La fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe n'est pas la seule occurrence historique commémorée en France le 8 mai.À Orléans, les habitants célèbrent aussi la libération de leur ville par Jeanne d'Arc, plusieurs centaines d'années plus tôt.
Le 8 mai 1945 n'est pas la seule date qui rime avec libération. À Orléans, les riverains commémorent aussi, en ce même 8 mai, la victoire de Jeanne d'Arc face aux Anglais, en 1429. Près de 600 ans après ses exploits, la paysanne originaire de Domremy demeure la grande figure de la ville. "C’est une femme qui s’est lancée dans l’aventure et qui a fait des choses d’hommes. À l’époque, il n’était pas question pour une femme d’être habillée en homme et encore moins de faire la guerre", analyse Yann de Pinieux, chancelier diocésain de la cathédrale Sainte-Croix (Orléans), lors d'un reportage de TF1.
Des fêtes en l'honneur de l'héroïne sont organisées chaque année au début du mois de mai (du 29 avril au 8 mai 2022 pour la 593e édition). En point d'orgue de ces célébrations, un hommage officiel à Jeanne d'Arc. Mais alors, pourquoi une telle fierté ?
Orléans assiégée par les Anglais
Après des années de trêve, d'une paix précaire et fragile, la guerre de Cent Ans reprend de plus belle en 1411. Les Anglais, brillants vainqueurs à Azincourt en 1415, épaulés de leurs alliés bourguignons, prennent rapidement le contrôle du nord du royaume de France. Le sud est, lui, resté fidèle à la dynastie royale. Pas rassasiés, les sujets de la Perfide Albion tentent de pousser leur avantage et de prendre le contrôle de nouveaux territoires. Ils doivent, pour cela, traverser la Loire.
C'est dans ce contexte qu'en octobre 1428, ils attaquent Orléans, ville fortifiée de 20.000 habitants avec un pont unique sur la Loire, véritable porte d'entrée vers le sud du royaume. Face à la résistance de la garnison, les Anglo-Bourguignons assiègent la cité. Pas suffisamment nombreux pour l'encercler totalement, ils se contentent de la ceinturer en construisant une dizaine de bastides (forts provisoires).
Jeanne d'Arc rencontre alors, à Chinon, le Dauphin - terme désignant l'héritier à la Couronne de France - Charles. La jeune femme, alors âgée de 17 ans seulement, tente alors de convaincre celui qui deviendra le roi Charles VII de lui confier une armée pour secourir Orléans. D'abord sceptique, il accepte finalement les services de la paysanne et l'envoie, à la tête d'une armée, pour libérer la ville du centre de l'Hexagone. Elle se rend d'abord à Blois pour y rejoindre un convoi de ravitaillement. Quelques jours plus tard, le 29 avril, elle parvient à entrer à Orléans.
Orléans liberée par Jeanne d'Arc
Dès lors, celle que l'on surnomme "la pucelle", du fait de son très jeune âge, prend en main le commandement de la garnison. Initialement raillée par les officiers, elle gagne leur respect par son énergie et sa foi. Rapidement, elle multiplie les sorties sur les positions anglaises, les forçant à se retrancher dans leurs propres fortifications. Les assiégeants sont devenus les assiégés. Sans relations entre eux, ils ont le plus grand mal à élaborer une stratégie défensive globale et à se soutenir les uns les autres. Habilement, les troupes françaises attaquent les bastides, les unes après les autres. Le 7 mai, elles lancent l'assaut final sur l'ultime fortification, les Tourelles. Malgré une résistance anglaise acharnée, les soldats de Jeanne d'Arc, blessée à l'épaule durant la bataille, finissent par prendre le dessus.
Le lendemain, le 8 mai, le gros de l'armée anglaise se met en ordre de combat dans la plaine. Mais "la pucelle d'Orléans" refuse l'affrontement en ce jour, un dimanche. Dans la foulée, les troupes ennemies lèvent définitivement le siège et se replient. Orléans est libre. Mieux, les sujets de sa majesté doivent abandonner 1000 morts et 600 prisonniers.
Cette victoire constitue l'un des tournants de la guerre de Cent Ans et contribue à renverser le cours du conflit. C'est aussi le plus grand fait d'armes de Jeanne d'Arc, qui finira brûlée sur le bûcher en 1431.