ÉPIDÉMIE - Selon une étude de l'organisme, les décès de personnes nées à l’étranger et résidant en France ont augmenté de 48 % en mars et avril dernier par rapport à la même période en 2019 contre 22 % pour les décès de personnes nées en France.
Les personnes résidant en France et nées à l'étranger ont davantage été touchées par le coronavirus que celles nées sur le territoire national. C'est ce que nous apprend ce mardi une étude de l'INSEE qui revient sur le nombre de morts survenus en France au cours des mois de mars et avril 2020 : 129.000 décès ont été enregistrés contre 102.800 à la même période en 2019, soit une hausse de 25% des décès.
Une surmortalité constatée mais qui se révèle plus ou moins élevée selon le pays de naissance des personnes décédées. Ainsi, il y a eu une hausse des décès en France de +22% pour les personnes nées sur le territoire national contre +48% pour celles nées à l'étranger. Conséquence, la part des personnes nées a l'étranger parmi le nombre total de décès en France à cette période a augmenté d'une année à l'autre: +15% contre +13% en 2019.
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L'Île-de-France, une région particulièrement touchée où réside beaucoup de personnes nées à l'étranger
La hausse des décès est particulièrement forte chez les personnes nées en Afrique (+54% chez les personnes nées au Maroc, en Algérie ou en Tunisie avec 8.300 décès contre 5.400 en mars-avril 2019). Hors Maghreb, le nombre de décès en France de personnes nées en Afrique a même plus que doublé (+114% par rapport à la même période en 2019). Une surmortalité également observée chez les personnes nées en Asie et résidant en France: +91% par rapport à mars-avril 2019. Pour les personnes nées en hors de France et en dehors de ces continents, la hausse de la mortalité est similaire à celle observée pour les personnes nées en France.
Une différence notable qui s'explique aussi par la présence de ces populations nées hors de France en Île-de-France, région la plus touchée par l'épidémie de coronavirus (7464 personnes sont décédés dans les hôpitaux franciliens depuis début mars). La région a connu une fort hausse des décès durant les mois de mars et avril (+92% par rapport à la même période en 2019). En France, un tiers des personnes nées dans un des trois pays du Maghreb résident en Île-de-France, c’est le cas de la moitié des personnes nées dans un autre pays d’Afrique ou en Asie. Les personnes nées en France sont, quant à elles, 16 % à résider en Île-de-France. Autre région durement touchée par l'épidémie: le Grand Est. Là encore, la hausse des décès s'élève 121% pour les personnes nées en Afrique ou en Asie contre 52% pour celles nées en France.
Risque accru pour les personnes en situation de précarité
Un des facteurs relevé par l'Insee et qui explique de telles différences de mortalité selon les origines est celui de la densité de population. L'institut relève que les personnes nées en Afrique ou en Asie résident environ deux fois plus souvent ( environ 70%) dans les territoires les plus densément peuplés par rapport aux personnes nées en France (35%). Des zones où la transmission du virus a été - et reste - plus forte que dans des communes peu denses.
La situation économique joue aussi un rôle prépondérant dans la surmortalité. La proportion d'individus ayant un logement de petite surface, prenant les transports en commun pour se rendre au travail ou ayant travaillé en dehors de leur domicile durant le confinement est plus importante chez les personnes originaires d'Afrique et d'Asie que celles nées en France.
Une surmortalité plus élevée avant 65 ans pour les habitants nés à l'étranger
L'étude descriptive de l'Insee note que si la hausse des décès a été forte chez les personnes âgées de plus de 65 ans - tous pays de naissance confondus - les habitants nés à l'étranger et âgés de moins de 65 ans ont davantage été touchés que ceux nés en France (750 décès contre 370 pour ceux nés sur le territoire national aux mois de mars et avril 2020).
Enfin si en France la hausse des décès est similaire pour les hommes et les femmes nés dans le pays, elle est plus contrastée pour celles et ceux nés à l'étranger. La hausse des décès s'élève par exemple à +131% pour les hommes et +88% pour les femmes nés en Afrique hors pays du Maghreb en mars-avril 2020.
Reste que quel que soit le pays de naissance, le nombre de décès a augmenté en France à partir de la mi-mars jusqu'à atteindre un pic fin mars-début avril. Les décès quotidiens ont par la suite diminué pour retrouver fin avril des proportions similaires à celles observées en 2019.