Cambriolages : quand la Gendarmerie nationale relaie une rumeur

Publié le 29 avril 2014 à 16h02
Cambriolages : quand la Gendarmerie nationale relaie une rumeur

HOAX - Ce mardi, le compte de la Gendarmerie nationale a posté sur les réseaux sociaux une liste de signes que laisseraient les cambrioleurs lors de leurs repérages avant de passer à l'action. Il s'agit en réalité d'une rumeur ancienne, qui a notamment servi à stigmatiser la communauté des "gens du voyage".

Les cambrioleurs ont-ils un alphabet ? La Gendarmerie nationale a relayé mardi sur ses comptes officiels Twitter et Facebook une nomenclature pour prévenir les cambriolages . "Aujourd'hui, nous partageons un post de la gendarmerie du Cher qui fait de la prévention en matière de cambriolage", écrit-elle sur ce dernier réseau social . Son message, qu'elle conseille de "partager", est accompagné d'une carte recensant les signes que laisseraient des cambrioleurs "lors de leurs repérages, sur la façade, le portail, la boîte aux lettres ou un endroit visible à l'extérieur des habitations". Le but : apprendre aux citoyens à déchiffrer ces codes annonçant un vol imminent. Jugeant l'information utile, metronews a publié un article reprenant cette carte officielle, avant qu'un de nos lecteurs nous alerte sur la véracité de cette information. Il s'agissait en réalité d'une très vieille rumeur qui avait, un temps, servi à stigmatiser les Gitans et les Roms. Explications.

Le site hoaxbuster, qui recense les "canulars du web", a en effet déjà publié un article le 4 mai 2012 pour dénoncer cette nomenclature et ses visées racistes. Selon ce site, cette carte est une fausse information que l'on retrouve "dans de nombreux pays, où les forces de l'ordre (voire les cambrioleurs eux-mêmes) la reconduisent ou la démentent tour à tour, suivant leur degré d'information".

"C'est vrai que la nomenclature est peut-être à revoir"

Comme de nombreux médias, le site d'extrême droite Fdesouche a ainsi repris cette carte en 2012. Pire, l'association nationale fraternelle des anciens combattants, a, elle, explicitement attribué ces codes à la "communauté des gens du voyage". Interrogé par le site hoaxbuster, Jean-Bruno Renard, spécialiste des légendes urbaines , est pourtant catégorique : "Ces signes, qui ont été partiellement vrais à la fin du 19e siècle et au début du 20e, sont maintenant clairement une légende urbaine".

La confusion sur la communauté des gens du voyage est née parce que "jadis" ils "utilisaient des signes végétaux sur les routes pour transmettre à leur famille et alliés par où ils étaient passés". Dans les années 50, un livre "attribuait même aux Tsiganes un code". Suffisant pour alimenter une récupération raciste. "Il s'agit maintenant d'un "marronnier" pour la presse qui parle de ces signes au moment des vacances (habitations désertées). Les entreprises d'alarmes et de sécurité en font également état dans leurs prospectus", explique Jean-Bruno Renard.

Contacté par metronews, le service de communication de la gendarmerie a d'abord maintenu la véracité de l'information. "Ces signes existent, nous les retrouvons sur le terrain et ils sont confirmés lors des auditions des cambrioleurs", jure-t-on. Un cercle signifierait donc que votre "maison est bienveillante", une vague barrée annoncerait la présence d'un "homme sensible aux femmes"... Spécifiquement interrogé sur ces codes pour le moins étonnants, le responsable de communication finit par nuancer ses propos. "C'est vrai que la nomenclature est peut-être à revoir, à mettre à jour", concède-t-il. Et d'ajouter : "Il y a en effet eu des rumeurs qui servaient à stigmatiser des communautés. Mais en publiant cette nomenclature, nous ne ciblons personne". Si la Gendarmerie nationale récuse l'idée d'une éventuelle "maladresse", elle promet néanmoins de publier "rapidement un communiqué explicatif".

Le tweet du compte officiel de la Gendarmerie nationale qui relaie l'infographie :

Le tweet d'un internaute qui relève l'erreur :

Le tweet du compte officiel de la Police nationale qui relaie l'infographie de la Gendarmerie :


La rédaction de TF1info

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