FRAUDE - Craignant de ne pouvoir présenter à temps le certificat imposé par les autorités pour pendre l'avion, des voyageurs optent pour la falsification, attestant de leur négativité au virus. Si les autorités peinent encore à évaluer le nombre de fraudeurs, ces derniers risquent gros.
"Bien sûr qu'on en a entendu parler et que certains le font". Face à la difficulté à se faire dépister à temps, certains voyageurs n'hésitent vraisemblablement plus à recourir à de faux résultats de tests PCR négatifs pour pouvoir prendre l'avion. "Les agences de voyage nous en parlent car les clients leur en parlent", assure Richard Vainopoulos, Fondateur du réseau TourCom qui dit comprendre, sans l'excuser, que certains en arrivent à cet extrême. Et pour cause : il est lui-même à l'origine d'une pétition qui entend alerter les pouvoirs publics sur les délais jugés "beaucoup trop longs" pour obtenir les résultats des tests PCR avant de pouvoir embarquer.
"Certains pays imposent aux voyageurs de réaliser des tests PCR dans les 48 à 72 heures avant de monter dans un avion. Ces mêmes obligations se retrouvent pour rentrer sur le territoire. Or, la saturation des centres d'analyses et les mesures prises pour prioriser les personnes ayant accès à ces tests, ne permettent pas aux voyageurs de recevoir leurs résultats à temps car ils ne sont pas jugés comme 'prioritaires'," déplore le réseau d'agences, dans le texte qui accompagne la pétition.
"Avec l'informatique, c'est très facile"
"Les conséquences sont très graves pour les voyageurs qui ne reçoivent pas les résultats dans les temps et doivent donc renoncer à tous types de déplacements (personnels comme professionnels)", avance encore Richard Vainopoulos, s'appuyant sur l'exemple des femmes et hommes d'affaires, des étudiants et des ultramarins. D'après les remontées qui lui parviennent du terrain, les voyageurs réunionnais et guadeloupéens sont ainsi particulièrement affectés par ces délais, d'aucuns expliquant avoir attendu en vain le précieux document avant d'être refoulés à l’aéroport. "C'est inacceptable", estime-t-il, jugeant que d'autres alternatives, auxquelles ont recours d'autres pays, sont envisageables et que les "compagnies sont prêtes à trouver des solutions en ce sens". En attendant, alors qu'il estime à une semaine le temps nécessaire à la réception des résultats d'un test nasal, "c'est le système D qui l'emporte dans la mentalité latine [sic] et aujourd'hui, avec l'informatique, c'est très facile."
En témoignent les cas concrets rapportés dans la presse, locale notamment, de personnes qui, par le biais de logiciels de montage fournissent à des citoyens d'outre-Mer, coincés en métropole et en détresse, de faux certificats. Certains affirment même avoir été encouragés à cette démarche par le personnel chargé des contrôles. "Je me suis tournée vers cette personne pour lui demander comment ça se passer si je n’avais pas mes résultats, elle m’a directement répondu de falsifier mes documents et de ne pas me compliquer la vie", confie ainsi une voyageuse à Linfo.re.
"Pas le rôle de la compagnie" de vérifier
Très concrètement, ce fameux sésame attestant de la non positivité du voyageur au Covid-19 doit être présenté par les voyageurs au moment d'embarquer, ou presque. "A Orly, on présente le certificat en même temps que la carte d'embarquement", nous précise-t-on au service communication d'Air France, soulignant que ce sont donc les agents de la compagnie qui effectuent le contrôle des tests Covid "à l’œil", tandis que celui du titre de transport est informatisé. "A Roissy par contre, le contrôle du certificat est assuré par une société prestataire avant celui de la carte d'embarquement par nos agents". Si le phénomène est pris au sérieux par la compagnie, il semble toutefois impossible à quantifier. "Nous n'avons pour l'heure identifié aucun cas de falsification", assure la compagnie française.
Chez Air Austral, se sont en revanche déjà immiscés "quelques doutes par rapport aux documents, notamment concernant les dates", concède la porte-parole de la compagnie, Stéphanie Bégère à Europe 1. Et de poursuivre : "Il nous est plusieurs fois arrivé de demander confirmation aux laboratoires (...) Ça n’est pas non plus si simple et ça n’est pas le rôle de la compagnie."
Une amende de 45.000 euros et trois ans d'emprisonnement
Des députés réunionnais se sont emparés de la question. Nathalie Bassire (LR) demande "un délai plus important, acceptable d’un point de vue médical" entre le test et le départ tandis que Jean-Hugues Ratenon (LFI) dénonce "une atteinte à la liberté de circuler" et "le désintéressement total" du ministre de la Santé face à la situation des Ultramarins.
Le préfet de l'Ile, Jacques Billant, admet de son côté que lutter contre le phénomène n'est pas tâche facile, tout comme il est difficile de dire s'il est marginal ou répandu. "S’ils le font, c’est qu’ils ne respectent pas la loi, donc ils n’en font pas la publicité (...) J’ai vu que ça correspondait à une réalité puisqu’il y a eu quelques témoignages", a-t-il expliqué à nos confrères, avant d'ajouter : "C’est complètement irresponsable." Dans ce contexte, Air Austral en appelle "à la responsabilité de chacun" de ses passagers. D'autant que sur le plan pénal, les fraudeurs risquent gros. Selon l'article 441-1, le fait de présenter un faux document de nature médicale entre autres, confectionné sur ordinateur par exemple, est passible d’une amende de 45 000 euros et de trois ans d'emprisonnement.
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