À DÉCOUVERT - Bien loin d'un télétravail "qui ne serait plus une option", à pratiquer "cinq jours sur cinq", nos grandes banques ont parfois une vue très "à la carte" du protocole sanitaire de ce second confinement. Au point de mettre en danger leurs salariés ?
Un télétravail moins suivi qu'au printemps, comme à géométrie variable : c'est ce que tous constatent, depuis l'entrée en vigueur du second confinement. Loin de "l'obligation" que martèle le gouvernement, vous avez été nombreux à nous raconter vos demandes de télétravail refusées, pour des emplois où la pratique n'avait semble-t-il pas posé problème au printemps dernier.
Parmi tous ces témoignages, il en est plusieurs qui nous ont intrigués. Tous concernent de grandes banques françaises, où le retour au confinement s'accompagne d'un discours beaucoup plus nuancé sur le télétravail comme solution à l'urgence. Dans nombre de ces réseaux, il est même des activités qui sont passées au "zéro télétravail".
À la BNP, deux jours au bureau, au nom du "lien social"
Premier exemple d'une banque pour qui le "cinq jours par semaine" ne signifie pas exactement cinq : la BNP. Dans un document que nous nous sommes procurés, la DRH et le Directeur des opérations de la branche investissements de la banque expliquent que pour ce confinement, leurs locaux resteront ouverts pour les emplois "critiques". Mais au-delà, le message "invite" chaque salarié à venir au bureau "une à deux journées par semaine". L'explication ? Si l'on en croit le mail, ce serait pour préserver "le lien social qui nous unit tous", pour "enrichir notre collectif", et pour "faire avancer ensemble nos projets". "On se pose beaucoup de questions", nous explique Fabien*, employé à la BNP, "car dans le langage de l'entreprise, "inviter" ça ressemble à une consigne", ce qui a d'ailleurs été confirmé depuis par la DRH du groupe.
Un Écureuil pas très économe de ses salariés
À la Caisse d'Épargne, la situation est encore plus tranchée. "Ici, on nous dit que si on tombe malade, nous sommes responsables, car l'entreprise dit avoir appliqué tous les protocoles", nous dit Benoît. Tous, sauf apparemment le télétravail. "On pourrait organiser des rotations, et on télétravaillait bien jusqu'à mi-mai, mais pour l'instant, en agences, on se heurte à un refus catégorique", explique-t-il. "Nous sommes prisonniers de nos bureaux, pas le droit de se réunir, mais nos objectifs commerciaux n'ont pas changé, eux." Il est bien là, le nerf de la guerre : un conseiller qui télétravaille vend moins que s'il est en agence. Contactée hier mardi, la BPCE (qui regroupe Banques Populaires et la Caisse d'Épargne) n'a pas répondu à nos sollicitations.
Crédit Agricole, LCL : des agences en mode "zéro télétravail"
Problème comparable au Crédit Agricole et chez LCL, qui font partie du même groupe. "Ce qui pose problème ce sont les agences", nous explique Philippe Kernivinen, représentant syndical national pour FO, "là où certains réseaux ont réduit l'accueil en agence, chez nous on envoie des SMS aux clients pour leur rappeler que les agences sont bien ouvertes". C'est ce qu'a expliqué à ses troupes le Directeur général de Crédit Agricole SA, Philippe Brassac, dans un message où il explique que la menace du virus "n'est pas liée aux lieux de travail, mais à la contrainte des déplacements".
Une analyse un peu curieuse : ces employés qui continuent à aller travailler en agence doivent bien justement s'y rendre, souvent par les transports en commun. Et si le DG du groupe pense que le virus ne s'attrape pas au bureau, l'opinion de Santé Publique France est, elle, toute autre : l'agence dénombrait au contraire 40% de clusters d'origine professionnelle au coeur de l'été. "On a déjà eu des clusters dans nos agences", déplore Philippe Kernivinen chez FO, "le problème c'est qu'on expose les salariés, les clients, et leurs entourages au risque d'une infection, on ne contribue absolument pas à stopper la propagation du virus". Là encore, contactée il y a 24 heures, la direction de la communication du groupe n'a répondu à nos questions que par un silence poli.

Alors que syndicats et patronat ont entamé des discussions mardi sur le télétravail, la négociatrice de la CFDT Catherine Pinchaut a évoqué "de fortes remontées" venant d'entreprises qui refusent le télétravail. Et comme on le voit dans tous ces cas, le nouveau protocole national dans les entreprises, mis en ligne jeudi par le ministère du Travail, "laisse libre court à de nombreuses interprétations", a-t-elle dénoncé.
Un protocole obligatoire... mais sans pouvoir de sanctions ?
Le fond du problème tient surtout au décalage entre le ton martial des recommandations appuyées de l'exécutif, par la voix des ministres et par les préconisations du protocole sanitaire remis à jour la semaine dernière, et leur réel pouvoir coercitif, qui semble proche... de zéro. La ministre du travail Elisabeth Borne avait beau évoquer ce mardi chez nos confrères d'Europe 1 l'intervention possible de l'Inspection du Travail, et l'éventualité de sanctions, on ne sait encore sur quel moyen légal ces dernières pourraient s'appuyer au juste.
Et pour cause, le protocole sanitaire n'est ni un décret, ni une ordonnance, rien qui ait valeur de loi, comme l'a confirmé le Conseil d'État il y a quelques jours. "C'est à l'appréciation pure de l'employeur, qui décide que le poste de M. ou Mme Dupont est télétravaillable ou pas", sans discussion avec le salarié, déplore Catherine Pinchaut à la CFDT. "On voit bien qu'il y a une boulette dans la rédaction du protocole". Elisabeth Borne a dit s'entretenir quotidiennement avec les DRH de grandes entreprises. Peut-être la ministre devrait-elle aussi appeler son banquier.
* tous les prénoms ont été changés
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