PORTRAIT - Trois jours après que deux musulmanes voilées ont été chassées d'un restaurant de Seine-Saint-Denis, Jean-Baptiste Debreux, le patron de l'établissement, est au cœur de la polémique. Des restaurants étoilés au dérapage raciste, retour sur le parcours d’un homme décrit comme "ignorant" et "impulsif".
La polémique ne cesse d’enfler après que deux femmes musulmanes voilées ont été chassées d’un restaurant samedi dernier. Les faits se sont déroulés dans le restaurant Le Cénacle à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis). Dans une vidéo filmée par l’une des deux clientes puis mise en ligne sur Internet, on entend deux voix de femmes lors d'un échange tendu avec le restaurateur. Traitées de "terroristes" parce que, selon le restaurateur, "les terroristes sont musulmans et tous les musulmans sont terroristes", les deux femmes ont été chassées sans ménagement avant d’aller avertir les autorités.
Jean-Baptiste Debreux, le patron du restaurant gastronomique, a finalement présenté ses "excuses" pour cette affaire, qui survient dans un climat d'intenses polémiques autour de la place de l'islam en France. "J’ai pété un plomb, je m’en excuse. J’ai un ami qui est mort au Bataclan, j’ai tout mélangé. Ce que j’ai dit, je ne le pense absolument pas : mes propos ont dépassé ma pensée." Afin d'en savoir un peu plus sur le profil de cet homme, LCI a interrogé un de ses anciens patrons ainsi que son voisinage.
Le cuisinier n’est pas inconnu du grand public. Il est même passé entre les mains de grands chefs étoilés. Avant de devenir propriétaire du Cénacle, l’homme a travaillé avec, entre autres, Joël Robuchon au Dôme de Montparnasse ou Bernard Pacaud à L’Ambroisie.
Contacté par LCI, un de ses anciens patrons le décrit comme "un excellent cuisinier, bosseur, mais parfois impulsif". Alors, lorsqu’on lui relate les faits, il ne semble pas surpris. "Ça ne m’étonne qu’à moitié qu’il ait viré des clients, nous confie-t-il. Il vient de la vieille école. Il est capable de tenir des propos racistes". Pourtant, après deux ans passés dans son restaurant, l’homme "n’a jamais tenu le moindre propos discriminatoire", ajoute-t-il. "Pas à ma connaissance du moins." Ce dernier penche plutôt pour l’hypothèse du dérapage impulsif lié au "manque d’éducation" et à l’"ignorance" de Jean-Baptiste Debreux.
C'est un homme mal poli, pas aimable
Une voisine
De son côté, Jean-Marie Servat, l’ancien patron et toujours propriétaire des murs du Cénacle, n’a pas souhaité faire de commentaire sur ce qu’il juge être une "affaire déplorable". "J’ai créé et tenu cet établissement pendant 30 ans sans aucun problème avec personne. Je condamne totalement ses propos", affirme-t-il à LCI. Avant son départ, en juin 2010, Jean-Marie Servat était relativement apprécié de son voisinage, selon plusieurs témoignages que nous avons pu recueillir.
Jean-Baptiste Debreux est en revanche plus critiqué auprès de son voisinage. "C’est un homme mal poli, pas aimable. Il ne dit jamais bonjour", témoigne une voisine, contactée par téléphone. Un autre voisin nous affirme avoir eu des problèmes avec lui après s’être plaint de bruits de voisinage tard dans la nuit. "Il m’a insulté, et menacé de me mettre en maison de repos", s’emporte-t-il. Mais il ne l'a jamais entendu tenir de propos racistes.
Un commerçant situé à quelques dizaines de mètres du Cénacle semble partager la même opinion. "C’est un homme exécrable avec ses confrères et avec le voisinage. Il est particulièrement imbu de sa personne". Lui non plus n’est pas surpris par ce qui s’est passé samedi dernier. Lorsqu'il parle de lui, il décrit un "personnage un peu triste", "pas du tout intelligent", mais à sa connaissance, "pas raciste". Des propos qui pourraient accréditer la thèse du dérapage "impulsif", évoquée par son ancien patron.
