SANTE - De 2006 à 2015, le pourcentage d'enfants maigres est passé de 8% à 13% chez les 6-17 ans. Les spécialistes pointent les effets d’une pression sociale en faveur de cette extrême minceur, favorisée par les réseaux sociaux.
Avant, il y avait la pression sociale. Maintenant, il y a la pression sociale, relayée, amplifiée, démultipliée, par les réseaux sociaux. Une caisse de résonance qui ne serait pas étrangère à cette obsession de la minceur, voire de la maigreur, qu’entretiennent les adolescents et adolescentes aujourd’hui.
L'étude publiée ce mardi de l'agence sanitaire Santé publique France inquiète : le pourcentage d'enfants maigres est passé de 8% à 13% chez les 6-17 ans entre 2006 à 2015. Une catégorie est particulièrement concernée : les filles de 11 à 14 ans. Elles sont cinq fois plus nombreuses qu'il y a dix ans à être maigres (19,6% contre 4,3%). Parmi les facteurs explicatifs, les professionnels de santé pointent la pression sociale en faveur de cette appétence pour l’extrême minceur, et les "défis" sur internet, souvent venus d’Asie, qui incitent les filles à être le plus maigre possible.
La maigreur accessible en ligne
Il suffit d’ailleurs de taper "thinspo" contraction des mots anglais thin (maigre) et inspiration, "bonespo", "skinny", "thin" ou "proana" dans les barres de recherches, pour tomber sur des flopées de photos ou comptes faisant l’apologie de la maigreur extrême.
Plus généralement, certains "défis" ou "tendances" émergent régulièrement depuis quelques années. Retour sur les principaux "défis" qui ont circulé sur les réseaux, ces dernières années.
"Ribcage bragging", ou la fierté d’avoir des côtes apparentes
Avoir la cage thoracique qui ressort, quoi de plus joli. C’est pourtant une des nouvelles tendances, qui commence à faire son petit chemin sur Instagram, renforcé par l’approche de l’été.
Derrière cela, notamment un comte Instagram, qui regroupe des photos de mannequins, comme Bella Hadid ou Emily Ratajkowski, correspondant à ces critères. Dans les faits, la "tendance", très médiatisée, reste relativement circonscrite : seuls une centaine d’occurrences existent.
Le A4 challenge, ou défi de la feuille de papier
En gros : être aussi mince que ne l’est une feuille de papier, dans sa largeur. Et prendre soin de bien le montrer, en postant sa photo sur Instagram, Twitter, Facebook. Ce qui garantit un tour de taille compris entre 42 et 21 centimètres...
Make fit happen, so easy!!! #A4Waist #a4waistchallenge #A4Challenge pic.twitter.com/pJYVhSV1BA — Lulu Cheng (@chenglulu1127) 6 mai 2016
Si de nombreuses "influenceuses" ont allègrement embrayé le pas, fières de montrer qu’elles pouvaient entrer dans les habits d’enfants de 8 ans, d’autres n’ont pas hésité à riposter avec humour, et trouvé la parade.
Yo también me uno al magnífico hashtag #A4Challenge y me voy a comerme un helado xDDDD pic.twitter.com/xrFFOReZnS — Una de Rizos... (@LaRizos) 21 juin 2016
How European women respond to #A4WaistChallenge aka #A4Challenge pic.twitter.com/WqsBPXFU3t — it wasnt me ! (@itwasntmathew) 31 mars 2016
Le Ab Crack challenge, le creux entre les abdos
Elle est jeune, elle est belle, elle adore poser dénudée. Emily Ratajkowski est sans doute à l’origine du "ab crack" (ou creux des abdos), lancé en postant une photo d’elle en maillot de bain. Et comme la top sait poser pour mettre en valeur sa silhouette, les internautes ont surtout remarqué cette saillante fente abdominale, qui va de sa poitrine à son nombril.
Plus de 470 000 likes et 9000 commentaires sous le cliché, la toile s’est emballée. Là encore, certains ont trouvé la parade.
