LETTRE OUVERTE - Une dizaine d'associations, menées par Osez le féminisme !, publie une lettre ouverte demandant aux votants des César de ne pas plébisciter Roman Polanski, accusé de viols. Son film "J'accuse" est en tête des nominations de la 45e édition, qui aura lieu le 28 février à la salle Pleyel.
"Si violer est un art, donnez à Polanski tous les Césars !". Ce mercredi 12 février, à l'initiative d'Osez le féminisme !, plusieurs organisations féministes publient dans Le Parisien une lettre ouverte contre le plébiscite de Roman Polanski. Le film "J'accuse" du réalisateur franco-polonais, qui relate l'affaire Dreyfus du point de vue du colonel Picquart, héros oublié du dossier, a été nommé à 12 reprises pour les récompenses du cinéma français qui seront remises le 28 février à la salle Pleyel à Paris.
"12 nominations aux Césars pour le film J'accuse de Roman Polanski. 12, comme le nombre de femmes qui l'accusent de viols pédocriminels. Les associations et personnalités féministes seront là le 28 février 2020 à la cérémonie des Césars pour appeler à dire NON à la célébration d'un violeur qui silencie les victimes", écrivent les associations, qui appellent à ne pas voter pour le film du cinéaste, qui "instrumentalise l'affaire Dreyfus pour se réhabiliter et se poser en victime alors qu'il est bourreau." Peu avant la sortie de "J'accuse", la photographe Valentine Monnier accusait Romain Polanski de l'avoir violée en 1975.
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Célébrer un agresseur comme Polanski, c'est soutenir le système d'impunité
La lettre ouverte des organisations féministes
Dans leur texte, les associations féministes s'adressent directement à Alain Terzian, le président de l'Académie des César, "qui invisibilise encore trop les femmes au bénéfice des agresseurs". "Refuser de prendre position, célébrer un agresseur comme Polanski, c'est soutenir le système d'impunité des violences masculines, et museler la parole des victimes", poursuivent-elles, lui assurant qu'il se "trompe" en refusant "les positions morales". "Il s'agit de justice, pas de morale", appuient-elles.
Cette lettre ouverte s'ajoute à la tribune au vitriol publiée dans Le Monde, contre l'Académie des César. De nombreuses célébrités signataires, parmi lesquelles Omar Sy, Leïla Bekhti et Michel Hazanavicius, ont dénoncé son fonctionnement, mettant en avant le "manque de parité", "l'opacité des comptes" et des statuts qui "n'ont pas évolué depuis très longtemps". Mardi 11 février, pour faire face à cette crise, le conseil d'administration de l'Académie des César a demandé une médiation au Centre national du cinéma (CNC) pour mettre en place "une profonde réforme" de ses statuts et de sa gouvernance.