Consommation, revenus, transports… : ce que la crise sanitaire a changé en France selon l’Insee

par Cédric STANGHELLINI
Publié le 17 juin 2020 à 18h00
L'Insee note des modifications notables dans les comportements d'achat des Français
L'Insee note des modifications notables dans les comportements d'achat des Français - Source : AFP

CONJONCTURE - Avec la crise du Covid-19, la France a connu son pire choc économique en temps de paix. Les conséquences sont considérables selon l'Insee qui publie ce mercredi son "Point de conjoncture post-crise Covid".

"Tous les indicateurs ne reviennent pas de la même façon à la normale et certains n’y reviendront sans doute pas avant quelque temps." Dès l'introduction de son dernier Point de conjoncture, l'Insee explique que la crise sanitaire, puis économique, du coronavirus a eu des répercussions importantes pour le pays. Déplacement, variation des prix, revenus, comportement d'achat, etc., tous les grands paramètres de notre économique sont passés en revue. 

Le pire choc économique en temps de paix

Si "la reprise économique est (...) très nette depuis la mi-mai", l'Insee considère que le mois d’avril "restera sans doute dans les annales comme l’un des pires mois qu’ait connu l’économie française en temps de paix". Bonne nouvelle toutefois dans cette triste description, l'Insee revoit à la hausse son estimation d’évolution trimestrielle du PIB français au deuxième trimestre 2020, à –17 %. C'est trois points de mieux que la baisse estimée dans le précédent Point de conjoncture

"Actuellement, le reflux de l’épidémie se poursuit, permettant une accélération du déconfinement, explique l'institut. Plus précisément, selon les derniers indicateurs disponibles, la perte d’activité économique par rapport à une situation 'normale' aurait été de -29 % en avril, puis de -22 % en mai, et se limiterait à -12 % en juin."

La consommation des ménages toujours au ralenti

Durant la première semaine de déconfinement, entre le 11 et le 17 mai, l'Insee note "un fort rebond de la consommation des ménages." Depuis lors, et plus précisément sur la période du 18 mai au 7 juin, "la consommation serait restée globalement à ce niveau, toujours légèrement en deçà de la 'normale', –7 %.'" 

Si au mois de mai des achats, comme dans le secteur des transports par exemple, ont permis de doper la consommation, amorphe durant le confinement, la demande de services marchands (principalement la restauration, l'hébergement ou les loisirs), est 12 % inférieure à une situation normale d’activité pour le mois de juin. Les Français n'ont donc pas totalement repris leurs habitudes d'achat. 

Sans surprise, la restauration et l'hébergement sont les grands perdants du confinement
Sans surprise, la restauration et l'hébergement sont les grands perdants du confinement - Insee

En se basant sur les données des transactions bancaires, l'Insee montre dans ce graphique l'effondrement des achats effectués dans la restauration et l'hébergement, les deux principales victimes du confinement. Bien que ce dernier n'ait plus cours depuis le 11 mai, les Français boudent toujours ces deux secteurs d'activité, influencés sans doute par les incertitudes sanitaires. 

Inflation en baisse malgré les prix plus élevés de l'alimentaire

D'après les relevés de l'Insee, l’inflation globale a diminué depuis le début de la crise sanitaire, une baisse due principalement à la chute des prix des produits pétroliers mais aussi des prix des services, en particulier ceux des services de transport. "Ainsi, en mai 2020, l’inflation d’ensemble a diminué, s’établissant à +0,4 % sur un an après +1,4 % en février".

 A contrario, les prix des produits alimentaires ont augmenté de +3,7 % sur un an en avril, après +1,9 % en mars. Une hausse encore plus marquée pour les produits frais. Les étiquettes des fruits et légumes ont bondi en avril à +17,8 % sur un an, après +4,7 % en mars. "Leurs conditions de commerce ont été bouleversées pendant le confinement : les difficultés d’approvisionnement des commerces essentiels et la demande plus importante qu’à l’accoutumée durant cette période ont fortement soutenu l’inflation", explique l'Insee.

Structure de la consommation par grand regroupement
Structure de la consommation par grand regroupement - Insee

Ces variations des prix sont notamment influencées par le comportement des ménages lors de leur achat. Ainsi, comme on peut le voir sur ces graphiques comparatifs de l'Insee, le poids de l'alimentation dans le panier des Français étaient plus élevé pendant le confinement (28%) puis est redescendu à 20% après le 11 mai, ce qui reste supérieur au niveau habituel (16%). Les achats de produits manufacturés ont été dopés par le déconfinement. En revanche, la part des achats de service a connu une baisse de 10 points par rapport à l'année dernière, toujours pas rattrapée depuis. 

La baisse des revenus : les aides ont limité la casse

Pendant le mois d’avril, le revenu des ménages aurait baissé de l’ordre de -2,7 % par rapport à la situation économique antérieure. Une situation qui aurait pu être bien pire. "Les dispositifs d’indemnisation, via la mise en activité partielle ou en arrêts maladies et diverses mesures d’aides ponctuelles ont permis de limiter la baisse du revenu disponible brut", souligne l'Insee.

Même constat du côté des travailleurs indépendants, dont les revenus dépendent entièrement de l'activité économique. Si "la mise en place du fonds de solidarité pour les TPE (4 milliards d’euros d’aides accordées en mars et avril) et les exonérations de cotisations (3 milliards d’euros d’exonérations sur les quatre mois de mars à juin) ont permis de limiter la casse et endiguer les faillites en cascade, l'Insee note que "le revenu des entrepreneurs individuels aurait diminué d’environ -25 % en avril par rapport à une situation normale."

Les Français se déplacent moins qu'avant

Dès le premier jour du confinement, le Premier ministre Edouard Philippe a enjoint les Français à privilégier le télétravail et les déplacements ont été limités dans un rayon de 1 kilomètre autour du domicile, puis de 100 kilomètres. Des injonctions qui ont mécaniquement diminué le nombre de trajets parcourus.

 Mais si aujourd'hui ces restrictions kilométriques n'ont plus cours, l'Insee remarque que les déplacements domicile travail sont restés "40 % en dessous de leur niveau d’avant le confinement." Une différence qui s'explique notamment par le maintien en télétravail de nombreux salariés - jusqu'à 5 millions - ou par le nombre important de personnes toujours au chômage partiel. 


Cédric STANGHELLINI

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