El #AbCrack sigue haciendo estragos pic.twitter.com/Qg2gLJaT9c — Juan Domingo Peron (@ElFraudeAmplio) 22 juillet 2016
Et ont proposé un autre défi : le “intelligencegap”.
Ladies, I don't want to see your #abcrack , I want to see your #intelligencegap over the (male) competition. #BrainGame #SmartIsSexy — Sara McDowell (@sarabinwv) 2 novembre 2016
Le Belly button challenge ou "défi nombril"
Plutôt surréaliste, ce défi, toujours venu d’Asie, consiste à passer son bras derrière son dos et à toucher son nombril ("bellybutton"). Preuve, selon les utilisatrices chinoises, qui l’ont lancé, de belle santé et de souplesse.
#BellyButtonChallenge 😏 pic.twitter.com/NPt1UHm6Q8 — Ale Gómez (@aleg0mez) 15 mars 2017
La parade, cet internaute l’a trouvé : il propose le "ear challenge" : c’est moins propice à un tour de rein, et ça a le mérite de replonger dans l’esthétique des statues grecques.
The gods think the #bellybuttonchallenge is ridiculous & do the #earchallenge instead #classics #archaeology #Berlin pic.twitter.com/fgVtri0jMf — Alina Kozlovski (@AlinaKozlovski) 16 août 2016
Le #collarbonechallenge ou la clavicule apparente
Voir les os le plus possible, c’est un des objectifs relayés par les pro-anorexie ou partisans du culte de l’extrême minceur. L’idée est donc ici d’avoir les clavicules les plus apparentes possibles. Certains, pour bien montrer la profondeur de cette anfractuosité, essaient d’y coincer le plus de pièces de monnaie possible.
Summer 🌞🌞😍 #Collarbone pic.twitter.com/WKOsv6TTbt — Kimberly Bieber (@CutiepulBieber) 14 avril 2017
Le "iPhone 6 Challenge" : ne pas avoir des genoux plus larges qu'un téléphone
Encore une tendance venue de Chine, où les jeunes filles essaient de montrer que les jambes parfaites sont celles dont les genoux se cachent derrière un écran de téléphone. Pour protester, certaines malines savent choisir l'écran adapté...
#Iphone6Challenge pic.twitter.com/vmKMi4jPnO — Leticia Gonzalez (@Leticiagoga) 9 avril 2016
Le thigh gap, ou l’écart entre les cuisses
Il commence à se faire oublier, mais a vécu de belles heures sur internet : ce fameux "trou entre les cuisses", présenté comme une morphologie idéale, à atteindre. Sauf que, dans les faits, les jeunes filles auront beau se creuser l’estomac, cette configuration est surtout une question de morphologie.
perfect #thinspiration #thighgap #goals pic.twitter.com/dgosndUe2Y — TheQueenOfDisaster (@DivaFromFinland) 8 juin 2017
Et tous les sites ou blogs pro-ana
Ils pullulent sur internet, relayés par les réseaux, et font allégrement la promotion de l’anorexie : les sites internet ou blog pro ana, dans lesquels les filles se transmettent des conseils pour maigrir. L’ancien député socialiste de l’Isère, Olivier Véran, avait souhaité les interdire, lors du débat sur la santé en 2015. Peine perdue, l’Assemblée n’avait pas légiféré. "Quelques spécialistes nous avaient expliqué que cela permettait à des jeunes filles très isolées d’exprimer leur mal-être. Et d’avoir ainsi une sorte d’exutoire", explique le politique à La Croix. "Ces blogs peuvent aussi permettre aux parents de repérer une dérive chez leur fille." Seule mesure destinées à "prévenir les troubles du comportement alimentaire", une loi qui entrera an vigueur le 1er octobre. Elle oblige à indiquer la mention "photos retouchées" dans les publicités, et obligera les mannequins à fournir un certificat médical pour exercer leur activité.
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