Que représente vraiment la corrida en France ?

A.B.
Publié le 24 novembre 2022 à 13h02, mis à jour le 25 novembre 2022 à 16h39

Source : JT 20h WE

L'Assemblée nationale se penche, ce jeudi, sur une proposition de loi pour interdire la corrida.
Un sujet particulièrement sensible en France.
Mais que représente vraiment cette pratique dans l'Hexagone ?

C'est un sujet particulièrement clivant depuis des années. Ce jeudi à l'Assemblée nationale, les députés doivent examiner la proposition de loi déposée par le député LFI Aymeric Caron qui souhaite interdire la corrida en France. Un texte qui n'a quasiment aucune chance d'aboutir, mais qui pourrait donner lieu à des échanges tendus au sein de l'hémicycle. 

Il faut dire que la pratique de la tauromachie déchaîne les passions alors que, selon un sondage de l'Ifop publié en 2021, 81% des Français se disent opposés à la mise à mort des taureaux et que 76% d'entre eux se disent favorables au remplacement des corridas par des courses camarguaises. Mais que représente vraiment cette pratique et quel poids a-t-elle en France ? TF1info fait le point.

Trois régions, 56 territoires

La corrida est considérée comme une exception culturelle dans le droit français. Cette tradition importée d'Espagne au XIXe siècle a été assimilée à un acte de cruauté dans le Code pénal, mais a été autorisée en vertu de l'article 521-1 qui prévoit un régime d'exception pour les "traditions locales ininterrompues". 

Si historiquement, il n'y a pas de limite géographique concernant son autorisation, un arrêt de la cour d'appel de Toulouse rendu en avril 200 a clarifié les zones dans lesquelles elle peut se pratiquer : "Entre le pays d'Arles et le Pays basque, entre garrigues et Méditerranée, entre Pyrénées et Garonne, en Provence, Languedoc, Catalogne, Gascogne Landes et Pays basque". Ainsi, la corrida est autorisée dans trois régions : Provence-Alpes-Côte d'Azur, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Selon Domnique Faure, la secrétaire d'État à la ruralité, la corrida concerne "56 territoires en France, attachés à la tauromachie".

Le milieu est largement soutenu par la pérennité des ferias dans le sud de la France. Celles de Bayonne et Dax accueillent en effet autour d'un million de visiteurs. D'importantes fêtes sont également organisées à Nîmes, Arles, Mont-de-Marsan, Vic-Fezensac et Béziers et sont l'occasion d'organiser des corridas. 

Une centaine de corridas organisées chaque année

Il n'existe aucun chiffre officiel sur le nombre de corridas organisées chaque année. Mais selon les estimations des défenseurs et des opposants de la pratique, on estime qu'entre 100 et 200 événements ont lieu chaque année dans les trois régions concernées. Une cinquantaine de communes du sud de la France, comme Bayonne, Arles, Nîmes, Dax ou encore Béziers, accueillent des corridas. 

Concernant la fréquentation, aucun chiffre officiel n'a, là encore, été publié. Selon l'Alliance anti-corrida, 28 communes ont renoncé à organiser des événements depuis 2005, tandis que les défenseurs avancent qu'ils sont une manne financière importante pour les collectivités. Selon l'Observatoire national des cultures taurines, la pratique engendrerait au moins 40 millions d'euros de chiffre d'affaires chaque année, la somme est pourtant largement contestée par les ONG anti-corrida.

Depuis les années 2000, la fréquentation aurait d'ailleurs tendance à baisser, en raison notamment du coût des billets d'entrée : ente 20 et 100 euros selon l'arène, le cartel (l'affiche de la corrida) et le placement. Un tarif qui s'explique par le coût important de certains événements : les meilleurs matadors peuvent toucher un cachet dépassant les 150.000 voir 200.000 euros. Un coût élevé alors que le secteur est soumis à une TVA de 20% contrairement aux autres disciplines du spectacle vivant.

Combien de taureaux tués chaque année ?

L'association No Corrida affirme qu'un millier de taureaux sont tués chaque année dans les arènes, mais, selon les ONG anti-corridas, ce chiffre ne prend pas en compte les taureaux mis à mort lors des entraînements réalisés dans les arènes privés. Lors d'une corrida classique, six taureaux entrent dans l'arène, mais tous ne sont pas toujours tués en son sein. 

Ces animaux sont élevés par une quarantaine de professionnels, regroupés au sein de l'Association des éleveurs de toros de combat. Pour être un bon taureau pour une corrida, l'animal doit avoir la robe noire, être "brave" et "noble". Les meilleurs peuvent être vendus jusqu'à 10.000 euros et le coût d'élevage s'élève à environ 3500 euros pour un taureau de quatre ans.


A.B.

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