Changement d'heure : six questions pour remettre les pendules à l'heure d'hiver

Publié le 25 octobre 2023 à 23h30, mis à jour le 25 octobre 2023 à 23h40

Source : TF1 Info

Le passage à l'heure d'hiver qui s'approche va nous faire gagner 60 précieuses minutes de sommeil supplémentaires.
À 3h dans la nuit de samedi à dimanche, comme tous les derniers week-ends d'octobre, il sera donc 2h.
L'occasion de faire le point sur toutes les idées reçues qui circulent à ce sujet.

Une heure de sommeil en plus, sans le moindre effort ni même quitter son lit. Ce dimanche 29 octobre 2023, nous aurons changé d'heure. Dans la nuit de samedi à dimanche, à 3h du matin, il vous faudra reculer les aiguilles pour revenir à 2h. Une habitude prise par les Français depuis le choc pétrolier des années 70. Le premier changement d'heure en France a eu lieu le 28 mars 1976 pour le passage à l'heure d'été et le 26 septembre 1976 pour le premier passage à l'heure d'hiver. 

Le changement d'heure, bientôt une histoire ancienne ?

Avec le passage à l'heure d'hiver resurgissent les nombreuses critiques à son encontre. Instauré en France en 1975 pour faire des économies d'électricité, il n'aurait finalement qu'un effet minime sur la consommation d'énergie. En revanche, le changement d'heure contribuerait à dérégler les rythmes biologiques avec des conséquences sur le sommeil, l'humeur ou encore les troubles de l'attention.

Alors pourquoi sa suppression n'est-elle toujours pas actée ? Cette proposition avait été faite par la Commission européenne en 2018 pour une application dès 2019, avant d'être reportée sine die en 2021 suite à un vote du Parlement européen. Les eurodéputés souhaitaient d'abord s'accorder avec le Conseil des chefs d'État et de gouvernement sur les modalités. Car si le régime du changement d'heure a été progressivement généralisé dans les années 1980 avant d'être harmonisé en 2002 au niveau européen, sa suppression entrainait la question du choix de l'heure d'été ou d'hiver par les États, afin d'éviter d'aboutir à une multitude de fuseaux horaires sur le Vieux continent.

Mais depuis, la question n'a toujours pas été tranchée, reportant aux calanques grecques sa suppression. Car, entre temps, les États ont été accaparés par de nombreux sujets : le Brexit, la crise du Covid ou encore, bien que la question ne se soit plus vraiment posée depuis, la guerre en Ukraine.

Qui a eu cette idée folle, un jour de changer d'heure ?

C'est ce, ce sacré Willett ! Son nom ne vous dit sans doute rien. Pourtant, l'idée d'instaurer l'heure d'été est attribuée à l'entrepreneur et industriel britannique William Willett il y a cent douze ans. 

 

En 1907, William Willett rédige une brochure intitulée 'The Waste of Daylight', traduisez 'Le Gaspillage de l'ensoleillement'. D'après un article de la BBC, l'homme était étonné que ces concitoyens ne profitent pas davantage de la lumière du jour les soirs d'été et soutenait que son pays pouvait économiser 2,5 millions de livres sterling en frais d’éclairage. Lui vint alors une idée : avancer les horloges de 80 minutes en avril, puis les reculer en septembre également de 80 minutes. 

Malgré ses efforts acharnés pour convaincre les élus britanniques, William Willett mourra avant de voir son rêve se réaliser. Alors en plein conflit mondial, l'Allemagne et le Royaume-Uni adopteront l'heure d'été en 1916 pour réaliser des économies sur le charbon, première source d’énergie pour l'industrie et les foyers en Europe à l'époque.

Va-t-on assister à une sacrée pagaille dans le ciel ?

