À LA LOUPE – Évoquer la suppression d'un jour férié provoque toujours des débats houleux. Il semble impossible de toucher aux jours chômés célébrants des victoires nationales, une marque d'irrespect pour les vétérans et les victimes. Mais savez-vous que le 8 mai n'a pas toujours été un jour férié et chômé ?
Le 8 mai, les Français célèbrent la Victoire des Alliés qui marque la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Le 8 mai 1945 correspond à la date de la capitulation de l'Allemagne nazie. Mais parmi tous les Alliés, la France est le seul pays à fêter la victoire cette date-là, et cette célébration a connu de nombreux rebondissements.
Histoire mouvementée des célébrations du 8 Mai 1945
En 1946, un an après la Victoire des Alliés et la signature de l'armistice, se pose la question des célébrations du 8 Mai. L'Assemblée constituante tranche par une loi. Le texte précise que la date des commémorations "sera fixée le 8 mai de chaque année si ce jour est un dimanche et dans le cas contraire, le premier dimanche qui suivra cette date." Ainsi, les célébrations de 1946 auront lieu le dimanche 12 mai, le 8 tombant un mercredi.
Mais d'après un article du site du Comité régional de documentation pédagogique de l'académie de Reims, en 1951, le gouvernement a décidé de commémorer la Victoire alliée de 1945 le mardi 8 Mai, sans attendre le dimanche. L'année 1953 marque ainsi le retour du 8 mai férié.
En avril 1959, quatre mois après la prise de fonction de Charles de Gaulle à la présidence de la République, le gouvernement mené par Michel Debré supprime le caractère férié du 8 Mai. Le décret justifie que "la commémoration à la date du 8 Mai aboutit à multiplier le nombre de jours fériés durant le courant de ce mois, au préjudice non seulement de l'activité nationale, mais aussi de certaines catégories de travailleurs." En soixante ans, les motivations de suppression de jour férié n'ont que peu changé.
Valéry Giscard d'Estaing supprime les commémorations
Pour des motifs de construction européenne, Valéry Giscard d'Estaing décide le 9 mai 1975 tout bonnement de supprimer les commémorations du 8 Mai 1945. Invité à l'Elysée le jour de l'annonce, le président allemand, Walter Scheel, déclara : "C'est avec une profonde satisfaction que j'ai pris connaissance de votre décision ne plus célébrer à l'avenir l'anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale."
Le président de la République se justifiera lors d'un échange avec des journalistes à l'Elysée quelques semaines plus tard : "J'ai été frappé de voir que beaucoup de commentaires portaient sur la guerre, portaient sur la victoire, sur l'écrasement des adversaires, c'est-à-dire précisément sur ces démons que nous avons le devoir de faire disparaître de l'Europe d'aujourd'hui." Il dénoncera également sa surprise de voir les trottoirs vides autour de la place de l'Etoile lorsqu'il accompagnait son prédécesseur Georges Pompidou aux cérémonies. Valéry Giscard d'Estaing préféra célébrer le 9 mai, fête de l'Europe.
François Miterrand rétablit le jour férié
L'arrivée de l'Elysée de François Mitterrand marque le retour des célébrations du 8 mai et de ce caractère férié. Le Président a préféré écouter les nombreuses associations d'anciens combattants qui s'insurgeaient, depuis 1975, contre la suppression des commémorations.
En septembre 1981, l'Assemblée nationale adopte le retour du 8-Mai comme férié. A l'époque, le ministre des Anciens combattants qui portait cette loi, Jean Laurain, déclarait que "le 8 mai sera une fête internationale de la liberté et de la paix à laquelle participeront les anciens combattants, les associations de jeunesse et d'Education nationale."
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