CAS CONTACT – Pour s’assurer qu’aucun foyer épidémique ne se crée à nouveau lors du déconfinement, le gouvernement prévoit de mobiliser des équipes dans chaque département, chargées de recenser et de contacter l’entourage proche des malades. Un dispositif de "brigades de cas contact" rebaptisé "brigades d'anges gardiens" par Olivier Veran et qui sera débattu à l'Assemblée cette semaine. Voici ce qu'il prévoit.
Le "contact tracing", un terme bien nébuleux mais qui apparaît aujourd’hui comme l’une des pierres angulaires de la stratégie de déconfinement de l’exécutif, fondée sur la doctrine "protéger, tester, isoler". Pour ce faire, le Premier ministre a confié cette mission à des "brigades de cas contact", qui s’organiseront par département dès le 11 mai.
Ce dispositif du "contact tracing", qui sera débattu à l'assemblée cette semaine - et dont certains aspects doivent encore être validés par la nouvelle loi sur l'état d'urgence sanitaire - peut se résumer par "un travail systématique de recensement, pour chaque personne détectée positive au Covid-19, de l’ensemble des personnes avec qui elle a été en contact rapproché", selon l’Assurance Maladie à LCI. Concrètement, celui-ci est prévu pour fonctionner en trois paliers : les médecins généralistes, l’Assurance Maladie et les Agences Régionales de Santé (ARS).
Un dispositif, trois niveaux
En première ligne, se trouveront les généralistes. "A compter du 11 mai, il sera demandé à chaque médecin généraliste ayant pris en charge un malade du Covid-19 de recenser, avec le patient, l’ensemble des personnes avec qui il a été en contact et d’évaluer avec lui, selon des recommandations précises établies par les autorités sanitaires, si la nature du contact est telle que la "personne contact" est susceptible d’avoir contracté le virus", indique l’Assurance Maladie. En cas de suspicion de contamination, chaque médecin aura pour rôle d’entrer le nom et les coordonnées de la personne contact dans "un système d’information créé à cette occasion" par l’Assurance Maladie, et disponible en interne.
En deuxième ligne, celle-ci se chargera de prendre le relais et d’appeler dans les 24 heures ces personnes contact, voire de compléter au besoin les coordonnées transmises par le généraliste. Les 5 000 employés de l’Assurance Maladie, mobilisés à partir du 11 mai, auront alors une procédure à suivre, définie par Santé Publique France dans un guide pratique. Ils devront alors poser une série de questions à leurs interlocuteurs sur leurs activités récentes et leur présenter les consignes sanitaires à respecter : un isolement pendant 14 jours et la réalisation d’un test de dépistage PCR, pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale, "qu’ils présentent ou non des symptômes de la maladie". Les brigades pourront également leur fournir un arrêt de travail, le cas échéant.
Contre l'apparition de nouveaux clusters
Objectif : "Identifier le porteur du virus afin de casser la chaîne de transmission", selon les mots d’Edouard Philippe. La mission de ces brigades peut donc se résumer à un travail d’enquête, mais aussi de suivi puisqu'elles devront "vérifier que ces tests ont bien eu lieu", a précisé le Premier ministre. Pour l’heure, rien n’est indiqué concernant les pouvoirs à leur disposition pour s’assurer de la bonne réalisation du dépistage.
En troisième ligne, les ARS, appuyées par Santé Publique France, s’assureront d’analyser chaque jour les informations intégrées dans ces plateformes qui fonctionneront par département, mais aussi et surtout de veiller à ce qu’aucun foyer épidémique ne se forme. "Toute l’approche par confinement et détection précoce vise à éviter une telle réapparition de clusters", explique l’Assurance Maladie.
Formation au contact tracing
Les équipes de Santé Publique France se mobilisent dès à présent pour que cette organisation dantesque soit au point le 11 mai. "Le volet contact tracing est en cours de finalisation avec les parties-prenantes", selon Santé Publique France à LCI. En effet, les employés de l’Assurance Maladie (médecins, infirmiers, travailleurs sociaux) doivent être formés dans les jours qui viennent par les autorités sanitaires et les ARS "aux modalités spécifiques de contact tracing, sur la base des recommandations des autorités sanitaires", d’après l’Assurance Maladie.
Au cours de leur mission, ces brigades devront en outre manipuler des données confidentielles. C’est pourquoi une loi de sécurité sanitaire doit être adoptée pour permettre aux non-soignants de manipuler ces informations, conformément au principe du secret médical. "La mise en place de ce dispositif nécessite la création d’un outil sécurisé de collecte des informations relatives aux contacts des personnes malades, afin que celles-ci puissent être prévenues rapidement", explique l'Assurance maladie. Un point qui fait débat au sein de la classe politique et même du corps médical et qui devra être tranché lors de l'examen du projet de loi sur le prolongement de l'état d'urgence sanitaire cette semaine à l'Assemblée.
Mais avec 5 000 collaborateurs de l’Assurance Maladie sur le pont, il n’est pas certain que cela suffise à collecter ce nombre conséquent d’informations et les traiter au cas par car. Pour être efficaces, ces brigades devraient mobiliser jusqu’à 30 000 personnes sur le territoire, selon les recommandations du président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy dans un entretien au Monde. En fonction des besoins de chaque département, ils pourront être assistés par des employés de centres communaux d'action sociale (CCAS), de mairies, de départements ou encore d'associations, telles que la Croix-Rouge.
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