère.

Cet événement a-t-il quelque chose d'exceptionnel ?
Oui et non. Oui parce que c'est suffisamment rare pour que les gens s'inquiètent et le rapportent aux journalistes ou aux scientifiques. Nous, cela nous intéresse beaucoup car ce sont des objets qui tombent du ciel. Mais ce n'est pas exceptionnel dans le sens où le jour où il y aura une véritable chute de météorite, ce qu'on verra sera beaucoup plus lumineux.

Mais quelle est la fréquence de ce genre de phénomène ?
Si je vous donne un chiffre à la louche, je dirais que des petites chutes de météorite comme celle d'hier, il y en a au moins une fois par mois en France. On estime qu'il y en a entre 2 et 5 par an qui seraient potentiellement observables par tout le monde, et pour lesquelles on peut avoir une certitude qu'un caillou est arrivé au sol. Sur la Terre entière, c'est en gros une fois par semaine. Mais comme il y a beaucoup d'océans, il y a deux chances sur trois que ça tombe dans l'eau.

Personne n'avait annoncé le phénomène de mercredi. Est-ce impossible à prévoir ?
On peut prévoir les grandes pluies d'étoiles filantes, mais des phénomènes isolés et aussi petits que cela, c'est effectivement impossible : l'objet devait faire cinquante centimètres à tout casser. Or dans nos télescopes, on ne peut voir que ceux de quelques centaines de mètres.

On a beaucoup parlé la semaine dernière de cette météorite qui aurait tué un homme en Inde . La Nasa a exprimé de très sérieux doutes, mais les scientifiques indiens maintiennent leur version...
C'est vraiment à prendre avec des pincettes. Par réflexe, dès que j'entends "météorite en Inde", je me dis "encore un spam" : tous les ans environ, les journaux indiens parlent d'une météorite tombée dans le pays, et pratiquement à chaque fois, c'est démenti par les scientifiques qui creusent la question. Il ne faudrait vraiment, vraiment pas avoir de chance pour être tué par une météorite. J'avais fait un calcul il y a quelques mois : si vous achetez un champ d'1 km2, il faut que vous attendiez 30.000 ans avant qu'une météorite ne tombe dessus. Rapportez cela à la taille d'un être humain... Ceci dit, stricto sensu, le risque n'est pas rigoureusement égal à zéro. En 2013, il y avait eu un millier de blessés dans la région russe de Tcheliabinsk après la chute d'un objet de 19 mètres. Il peut donc bien y avoir des effets collatéraux. Mais cela faisait plusieurs siècles qu'un événement comme celui-ci n'était pas arrivé.

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La rédaction de TF1info

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