#CasserolesDebout : c'est quoi cette opération des anti-loi Travail ?

par Sibylle LAURENT
Publié le 17 juin 2016 à 10h00
#CasserolesDebout : c'est quoi cette opération des anti-loi Travail ?

MOBILISATION - Les auteurs de la pétition "Loi Travail non merci" appellent les opposants au texte gouvernemental à se rassembler, vendredi à 20 heures, pour une opération #CasserolesDebout. Le but : faire, pendant une heure, du bruit. Caroline de Haas, une des initiatrices de la pétition, explique à metronews les raisons de ce happening.

Le gouvernement ne les entend pas ? Et bien, ils vont faire du bruit. Un concert de casseroles. A 20 heures, ce vendredi, est annoncée l'opération #CasserolesDebout. Une heure pendant laquelle les citoyens mobilisés contre la loi Travail sont appelés à venir, sur les places près de chez eux, munis de casseroles, pour faire du bruit. Et dire ainsi son opposition à la loi Travail. L'appel est lancé par les initiateurs de la fameuse pétition "Loi Travail non merci". Vendredi, plus de 500 rassemblements sont déjà prévus sur l'ensemble des départements.

Action insolite ? Loufoque ? Caroline de Haas, une des initiatrices de la pétition qui a réuni plus d'un million de signataires , ne le voit pas du tout comme ça. "L'idée, explique-t-elle à metronews, est née lors d'une AG numérique, il y a 15 jours, entre opposants à la loi Travail. On essayait de réfléchir à un moyen de permettre à toutes celles et ceux qui n'ont pas eu la possibilité de s'engager physiquement dans le mouvement de le faire."

"Un dispositif ponctuel, rapide"

Car pour la militante, qui est aussi chef d'entreprise, les mobilisations actuelles, qui sont "hyper importantes", ne permettent pas forcément à tous de se mobiliser. "Il y a deux formes majeures qui ont émergé : les manifestations et Nuit Debout. Mais pour un salarié il n'est pas toujours facile de poser des jours ou se libérer pour aller défiler. J'ai d'ailleurs des amis qui l'ayant fait se sont fait réprimander le lendemain par leur patron." Quant à Nuit Debout, son principe même ne permet pas forcément aux parents, salariés, d'aller y passer toutes leurs soirées. Il fallait donc offrir un mode de contestation complémentaire. De là est né #CasserolesDebout. "C'est un dispositif ponctuel, rapide, qui se déroule près des citoyens, dans leur ville ou leur quartier, et à des horaires qui leur permettent d'y aller", explique Caroline de Haas.

"Ce qui fait que le gouvernement craquera ou pas, c'est la pression sociale"

Ce mode d'action n'est pas nouveau. Il a déjà été utilisé les années passées lors de mobilisations étudiantes en Ukraine en 2010 devant le Parlement contre un projet de réforme des impôts, au Québec en 2012, ou encore en Grèce en 2013 contre les coupes dans les régimes des retraites voulues par le gouvernement. "On essaie de trouver tous les moyens légaux pour se faire entendre", précise Caroline de Haas.

"Ce qui fait que le gouvernement craquera ou pas, c'est la pression sociale : la pression sur les députés, le fait que dès qu'un ministre se déplace, il est pris à partie sur la loi Travail, qu'il y ait des manifs, des grèves, des blocages de raffineries. Mais aussi que chaque citoyen s'approprie ce mouvement." Objectif affiché : faire en sorte que les gens restent mobilisés. "Et ce n'est pas simple", confesse Caroline de Haas. D'où des initiatives citoyennes tous azimuts, comme la campagne anti-PS lancée par François Ruffin, réalisateur de Merci Patron et un des piliers de Nuit Debout, ou encore l'opération Carton rouge pendant l'Euro, où les supporteurs sont invités à brandir des affichettes contre la loi Travail. 

"Un truc de fou"

Et Caroline de Haas y croit, au succès de #CasserolesDebout : "Alors oui, certaines personnes se moquent ou sourient. Mais dans l'ensemble, on a reçu des dizaines de messages de gens voulant organiser ça près de chez eux. En trois jours, 500 opérations #CasserolesDebout se sont programmées dans toutes les villes et villages de France. C'est un truc de fou !" Elle-même sera vendredi devant la mairie du 14e à Paris. "Même si on est une dizaine sur chaque site, cela permet aussi de se retrouver, d'échanger, peut-être d'échanger sur ce qu'il est possible de faire localement, de recréer du lien politique. Et exprimer notre colère de voir ce gouvernement nous ignorer, nous cracher à la figure."

Car la militante est toujours debout, bien énervée. "C'est un vrai délire démocratique : on a un gouvernement minoritaire, et qui ne nous entend pas. Je ne vois pas comment ils tiennent. Il y a un niveau d'inconscience, d'irresponsabilité encore jamais atteint." Sur l'évolution de la mobilisation, elle veut voir le positif : "Si le gouvernement avait pensé il y a quatre mois qu'il y aurait un mouvement social d'une telle ampleur, que la mobilisation durerait encore, qu'il y aurait tous ces blocages, qu'autant de personnes s'intéressent au code du Travail… C'est bien qu'ils ont touché à quelque chose d'important pour les Français !"

> Pour voir la carte des opérations  # CasserolesDebout prévues en France

> L'évènement #CasserolesDebout sur Facebook

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Sibylle LAURENT

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