Ce que l'on sait des trois enfants de djihadistes rapatriés en France, sans leurs parents

par Claire CAMBIER
Publié le 28 décembre 2017 à 20h17
Ce que l'on sait des trois enfants de djihadistes rapatriés en France, sans leurs parents
Source : BULENT KILIC / AFP

FOCUS - Trois enfants d'un couple de djihadistes français partis rejoindre le groupe Etat Islamique en Irak ont été rapatriés en France le 18 décembre. Ils sont aujourd'hui placés dans une famille d'accueil en région parisienne. Leur mère est toujours entre les mains des autorités irakiennes, le père, quant à lui, est décédé.

Melina fait partie des "quelques dizaines" d'adultes français capturés au fil de la débâcle territoriale du groupe État Islamique (EI). Cette mère de famille a été arrêtée en juillet dernier, lors de la prise de Mossoul, avec ses quatre enfants. Son mari est mort au cours du siège de la ville. Après d'âpres négociations entre Bagdad, le quai d'Orsay et la Croix Rouge, trois de ses enfants ont pu être rapatriés la 18 décembre dernier en France. Melina et son plus jeune enfant de moins d'un an sont, eux, restés dans les geôles irakiennes.

Ce que l'on sait des trois enfants

Selon une information de France Inter, les enfants sont arrivés à l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle. Contacté par Reuters, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a confirmé le rapatriement d'enfants le 18 décembre sur un vol Bagdad-Paris et précisé qu'il s'agissait du "premier rapatriement d'enfants dans ce contexte-là." "Leur retour a été organisé en coordination avec les autorités irakiennes, dans l’intérêt supérieur des enfants", a ainsi déclaré le ministère français des Affaires étrangères. "Ils ont été pris en charge par les autorités judiciaires compétentes", a-t-il dit, ajoutant ne pouvoir donner plus de précisions "pour des raisons de sécurité".

Ce sont donc les avocats de la famille qui ont livré à la presse de plus amples informations et indiqué que les enfants avaient été remis à l'Assistance Sociale pour l'Enfance (ASE) de Seine-Saint-Denis. "Les trois enfants rapatriés, qui ont entre trois et huit ans, ont été confiés provisoirement à l'Assistance Publique, et ont été placés dans une famille d'accueil", a précisé Me Vincent Brengarth. "Il était impensable que les enfants restent captifs. C'est conforme au droit international", a-t-il souligné. Ces enfants, nés en France, ont été capturés avec leur mère, en juillet dernier. Les autorités irakiennes les ont trouvés, reclus dans un immeuble en ruines, lors de la prise de Mossoul.

Les grands-parents maternels ont déjà fait part de leur volonté de demander un droit de visite.

Quelle est la situation de leur mère ?

Les parents sont orginaires de Seine-et-Marne. Ils avaient quitté la France en 2015 pour rejoindre les rangs du groupe Etat Islamique en Irak. Le père est mort lors de la prise de Mossoul par les autorités irakiennes cet été. L'armée a retrouvé sa femme âgée de 27 ans, Melina, et ses quatre enfants dans les décombres de la ville fantôme. 

La mère de famille assure depuis un an s'être mépris sur les intentions de l'EI. Elle avait raconté en mai dernier à nos confrères du Monde son quotidien difficile, le manque de nourriture, de soins et la volonté de la famille de quitter le califat, en vain. Elle assurait également que que son mari "ne voulait pas être un combattant" et qu'il "ne faisait rien dans l'EI". Leurs familles s'étaient tournées vers les autorités françaises pour faciliter leur départ, sans plus de succès. Sur une photo prise lors de leur capture et publiée par Paris Match, les stigmates de la guerre apparaissent de manière frappante sur le corps de Melina, très amaigrie.

Elle est aujourd'hui entre les mains des autorités irakiennes. Vincent Bergarth a précisé à Reuters qu'il "respectait la souveraineté des autorités judiciaires irakiennes" et que pour l'instant, il n'envisageait pas "d'intervention judiciaire pour obtenir son retour".

Quel sort la France réserve-t-elle aux enfants ?

Face au recul de Daech, aux captures de plus en plus nombreuses de Français partis faire le djihad mais aussi aux défections, Emmanuel Macron avait déclaré en novembre dernier que le sort des femmes et des enfants ayant suivi leur mari ou leur père serait examiné "au cas par cas, en fonction des situations". "Ils font l'objet d'ores et déjà, pour ceux qui sont revenus et ceux qui reviendront, d'une procédure toute particulière et d'un suivi très particulier, en particulier sur le plan médical et psychiatrique", avait-il assuré lors d'une interview sur France 2. Ce suivi, détaillé dans une circulaire, comprend notamment "un bilan somatique et médico-psychologique", une possible hospitalisation (notamment pour une décompensation psychologique) ou encore une prise en charge adaptée en milieu scolaire. L'accent est notamment mis sur le partage des informations entre les différentes autorités, sociales, éducatives mais aussi judiciaires, un juge des enfants étant saisi dans chacune des affaires.


Claire CAMBIER

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