MOBILISATION - Alors que les mesures annoncées par Agnès Buzyn début septembre ne convainquent toujours pas les soignants en grève, plusieurs voix appellent à une mobilisation générale des établissements publics de santé. Ce mardi, les parlementaires vont devoir se prononcer sur le plan de financement de la Sécurité sociale en 2020. Pour les professionnels de santé, le compte n'y est pas, bien au contraire.
Sept mois après le début de la grève initiée en mars dernier à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, la colère des soignants est toujours vive et le sentiment de ne pas être entendus, sans doute encore plus présent. Et ce, malgré les annonces récentes d'Agnès Buzyn. De fait, les 750 millions mis sur la table par la ministre de la Santé ne convainquent pas les grévistes, qui continuent de demander des lits supplémentaires d'hospitalisation, une revalorisation salariale et des moyens humains.
L'énième goutte d'eau à faire déborder le vase de la colère pourrait être le vote en première lecture, prévu mardi, du projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020. Le texte prévoit un ONDAM (l'objectif des dépenses de santé) limitée à 2.3% alors que la progression naturelle de ces dépenses serait plus de l'ordre de 4.5%, selon les professionnels. En tout, ce sont 4,2 milliards d'euros d'économies qu'il faudra trouver, dans le secteur. Cela représenterait "800 millions d'économies supplémentaires" à réaliser dans le secteur hospitalier, a récemment évalué le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux, qui a dénoncé une "douche froide".
Vers une généralisation du mouvement ?
Les hôpitaux vont devoir se serrer la ceinture dans un contexte social et sanitaire déjà très compliqué. De quoi rallumer la mèche ? Dans toute la France, ce sont à présent 269 services d'urgence qui sont en grève, selon le dernier comptage du collectif InterUrgences. Mais cette fois, c'est tout l'hôpital qui semble se mobiliser pour faire bouger les lignes. Récemment, les médecins de l'Amuf (Association des médecins urgentistes de France), ainsi que les infirmiers de bloc opératoire et le secteur de la psychiatrie ont rejoint le collectif Inter-Urgences dans sa mobilisation, avec des revendications similaires. Les syndicats hospitaliers ont, eux aussi, apporté leur soutien.
Et puis il y a eu la création du collectif Inter-Hôpitaux : une entité mobilisant les chefs de services hospitaliers de toute la France, des paramédicaux, des médecins et des usagers. Sur son site, le collectif publie des témoignages édifiants : ceux de chefs de service dont les unités tournent parfois avec 25% de lits fermés en raison du manque de personnels au "salaire très insuffisant", comme en réanimation neurologique à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris. Dans un récent communiqué, on apprenait d'ailleurs qu'un jeune enfant n'avait pu être admis dans un service de réanimation parisien, faute de places disponibles et avait dû être transféré dans un service à 130 km de la capitale. Dernière illustration en date de la problématique : à l'AP-HP, la direction a dû fermer 900 lits d'hospitalisation sur 20 000, faute de personnels disponibles et 400 postes d'infirmiers sont vacants.
Mobilisation par d'autres moyens
La première AG du collectif hospitalier a eu lieu il y a quelques semaines à Paris : la participation a été si grande que trois amphithéâtres ont été utilisés pour accueillir les personnels venus de toute la France. Deux motions ont été votées : la première reprend les revendication du collectif Inter-Urgences, et la seconde appelle à une mobilisation, ce 29 octobre, jour du vote du PLFSS à l'Assemblée nationale, avant une manifestation nationale prévue le 14 novembre prochain.
Dans le service public de la santé, les soignants doivent continuent de prendre en charge les patients malgré la grève et la mobilisation. Il a donc fallu trouver d'autres moyens de se faire entendre, comme l'arrêt du "codage" des actes médicaux. "Un acte politique", selon André Grimaldi, ancien chef du service de diabétologie de la Pitié-Salpêtrière. Il s'agit par ce geste, de bloquer la facturation des actes médicaux pratiqués, privant ainsi les hôpitaux d'une source de revenus. Un moyen comme un autre pour se faire entendre, du côté de Bercy.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a récemment donné la position de l'exécutif sur la question. "L'état de nos finances publiques justifie que si l'on dépense de l'argent pour l'hôpital nous trouvions des économies en face", a-t-il fait valoir. Tout en ajoutant que le fait d'apporter "un soutien immédiat à des hôpitaux qui sont en souffrance, qui aujourd'hui n'arrivent plus à faire face à des défis, c'est légitime", a-t-il ajouté. Agnès Buzyn, ministre de tutelle des soignants, a estimé pour sa part que "hôpital public est un trésor national".
Lundi 28 octobre, Emmanuel Macron s'est dit "bouleversé de voir des infirmiers, des aides-soignants, de médecins qui sont en souffrance au travail alors qu'ils sont d'un dévouement incroyable, qu'ils ne comptent pas leurs heures, leur énergie et qui sont mis dans des situations impossibles". Et de promettre de remettre "des moyens" pour les urgences. Ceux qui manifestent mardi le rappelleront sans doute au moment de leur "oraison funèbre" sous les fenêtres du ministère des Finances, où ils demanderont à être reçu par Gérald Darmanin.
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