#LeCenacle : "Le CCIF se portera partie civile aux côtés des victimes et demandera des sanctions exemplaires". https://t.co/oRq3YCtuA4 — CCIF (@ccif) 29 août 2016
Le Collectif contre l'islamophobie en France a indiqué qu'il se portera partie civile aux côtés des victimes et demandera des "sanctions exemplaires". La ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes Laurence Rossignol a indiqué de son côté avoir saisi la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra) "afin d'engager investigations et sanctions contre le comportement intolérable de ce patron de restaurant".
Selon nos informations, le restaurateur a quitté son domicile avec sa famille pour raisons de sécurité, celui-ci se trouvant juste au-dessus du Cénacle. Les abords du restaurant ont été sécurisés par la police. Jean-Baptiste Debreux a été placé sous protection policière. Il devait être entendu par les autorités ce lundi après-midi. Il encourt une peine de prison pouvant aller jusqu'à trois ans ainsi qu'une amende de 45.000 euros.
Sur le
même thème
- Arracher des souches peut vous coûter cherPublié le 26 janvier 2023 à 8h00
- Dîners clandestins : le chef Christophe Leroy nie à son tour la présence de ministresPublié le 8 avril 2021 à 12h55
- Un homme vient-t-il d'être condamné pour avoir entonné une chanson de Brassens devant des policiers ?Publié le 4 novembre 2019 à 20h56
- "Je fuis une bande de rebeus" : Le Petit paumé, un guide étudiant lyonnais, indigne après une critique racistePublié le 13 octobre 2019 à 19h39
- Gilets jaunes : pourquoi les enfants d'un manifestant ont fait l'objet d'un placement provisoirePublié le 29 avril 2019 à 19h42
- Incendie de Notre-Dame de Paris : retour sur les dérapages et les intoxPublié le 16 avril 2019 à 19h08
- Affaire du bar identitaire à Lille : le parquet ouvre une enquête préliminairePublié le 12 décembre 2018 à 13h28
- "C'est une Daech Creusoise" : insultée sur répondeur par un conseiller retraite, elle porte plaintePublié le 24 août 2018 à 13h35
- Roms lynchés après des rumeurs d’enlèvements : de six à dix mois de prison ferme pour les prévenusPublié le 17 avril 2019 à 21h19
Tout
TF1 Info
- 1Mondial de handball : une finale sans Nikola Karabatic ?Publié hier à 22h53
- 2Les femmes, gagnantes ou perdantes de la réforme des retraites ?Publié hier à 22h10
- 3Covid-19 : en cas de test positif, on ne sera plus obligé de s'isolerPublié hier à 22h01
- 7Météo du 28 janvier 2023 : Prévisions météo à 21h00Publié hier à 21h05
- 8Pérou : un car chute d'une falaise, de nombreuses victimesPublié hier à 21h00
- 9Le 20 heures du samedi 28 janvier 2023Publié hier à 20h40
- 10
- 1Les Stolpersteine, des pavés en hommage aux victimes du nazismePublié hier à 18h31
- 2Homosexualité et "péché" : la mise au point du pape FrançoisPublié hier à 17h54
- 3Pénurie de main-d'œuvre : ces entreprises qui recrutent sans CVPublié le 26 janvier 2023 à 13h18
- 4ENQUÊTE - Bordelais : que deviennent les châteaux achetés par des Chinois ?Publié le 27 janvier 2023 à 12h51
- 525.000 étrangers naturalisés pour avoir été en première ligne face au CovidPublié hier à 16h52
- 6Euromillions : un gagnant à 1 million d'euros recherché par la FDJ (et par nous aussi)Publié le 27 janvier 2023 à 14h43
- 7EN DIRECT - Retraites : Darmanin accuse la gauche de vouloir "bordéliser le pays"Publié le 22 janvier 2023 à 9h20
- 9VIDÉO - Plutôt que d'augmenter leur salaire, un patron normand offre... une voiture électrique à tous ses employésPublié le 27 janvier 2023 à 16h50
- 10Les demandes de changement de nom en forte haussePublié le 27 janvier 2023 à 11h40
- InternationalMort de Tyre Nichols : la nouvelle affaire qui choque l'Amérique
- Sujets de sociétéRetraites : 31 janvier, 2e round de la contestation contre la réforme
- InternationalL'Occident se résout à livrer des chars à l'Ukraine
- TransportsUn "incendie volontaire" paralyse la gare de l'Est
- PolitiqueLe PS se déchire sur l'élection de son patron