Vrai... mais pas tout de suite, rassurez-vous. Les modifications saisonnières de l'heure sont évidemment anticipées par les compagnies aériennes et par l'aviation civile. Ce qui inquiète les professionnels du secteur, c'est le jour où le changement sera définitivement abandonné. L'attribution des créneaux - pour le décollage, l'emprunt des couloirs de vol, l’atterrissage et le temps que l'appareil passe au sol - fait l'objet d'une demande préalable et attribuée deux fois par an lors de grandes conférences réunissant les représentants de toutes les compagnies internationales.

Ainsi, il est impossible de décider de l'abandon de l'heure d'été ou de l'heure d'hiver sans chambouler tout ce rouage complexe. Pour mieux comprendre, prenons l'exemple d'un vol Paris-Séoul. L'avion quitte la France à 22h30, heure d'été, pour atterrir en Corée du Sud à 17h30, heure locale. Si l'heure d'été est finalement abandonnée au profit de l'heure d'hiver, l'avion quittera Paris toujours à 22h30, mais arrivera désormais à Séoul à 16h30. Or, la compagnie ne disposera pas de ce créneau pour atterrir une heure plus tôt, heure locale. 

Seule solution : les Européens devront s'accorder au moins 6 mois à un an en amont sur la fin du changement d'heure. Le pire des scénarios serait que chaque pays de l'Union opte pour une heure différente : ceux restant à l'heure d'hiver et ceux à l'heure d'été. 

Sur les routes, les piétons sont-ils plus en danger ?

C'est malheureusement vrai. "La mortalité routière des piétons atteint son maximum en automne/hiver : près de la moitié des piétons tués chaque année le sont sur les quatre mois d’octobre à janvier", relève la Sécurité routière. Un phénomène qui peut notamment s'expliquer par le fait qu'avec le passage à l'heure d'hiver, la nuit tombant alors en fin d'après-midi, il fait plus sombre lors du retour à la maison, "pouvant créer un sur-risque d’accident piéton", confirme l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (Onisr).

"Le passage à l’heure d’hiver se traduit par une soudaine baisse de la luminosité à une heure fixe. Entre 17h et 19h, dans un contexte de circulation dense, il fait tout à coup plus sombre au moment des sorties d’école et du travail. Les usagers de la route dits vulnérables sont alors moins visibles, notamment les cyclistes et les utilisateurs de trottinettes, les exposant davantage au risque d’accident", prévient la Sécurité routière

Le changement d'heure est-il plus propice aux AVC ?

Étonnant, mais vrai. Le changement d'heure aurait bien une incidence néfaste pour les personnes présentant des troubles cardiaques. Mais ce phénomène est observé au moment du passage à l'heure d'été. En 2016, des chercheurs finlandais avaient démontré dans une étude qu'"avancer ou reculer d'une heure, pendant la transition vers l'heure d'été, peut être lié à un risque accru d'accident vasculaire cérébral (AVC)." Pour les personnes âgées de plus de 65 ans, le risque est 20% plus élevé de subir un AVC juste après la transition. 

Dans son rapport publié en 2017 sur le changement d'heure, le Parlement européen considère d'ailleurs l'heure d'été comme un "inconvénient" en raison de la "perturbation du biorythme humain" engendrée. 

Un moyen pour réaliser des économies d'énergie ?

C'est vrai... En partie. Heure d'hiver ? Heure d'été ? Le débat est éternel tant les situations varient. Si l'heure d'été à l'avantage de prolonger nos soirées, l'heure d'hiver serait la plus en adéquation avec le rythme biologique humain, comme expliqué précédemment. 

Au sein de l'étude de 2017 du Parlement européen sur les effets des modifications saisonnières de nos horloges biologiques, les conclusions des eurodéputés sont sans appel : "Si l'heure d'été est bénéfique au marché intérieur, notamment le secteur des transports et aux activités de loisirs. [le changement d'heure] génère des économies marginales de consommation d’énergie et l'impact sur les autres secteurs économiques est en grande partie peu concluant."


La rédaction de TF1info

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