Hausse de la mortalité sur les routes : la faute aux radars vandalisés ?

Cedric Stanghelini
Publié le 28 mars 2019 à 19h53, mis à jour le 1 avril 2019 à 12h22
JT Perso
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Source : Sujet JT LCI

À LA LOUPE - La mortalité routière enregistre une forte hausse pour le mois de février : +17,1% de décès sur les routes françaises par rapport à février 2018. Dans son communiqué, l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière pointe notamment du doigt les destructions de radars depuis novembre par le mouvement des Gilets jaunes. Quel impact réel ? Eléments de réponse.

Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, en est certain : le rebond de mortalité sur les routes françaises est notamment dû à la destruction des radars fixes. "C'est assurément la cause de la hausse des morts," explique-t-il à LCI. Un lien déjà confirmé par Christophe Castaner pour expliquer les mauvais chiffres de janvier (+3,9% de mortalité sur les routes). D’après le ministre de l’Intérieur ,au 1er mars, 75% des 3.200 radars étaient "soit détruits, soit détériorés, soit attaqués, soit neutralisés".

Pourquoi les chiffres de la sécurité routière de février sont-ils si mauvais ?

Nous nous sommes penchés sur la publication de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), qui publie chaque mois les chiffres nationaux. En février dernier, 253 personnes sont décédées sur les routes, contre 216 en février 2018, soit une hausse de 17,1%. Une mortalité supplémentaire qui augmente sur les routes situées hors agglomération et qui concerne essentiellement les piétons et les cyclistes.  

Lorsqu’on regarde dans le détail, on peut comprendre l’inquiétude de l’ONISR : tous les chiffres sont dans le rouge. Par rapport à février 2018, le nombre d'accidents a augmenté de 22,3%, celui de victimes de 21,3% et le le nombre de blessés de 21,5%. Pour expliquer ces hausses, Emmanuel Barbe pointe donc du doigt les destructeurs de radars. Il assure que les chiffres sont redevenus inquiétants à partir du mois de novembre 2018, début du mouvement des Gilets jaunes.

Quel lien établir entre les destructions de radars et la mortalité sur les routes ?

La destruction des radars a-t-elle entraîné une hausse des accidents ? Depuis novembre, enregistre-t-on plus d’accidents de la route  sur les tronçons où les radars ont été dégradés ?  Pas facile à déterminer.

Nous avons commencé par compiler les chiffres nationaux depuis novembre, début du mouvement Gilets Jaunes. Premier constat : impossible de parler d’une tendance uniforme à la hausse des accidents. En novembre 2018, premier mois du mouvement des Gilets jaunes, les accidents avaient diminué de 4,7% et les tués de 1,8% par rapport à novembre 2017. En décembre 2018, les accidents avaient augmenté de 13,8% mais le nombre de tués, était lui en baisse 13% par rapport à décembre 2017. Enfin en janvier 2019, l'ONISR enregistrait une baisse de 4,3% des accidents mais les tués étaient en augmentation de 3,9% par rapport à janvier 2018. Pour rappel, ces hausses et ces baisses sont comparées par rapport au mois de l’année précédente. Les conditions météo ou de circulation peuvent varier, d’où une disparité dans les chiffres.

Peut-on réaliser une vérification locale ?

Chaque préfecture comptabilise tous les mois les accidents par département. Il serait donc possible de vérifier si, effectivement, les accidents supplémentaires ont eu lieu sur les tronçons aux radars détruits. Malheureusement, à l'heure où nous écrivons, les préfectures contactées n'ont pas souhaité communiquer officiellement sur ce sujet, "d'après des consignes du ministère." Toutefois, la préfecture de Loire-Atlantique, seule à avoir répondu, nous a indiqué que, dans ce département, que "malgré un taux de dégradations important des radars, le nombre de flash a été multiplié par deux". Ce qui, d'après la préfecture, "illustre clairement le relâchement du  comportement des usagers sur les routes."

Mais quelques éléments de réponses nuancent la position générale de l'ONISR. Dans une préfecture du centre de la France, où la moitié des radars ont été détruits, notre interlocuteur, agent d’un service de sécurité routière, nous a expliqué que les radars détériorés dans son département sont surtout implantés en sortie d'agglomération, "des zones pas particulièrement accidentogènes." Le lien ne pourrait donc pas être si facilement établi. Les données de l’ONISR nécessitent une analyse plus fine. 

Un relâchement général dans le comportement au volant : l'exemple de l'Ain

Pour autant, peut-on dire qu'il n'existe peu ou pas de corrélation entre ces mauvais chiffres et la destruction des radars ? Non, un lien semble exister. Nous  avons pris l'exemple de l'Ain, qui a subi de nombreuses destructions de radars. Actuellement, seuls 3 radars automatiques fonctionnent sur les 27 existants.

D'après, les relevés de vitesse moyenne effectués par le service d'Hervé Boyer, responsable du service des routes au conseil départemental, "entre le 1er juillet 2018 et le 1er décembre 2018, la vitesse moyenne a baissé de 4 km/h. Cela correspond à l'entrée en vigueur du 80 km/h. En revanche, depuis le 1er décembre et jusqu'au 1er mars 2019, nous relevons une hausse de 1,5 km/h de la vitesse moyenne".  

Cet exemple, pas forcément extensible à l'échelle nationale, laisser penser que la destruction des radars a provoqué un relâchement des automobilistes sur l'ensemble du réseau et pas seulement devant les radars détruits. Toutefois, Hervé Boyer reste prudent. "Pour l'instant, un lien entre la destruction des radars dans l'Ain et une hausse de la vitesse ne pourra être établi de manière sûre que dans plusieurs mois." 

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Cedric Stanghelini

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