Des internautes appellent à former un "convoi de la liberté" qui rejoindra Paris ce vendredi.Issus des sphères anti-vaccin et anti-restriction, ils utilisent les modes de mobilisation des Gilets jaunes.Plongée au cœur des réseaux qui organisent ce mouvement.
Ils attendaient impatiemment l'idée qui allait remettre le feu aux poudres. Plusieurs sphères se sont réactivées en ce début d'année après le succès du "convoi de la liberté" au Canada, qui a rejoint Ottawa le 29 janvier. Si bien que, désormais, certains tentent de l'exporter en France. Sur les groupes Facebook ou les chaînes Telegram, on s'active pour mener à bien cette action. D'ores et déjà, six trajets sont annoncés pour le mercredi 9 février, au départ de plusieurs grandes villes du pays, et à destination de Paris.
Deux jours plus tôt, lundi, un premier convoi d'une trentaine de manifestants qui tentaient de rejoindre la capitale a été intercepté entre l'Essonne et la Seine-et-Marne. Ce convoi n'était composé d'aucun camion, mais d'une trentaine de voitures de particuliers de Gilets Jaunes, connus des services de police et surveillés pour certains depuis plusieurs mois. Que sait-on de ce mouvement numérique d'ampleur ?
Le nouveau variant de la colère
Au Canada, ce mouvement est né de la colère des camionneurs en opposition avec la vaccination obligatoire contre le Covid demandée pour franchir la frontière avec les États-Unis. Une mesure qui ne concerne pas les Français. Ce qui n'en a pas empêché certains de s'emparer rapidement de l'initiative, y voyant un levier de mobilisation. Dès le 29 janvier, soit le jour de l'arrivée des camionneurs dans la capitale, un certain Rémi Monde faisait un direct sur le sujet. Il appelait ses 14.000 abonnés sur Facebook à "faire exactement la même chose en France". Face caméra, il lançait même vouloir faire "flipper un petit peu" les membres du gouvernement et de l"establishment".
Une méthode qui rappelle en tout point celle utilisée par un des anciens animateurs des Gilets Jaunes, Maxime Nicolle, alias Fly Rider. Et pour cause, cette mobilisation est très clairement née des cendres des groupes de Gilets jaunes. Jamais vraiment éteintes, les braises se sont rallumées, aidées par les membres de ce mouvement qui semblait attendre la bonne initiative pour se mobiliser. Rapidement, l'idée s'est propagée, propulsée par la souche originale de ce mouvement apparu en 2018 et déjà suivi par des milliers de personnes.
Si bien que le principal groupe français du "Convoi de la liberté" compte 276.000 membres à l'heure où nous écrivons ces lignes. D'autres collectifs, à l'échelle régionale, se multiplient également. À l'instar de ce qu'il s'était produit avec l'occupation des ronds-points lors du mouvement né de la hausse du carburant, les internautes s'organisent au niveau local pour proposer des solutions de repos et de repas. Il dispose même d'un "logo" à accoler sur les voitures "pour plus de visibilité", à la manière de la chasuble jaune. Nouveauté à souligner, l'apparition de boucles de discussions Telegram, réseau social propulsé au devant de la scène pour éviter une prétendue "censure" du réseau de Mark Zuckerberg.
Des figures et des discours anti-vaccin
Mais aujourd'hui, il ne s'agit plus seulement de colère face à la hausse des prix ou des taxes. Les raisons sont plus nombreuses. À travers ses prises de parole, Rémi Monde met en avant des revendications à l'image du mouvement : hétéroclites. Celui qui est devenu porte-voix du "Convoi" appelle ainsi à rétablir la "souveraineté du peuple français", avec des mesures comme l'instauration du fameux "référendum d’initiative citoyenne", longtemps demandé par les Gilets jaunes. Mais il veut aussi faire de la "cause nationale prioritaire" le retour de "l'État de droit", prétendument "mis à terre par les mesures de restrictions liberticides du gouvernement actuel". Même s'il s'en défend, celui qui affirme militer depuis les Nuits Debout à Paris affiche sur ses réseaux sociaux des publications opposées à la vaccination et la lutte contre le Covid-19. Promotion de Didier Raoult et de Louis Fouché, partage du documentaire Hold Up et opposition à la "tyrannie mondiale", il coche toutes les cases du complotisme.
Car c'est bien de ça qu'il s'agit. Si on retrouve les méthodes des Gilets jaunes ainsi que certaines figures, comme Oliv Oliv, il y a surtout de nouvelles influences anti-vaccin. Ces idées sont notamment insufflées par deux femmes, Maria C. et Marie-Elisabeth, qui se fait appeler Marisa. Toutes les deux professionnelles de santé, elles sont issues ou proches de la sphère du collectif Reinfocovid. Créé par Louis Fouché, l'anesthésiste-réanimateur controversé, il est composé de soignants et médecins connus pour diffuser des faits alternatifs sur l'épidémie et la vaccination. Maria, infirmière dans les Hautes-Alpes, s'était ainsi faite remarquer en août dernier lorsqu'elle avait affirmé sur BFMTV que les services de la région Paca n'accueillaient aucun patient atteint du Covid-19. Marie-Elisabeth participe quant à elle activement à la désinformation dans de nombreux lives et dans l'Aube, son département.
Si le mouvement se défend d'être anti-vaccin, il compte donc dans son trio de tête trois personnes qui contredisent les faits scientifiques. Mais au-delà de ces figures, le mouvement "Convoi de la liberté" semble surtout concentrer les colères. Dans les discussions, la lutte pour le pouvoir d'achat rencontre systématiquement celle contre les restrictions sanitaires. Leurs points communs : le rejet d'un "système" - idée appartenant aux Gilets jaunes - et une haine des "médias mainstream", propre aux anti-vaccins.
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