AGACEMENT - Ce mardi matin, coup de tonnerre : Nicolas Hulot quitte le gouvernement. Pour beaucoup, il n'y a aucun doute, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase c'est l’annonce de nouvelles mesures favorables aux chasseurs. De quoi parle-t-on ? En quoi ces mesures ont exaspéré les écologistes ? LCI fait le point.
Ce lundi 27 août, la Fédération nationale des chasseurs est aux anges. "C'est une réforme de fond et le président de la République a une écoute formidable", s'est félicité Thierry Coste sur France Info à la sortie d'une réunion avec le président, "non pas seulement vis-à-vis de la chasse, mais vis-à-vis des acteurs de la ruralité". Après avoir à plusieurs reprises exprimé son soutien à la pratique de la chasse, le président de la République est passé à la vitesse supérieure en annonçant cette fois des mesures fortes en faveur des chasseurs.
Critiquant les anciens présidents qui draguaient les chasseurs en campagne puis les oubliaient durant leur mandat, l'influent lobbyiste de la chasse applaudit des deux mains : "Avec Emmanuel Macron, c'est quand même un service continu", glisse-t-il au micro de TF1.
Parmi ces mesures, la plus médiatique est la division par deux du prix du permis national. Pour chasser sur tout le territoire, il faudra dorénavant débourser 200 euros contre 400 actuellement. Une annonce forte de démocratisation de ce loisir, et qui en a fait bondir plus d'un.
"Une petite minorité des chasseurs va confisquer en toute quiétude une part non négligeable du patrimoine commun aux promeneurs, naturalistes et amoureux de la nature et des animaux. Situation ubuesque", a réagi sur Twitter l'eurodéputée, EELV Karima Delli. Mais au fond, ce n'est pas cela qui inquiète le plus les écologistes. Selon la Fédération Nationale des chasseurs, ce permis ne concerne effectivement que 10% des 1,2 million de chasseurs français.
🔴Accord donné pour que le prix du permis de #chasse soit divisé par 2, à 200€. Une petite minorité des chasseurs va confisquer en toute quiétude une part non négligeable du patrimoine commun aux promeneurs,naturalistes et amoureux de la nature et des animaux.Situation ubuesque! — Karima Delli (@KarimaDelli) 27 août 2018
Alors quel est le problème ? Nombre d'associations de défense de l'environnement pointent du doigt la "gestion adaptative" des espèces chassables. Contrairement à ce qu'ils espéraient, cette nouvelle gestion va se traduire par un allongement significatif de la liste des espèces concernées, ainsi que des quotas autorisés. Déjà, Emmanuel Macron vient d'accorder à la puissante fédération le droit de chasser six nouvelles espèces d'oiseaux. Parmi elles : les grands tétras, les barges à queue noire, les tourterelles des bois ou encore les oies cendrées.
Face à cette annonce, le président de la Ligue de protection des animaux (LPO) bouillonne : "C'est du clientélisme pathétique", lâche-t-il sur France Info. "En France, on chasse 64 espèces d'oiseaux différentes", alors que "dans le reste de l'Europe, la moyenne est de 14 espèces", regrette Allain Bougrain-Dubourg. Surtout, "parmi les 64 espèces chassées en France, il y en a 20 qui sont sur la liste rouge des espèces menacées, qui sont en agonie et que, pourtant, on chasse. (…) C'est inacceptable qu'on puisse continuer à tirer sur des oiseaux qui sont à l'agonie."
C'est une catastrophe... Nous ne voulons pas de ce monde ! Le respect du vivant devrait être la priorité de tous les élus ! @EmmanuelMacron #EnMarche @N_Hulot https://t.co/fG8fU8En8l — A. D. D. A. (Ardèche/Drôme Défense-Animale) (@adda26_07) 27 août 2018
Un conseil scientifique sera mis en place à l’automne pour définir de nouveaux quotas pour chaque espèce concernée. Une inquiétude supplémentaire pour les associations écologistes : les chasseurs espèrent que certaines espèces aujourd’hui protégées pourront à terme être chassées.
"C'est une catastrophe, nous ne voulons pas de ce monde", s'agace l'association Ardèche/Drôme Défense Nationale. "Il faut arrêter de se coucher devant les chasseurs", tance de son côté le porte-parole de la fondation Brigitte Bardot.
À 16h @EmmanuelMacron reçoit @WillySchraen , en présence de @N_Hulot et @SebLecornu ... l'occasion de dénoncer et abolir les chasses cruelles ? La France ne doit pas rester l'éternelle lanterne rouge de la condition animale, il faut arrêter de se coucher devant les chasseurs ! pic.twitter.com/EnlJfm5S8L — FONDATION B. BARDOT (@FBB_PORTEPAROLE) 27 août 2018
Du côté du gouvernement, on met pourtant en avant des mesures équilibrées. Le secrétaire d’Etat à la Transition écologique souligne qu'un fonds de 16 millions d'euros sera créé pour mettre en place des actions en faveur de la biodiversité comme la restauration de haies ou de zones humides (5 euros prélevés sur chaque permis national, abondés par l’Etat de 10 euros par chasseur). Pour Sébastien Lecornu, le renforcement d'une police de l’environnement – grâce à la fusion de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) – permettra également de lutter contre la chasse illégale.
De quoi justifier aux yeux de la Fédération nationale des chasseurs, sa nouvelle campagne d'affichage : "Les chasseurs, premiers écologistes de France ?"
#InversionPatriarcale - Campagne d'affichage ce mardi : Les chasseurs, premiers écologistes de France ? Avec point d'interrogation, ce qui prouve qu'ils n'y croient pas eux-mêmes, tellement c'est gros ! https://t.co/3jozAJyXQm via @FranceAgricole #chasse pic.twitter.com/HvezOc0Vte — Hypathie (@HypathieBlog) 28 août 2018
Les écologistes, eux, rient jaune. "On ne fait que des cadeaux aux chasseurs, on rétablit les chasses présidentielles, on met des silencieux sur les fusils (...) et pendant ce temps, la faune agonise, ce n'est pas acceptable", se désole Allain Bougrain-Dubourg.
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