Une médecin diffuse sur Facebook un certificat contre-indiquant le port du masque, la justice saisie

Publié le 12 août 2020 à 20h23, mis à jour le 13 août 2020 à 17h36

Source : 24H PUJADAS, L'info en questions

POLÉMIQUE - L'Agence régionale de santé (ARS) du Grand Est a saisi la justice en début de semaine. En cause : la diffusion sur Facebook, par une médecin généraliste alsacienne, d'un certificat médical permettant à tout un chacun d'invoquer une contre-indication au port du masque.

Un certificat médical établissant une contre-indication médicale au port du masque. C’est ce que des internautes ont pu voir passer sur leur Facebook le 7 août. Rédigé par une médecin généraliste alsacienne, le document permettait à tout à chacun – le nom du patient était laissé en blanc – de ne pas se soumettre aux consignes édictées par les autorités… Jusqu'à ce que ces dernières découvrent le pot aux roses.

"La muselière, c'est non"

Une publication mise en ligne pour la première fois sur le profil d'une certaine Eve Engerer avant d'être largement diffusée en début de mois sur plusieurs groupes anti-masques. Médecin généraliste dans le Bas-Rhin, elle assume toujours cette positon. Interrogée sur la question par Rue89, qui a dévoilé l’affaire, la médecin de 60 ans assume, décrivant le sujet comme un "faux problème" face à ce masque devenu "muselière". Idem sur les réseaux sociaux, où l'image est toujours en ligne, et dans ses vidéos. 

C'est notamment le cas dans celle publiée le 11 août où elle réitère sa critique envers cette protection. Se filmant avec son téléphone, la soignante exerçant à Wangenbourg répond aux dernières annonces gouvernementales sur l'obligation du port du masque. "J'entends dire qu'on met le masque pour prendre soin des autres. Faux, faux, c'est faux", assène-t-elle face caméra, ajoutant que selon elle "prendre soin des patients" c'est "interdire" certains médicaments "Big Pharma" - en référence à cette théorie selon laquelle toutes les compagnies pharmaceutiques s'organisent avec les autorités à des fins financières - ou renoncer aux vaccins qui sont "un mensonge de Pasteur" pour préférer se rapprocher de "choses, plus proches de la terre". Dans cette même vidéo, celle qui se définit comme une "homéopathe pratiquant l'hypnose humaniste" lance que les masques sont de la "franc-maçonnerie", citant un prêtre intégriste lebfevriste, qui suggère qu'en "réalité" cette protection relève du "rituel initiatique occulte" qui s'inscrit dans la mouvance "maçonnique". 

"Du charlatanisme"

Tant de raison pour lesquelles l'Ordre des Médecins du Bas-Rhin s'est penché sur son cas. Interrogé par LCI, le président de l'organisme décrit des pratiques relevant du "charlatanisme" et nous confirme avoir alerté l'ARS dès le 15 avril du comportement de la médecin généraliste. En pleine pandémie de coronavirus, elle assurait dans une vidéo pouvoir "guérir le coronavirus avec les chiffres", nous explique Jean-Marie Letzelter.  Un signalement renouvelé il y a quelques jours "avec différents documents, dont ce certificat", élément nouveau au dossier. Et maintenant ? A l'Ordre des médecins et au Conseil régional d'étudier ce dossier. Mais selon ses pronostics, la docteure risque "probablement" des poursuites devant "la chambre disciplinaire" qui jugera "si elle a commis des fautes déontologiques". "Dans ce cas particulier, on peut estimer qu'elle contrevient à plusieurs points de la déontologie", fait valoir le médecin. 

Le Dr. Jean-Marie Letzelter assure par ailleurs que "l'ARS a suspendu (la médecin) lundi". Une information non confirmée à LCI par l'agence, qui nous indique simplement avoir "saisi la justice en début de semaine".

Quelles que soient les conclusions de cette affaire, désormais dans les mains de la justice, le Dr. Jean-Marie Letzelter s'inquiète pour la suite. Auprès de LCI, il alerte sur un triste phénomène. En neuf ans à la tête de l'Ordre des médecins du Bas-Rhin, il n'avait "jamais" réalisé autant de signalements. 


Felicia SIDERIS

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