La recherche française a-t-elle un problème avec le vaccin contre le Covid-19 ?

V. F
Publié le 25 janvier 2021 à 17h30

Source : TF1 Info

RECHERCHE - Après Sanofi qui retarde la sortie de son vaccin contre le Covid-19 à la fin de cette année, voilà que l'Institut Pasteur annonce ce lundi l'arrêt de son principal projet de vaccin, moins efficace qu'espéré. Une situation qui pose question pour le généticien Axel Khan.

L'Institut Pasteur jette l'éponge. Elle a annoncé ce lundi qu'elle arrêtait le développement de son principal projet de vaccin contre le Covid-19. Raison invoquée : les premiers essais sont moins efficaces qu'espéré. "Les réponses immunitaires induites se sont avérées inférieures à celles observées chez les personnes guéries d'une infection naturelle ainsi qu'à celles observées avec les vaccins autorisés" contre le Covid-19, a expliqué l'Institut pour justifier sa décision de mettre fin à son projet. 

Une mauvaise nouvelle qui intervient alors qu'un autre acteur français de la recherche, le laboratoire Sanofi avait annoncé en décembre que son vaccin avait pris du retard et ne serait prêt que fin 2021, en raison, là-aussi, de résultats moins bons qu'attendu. Alors la recherche française a-t-elle du souci à se faire, ou s'agit-il seulement d'un accident de parcours ? 

Les vaccins protéiques moins bien adaptés

Pour le professeur Axel Kahn, généticien et président de la Ligue contre le cancer, "cela peut arriver, et c'est très honnête de le dire", souligne-t-il sur LCI lundi 25 janvier. "Le fait qu'ils l'abandonnent sans s'entêter sur la prolongation d'un programme qui ne tiendrait pas ses promesses est plutôt à leur honneur". Reste Sanofi. Pour l'instant, leur vaccin n'est que repoussé et comme l'a dit l'OMS, il en faudra plusieurs, donc arriver sur le marché en décalé de quelques mois n'est pas forcément un problème face à une telle demande. 

Toutefois, le scientifique se montre plutôt pessimiste  : "Le vaccin Sanofi-Pasteur est une protéine recombinante qui ne devait pas arriver avant la fin du deuxième semestre. Or il s'avère que ce type de vaccin protéique est moins bien adapté à de nouveaux variants et de nouvelles souches émergentes, résistantes aux vaccins antérieurs et à l'immunité contre les souches habituelles du virus, que les vaccins à ARN et les vaccins adénoviraux. Donc à l'heure actuelle, d'après ce qui se dit, Sanofi est en discussions pour fabriquer aussi des vaccins à ARN et des vaccins adénoviraux qui sont déjà utilisés et mieux adaptés à la situation qui exigera de revacciner très certainement lorsque la proportion de souches résistantes aux vaccins dirigés contre les souches antérieures deviendra grand", explique-t-il.

De là à dire que les labos français ont misé sur le mauvais cheval par rapport à leurs autres concurrents ? Difficile de l'imaginer au pays de Louis Pasteur, devenu célèbre dans le monde entier pour avoir, le premier, appliqué le concept de vaccination à l'homme. Pourtant, Axel Khan reconnaît qu'il y a un problème. "Il faudra se poser tout de même une question sur les stratégies, publiques pour ce qui concerne Pasteur, et industrielles pour Sanofi", analyse-t-il, tout en affirmant que ces annonces le désolent, lui qui a voué une grande partie de sa vie à la recherche en biologie.


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