Le FLNC (Front de libération nationale de la Corse) a menacé, mercredi, de reprendre la lutte armée.Il dénonce le "déni" méprisant de l'État à l'égard de l'île de Beauté.Retour sur les revendications de ce front né il y a plus de 40 ans.
Deux semaines après l'agression d'Yvan Colonna en prison, le 2 mars, et alors que des manifestations quotidiennes se tenaient en Corse, Le FLNC (Front de libération nationale de la Corse) a menacé, mercredi 16 mars dans un communiqué, de reprendre la lutte.
"Si l'État français demeurait encore sourd, il ne pourra y avoir de sacrifice de la jeunesse qui n'entraîne une réaction proportionnée de notre part, et rapidement les combats de la rue d'aujourd'hui seront ceux du maquis de la nuit de demain", avertissait le communiqué du mouvement indépendantiste clandestin, qui avait officiellement déposé les armes en 2014, au terme de quatre décennies de lutte armée marquées par plus de 4500 attentats revendiqués.
Point ce qu'il nomme un "déni méprisant" de l'État qui "vient d'être porté à son paroxysme par la monstrueuse tentative d'assassinat d'Yvan Colonna à Arles", le FLNC enchaîne : "Le mépris engendre la colère, et la colère entraîne la révolte. Et chez nous, la révolte provoque l'insurrection". Cette menace était intervenue le jour même de l'arrivée du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui depuis, a déclaré qu'il était prêt à aller "jusqu'à l'autonomie" de la Corse. TF1info revient sur l'histoire de ce Front.
Création et revendications
Le Front de libération nationale de la Corse (FLNC)a été créé il y a plus de 40 ans. Le sigle apparaît lorsque, le 6 mai 1976, policiers et gendarmes trouvent la profession de foi de ce nouveau groupe dans les décombres de 18 attentats à l'explosif commis lors d'une première "nuit bleue".
La violence existait cependant avant le FLNC, dont les premiers membres sont des dissidents du Front Paysan Corse de Libération (FPCL), fondé en 1973, et de Ghjustizia Paolina (mars 1974), peu structurés mais connus pour leurs attentats.
Après sa dissolution par le gouvernement Pierre Mauroy, en janvier 1983, il poursuit une activité clandestine sous le nom de Ex-FLNC.
Le FLNC revendique la reconnaissance des "droits nationaux du peuple corse", notamment la citoyenneté, la langue et la culture corse, une "évolution statutaire vers un dispositif législatif intégral" et la libération des "prisonniers politiques".
Il a toujours affirmé épargner les vies humaines. Toutefois, neuf policiers ou gendarmes ont été tués en 34 ans. Le préfet Claude Erignac a été assassiné en février 1998 par un commando qui se voulait indépendant des FLNC d'alors.
Scission en 1989
En 1989, une scission donne naissance à l'Accolta Naziunale Corsa (ANC), de Pierre Poggioli. Sa branche armée est Resistenza.
Un an après, les partisans d'un dialogue avec l'État suspendent leurs actions "militaires" et fondent le FLNC-Canal habituel. Il se dissout en 1997. Les "durs" continuent le combat au sein du FLNC-Canal historique. De 1993 à 1999, une vingtaine de militants tombent sous les balles de leurs rivaux, jusqu'au pacte de non-agression "du Fiumorbu", en juillet 1999.
De nombreux "FLNC" ont été créés. Principalement, le FLNC-Union des Combattants (FLNC-UC), de Charles Pieri, en 2000, héritier du Canal historique, et le FLNC dit "du 22 octobre", formé en 2002 par des dissidents du FLNC-UC et d'anciens du Canal habituel. C'est une surenchère d'attentats jusqu'en 2007 contre l'"État colonial français". En février 2009, est formalisée sous le nom de "Corsica Libera" l'union des indépendantistes légaux, qui refuse la bétonisation des côtes.
Les clandestins s'unissent aussi en août 2009, et la nouvelle union présentée par des hommes encagoulés signe "FLNC". En 2012, le FLNC revendique plusieurs vagues d'attentats contre des résidences secondaires et une série d'actions contre des enseignes de la grande distribution, parmi lesquelles Leclerc, Géant Casino et Décathlon. Selon le Front, ces actions s'inscrivent "dans le droit fil des luttes sociales et syndicales (...) face aux relais multiples du colonialisme français en Corse".
Démilitarisation et nouveau groupe
Le FLNC-UC dépose les armes en 2014, au terme de quatre décennies de lutte armée marquées par plus de 4500 attentats revendiqués. Le FLNC du 22 octobre annonce une démilitarisation en 2016. En octobre 2019, un petit groupe annonce la reconstitution d'un FLNC et, en décembre, le FLNC du 22 octobre revendique un attentat contre une villa de l'homme d'affaires Pierre Ferracci.
En 2021, apparaît un nouveau groupe armé baptisé "FLNC Magjhu 21" (mai 2021). Il revendique une tentative d'attentat, le 1er septembre 2021, près d'Ajaccio, visant quatre bungalows appartenant à un continental, et menace le lendemain d'un retour à la lutte armée si l'État français poursuit "sa politique de mépris".
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