Comportements sexistes et sexuels au travail : une personne sur trois en est victime

par Sébastie MASTRANDREAS
Publié le 22 novembre 2022 à 13h05, mis à jour le 1 mars 2023 à 11h04

Source : TF1 Info

Dans une enquête, le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) dresse un état des lieux des comportements sexistes et sexuels au travail.
En 2021, un adulte sur trois ayant déjà travaillé a été confronté à de tels comportements dans le milieu professionnel.
Des comportements qui touchent surtout les femmes, les jeunes et les précaires.

Cinq ans après l’onde de choc Metoo, les comportements sexistes et sexuels restent encore bien présents en France, et ils n’épargnent pas le milieu professionnel. Alors que 78% des Françaises ont été victimes d’un acte sexiste en 2021, selon le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) complète cet état des lieux. 

Dans son enquête inédite, baptisée "enquête Geneste", publiée le 21 novembre, le SSMSI dresse un panorama des violences en France métropolitaine et consacre un éclairage sur ces comportements dans le cadre du travail. On y apprend qu’en 2021, près d’un adulte sur trois (28,4 % des 18-74 ans) ayant déjà travaillé, a été confronté au cours de sa vie professionnelle à un comportement sexiste ou sexuel. Et 9,4 % des personnes interrogées en ont été victimes dans le cadre de leur travail actuel. Des situations qui concernent trois fois plus les femmes que les hommes. On fait le point.

Des comportements qui se "cumulent bien souvent"

L’enquête distingue quatre types de comportements sexistes "qui créent un environnement de travail intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant". Il s’agit de regards déplacés ou insistants (qui représentent 94% des situations rapportées par les personnes interrogées) ; de la transmission d’images ou de vidéos sexuellement explicites, d’e-mail ou de SMS sexuellement explicites ou déplacés et de plaisanteries ou remarques sexistes (95 % des situations décrites par les femmes victimes et 93 % par les hommes victimes). 

Concernant les comportements sexuels, définis comme des "conduites non désirées à caractère sexuel, avec ou sans contact physique", six cas de figure ont été retenus : propositions déplacées de rendez-vous, avances déplacées sur les réseaux sociaux professionnels, propositions sexuelles déplacées, contacts physiques non désirés, chantage sexuel et autre comportement à connotation sexuelle. Autant de comportement qui "ne sont pas exclusifs les uns des autres", et qui se "cumulent bien souvent", souligne l’étude. Là encore, ce sont plus souvent les femmes qui sont touchées par les différentes dimensions (un homme victime sur dix n'a rapporté qu'une seule des dix situations recensées par le questionnaire contre 1 femme victime sur 3).

Les jeunes et les précaires davantage visés

L’enquête dresse enfin le profil des victimes. Il en ressort que, sur les cinq dernières années, les salariés du privé sont surreprésentés. Le rapport observe en outre une différence en fonction du statut professionnel : les femmes cadres ou exerçant une profession intellectuelle supérieure représentent une proportion un peu plus importante que l’ensemble des femmes. Chez les hommes victimes, ce sont les employés qui sont surreprésentés (23% contre 15% des hommes).

Enfin, les personnes en "CDD, intérim, en contrat d'alternance, stage ou dans un autre type de contrat" représentent une part plus élevée parmi les victimes, hommes et femmes (respectivement 30% des hommes victimes et 31% des femmes victimes contre 13% des 18-74 ans en emploi). Les plus jeunes ne sont pas non plus épargnés : "Près de la moitié des hommes victimes et plus de deux femmes victimes sur cinq ont entre 18 et 29 ans". Un chiffre qui pourrait s’interpréter, selon le rapport, "par une attitude moins respectueuse des collègues ou supérieurs envers des salariés en début de carrière professionnelle".


Sébastie MASTRANDREAS

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