FÊTES SOUS COVID - Alors que le gouvernement a appelé à la vigilance lors des fêtes de Noël et du Nouvel An, face au risque élevé de contamination, l'achat d'un purificateur d'air pourrait permettre de limiter les risques d'infection entre convives. Mais c'est loin d'être suffisant, selon les scientifiques.
Alors que le mercure chute, la tentation de vouloir garder les fenêtres fermées peut être forte. Ce qui peut donc pousser à investir dans un purificateur d’air pour l'installer à l’intérieur de son domicile. Mais si ces appareils peuvent être utiles pour limiter la circulation de particules virales dans l’air, ils ne remplacent pas une aération régulière, mettent en garde les scientifiques. A fortiori pendant les fêtes, au cours desquelles plusieurs personnes se retrouvent des heures durant dans la même pièce et que le risque de contamination augmente.
Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) publiait en mai dernier un avis sur la filtration d'air, estimant que le recours à un purificateur pouvait être efficace pour limiter la circulation de particules infectieuses dans l'atmosphère, mais qu’il ne fallait pas s’y limiter.
"L’urgence absolue reste l’aération régulière, car lorsqu'il y a plusieurs personnes dans une salle, cela entraîne une augmentation du dioxyde de carbone mais aussi des particules virales dans l’air, qu’il faut les éliminer", explique le médecin biologiste Fabien Squinazi, membre du groupe de travail du HCSP sur le sujet et adhérent de l’Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique (APPA). "Se dire que comme il fait froid, on ne va pas ouvrir les fenêtres mais acheter à la place un purificateur d’air, ce serait une erreur. Ce n’est pas la priorité", prévient-il.
Un sentiment trompeur de "fausse sécurité"
En effet, l’aération permet de renouveler rapidement l’air d’une pièce et ainsi de diluer la dose infectieuse, tandis qu’un purificateur va aspirer l’air et retenir les particules virales sans produire d’oxygène nouveau, ce qui ne diminue pas autant la concentration de virus en circulation dans la pièce. "Ce peut être un outil complémentaire, mais le réflexe doit rester d’aérer régulièrement toutes les pièces, a fortiori pendant les fêtes, au cours desquelles on parle beaucoup, on crie, on chante et on excrète donc plus de gouttelettes qui peuvent potentiellement contenir du virus", renchérit le virologue Yannick Simonin.
Quant à la VMC, son débit n'est pas assez élevé pour réduire la quantité de particules infectieuses dans l’air, ajoute Fabien Squinazi. Ventilation et purification ne dispensent pas pour autant de continuer à respecter les gestes barrières selon le spécialiste, qui insiste sur la nécessité de "porter le masque le plus longtemps possible au domicile". Attention donc au sentiment de "fausse sécurité" que procure l’installation d’un purificateur d’air, qui permettrait de s’affranchir de toute autre précaution et qui nous mettrait en danger, alertent les deux experts.
De nombreuses précautions à prendre lors de l'achat
Mais si en sus de l’aération, vous souhaitez tout de même investir dans un appareil en complément, il y a de nombreuses précautions à observer. Le type de filtrage tout d’abord : seuls les filtres HEPA (Haute Efficacité sur les Particules Aéroportées), de type H13 ou H14, sont efficaces contre les particules de Covid-19 selon l’HSCP. D’autres modèles, basés sur la destruction de ces particules et non seulement leur capture, ne sont pas validés par l’instance qui craint qu’ils puissent "créer des substances secondaires, une réactivité chimique dans l’air" potentiellement dangereuses, indique Fabien Squinazi.
Mais le choix du filtre ne suffit pas : il faut aussi veiller au débit d’air de l’appareil, qui doit valoir au moins à cinq fois le volume global de la salle où l’on veut le placer. Avec ces quelques conditions, la gamme de prix pour des produits d'entrée de gamme grimpe déjà 500 ou 600 euros, en dessous de quoi le purificateur reste "un gadget" qui ne traitera l’air que d’un faible périmètre, épingle le spécialiste. Et les prix peuvent monter très haut, jusqu’à plus de 1000 euros.
"Il faut par ailleurs absolument positionner l’appareil de manière à ce qu’il puisse brasser l’air de toute la pièce", plutôt vers un mur et sans qu’aucun objet ne fasse obstacle au soufflage et à l’aspiration, poursuit le médecin. Le tout pour veiller à un brassage d’air homogène, qui protège chaque convive. D’autres paramètres rentrent en ligne de compte : la maintenance du produit (veiller notamment à ce que les filtres restent étanches) et la consommation électrique. À noter également, les appareils sont souvent bruyants.
Un dispositif davantage adapté pour les professionnels
"L’achat d’un purificateur d’air ne doit pas être un coup de cœur, à cause du design de l’objet ou de son prix attractif. Ce serait complètement naïf de croire qu’en le mettant n’importe où dans la pièce et en appuyant sur un bouton, on va épurer tout l’air de la salle. Il y a un certain nombre de questions à se poser", affirme Fabien Squinazi. Le spécialiste souhaiterait d’ailleurs que les fabricants soient plus transparents et affichent clairement ces éléments sur leurs produits, "ce qui est rarement fait". Il milite aussi auprès des entreprises pour que des études soient menées en situation réelle et non uniquement en laboratoire.
"Il est difficile de se retrouver parmi tous ces modèles, leur application est plutôt professionnelle, pour des entreprises qui peuvent mener une étude de marché pour trouver l’appareil le plus adapté", considère de son côté Yannick Simonin. "D’autant que c'est surtout utile lorsqu'on n’a vraiment pas de possibilité d’aération, or les particuliers ont presque tous des fenêtres." Et si l’on est obligé de se retrouver dans une pièce difficile à aérer, le mieux est encore de limiter le nombre de convives, tranche-t-il.
Par ailleurs, toutes ces précautions et cet investissement ne valent peut-être pas le coup pour quelques soirées seulement, explique le virologue : "Ce n’est pas la panacée, le prix du purificateur est très élevé alors qu'il est seulement utile lorsqu’on invite des personnes extérieures. Dans le cas d’une famille, dont les membres sont toujours en contact les uns avec les autres, le purificateur n’empêchera pas une contamination potentielle si une personne est infectée."
Les capteurs de CO2 : une piste plus accessible et efficace
Il est en revanche possible d’investir dans un autre dispositif, moins onéreux et plus efficace, mais qui reste couplé à l’aération : les capteurs de CO2, qui permettent de savoir quand l’air est trop confiné dans la pièce et que la concentration de particules infectieuses peut potentiellement augmenter, et donc de signaler quand et pour combien de temps il faut aérer la pièce. Cet appareil coûte quant à lui dans les 100 à 200 euros, "un très bon investissement" selon Yannick Simonon, d’autant que certains capteurs sont plutôt ludiques, avec une lumière rouge qui se déclenche dès que le taux de CO2 dans l’air est trop élevé.
"De plus, indépendamment de l’épidémie, il est conseillé d’aérer régulièrement les pièces, donc c’est investissement qui peut perdurer au-delà de la crise sanitaire, sur le long terme, pour évaluer la qualité de l’air de son domicile", estime le spécialiste. Il faut en revanche veiller à choisir un capteur infrarouge non dispersif, la technologie la plus fiable d'après Fabien Squinazi. "Il faut savoir le positionner dans la salle : dans un endroit représentatif de l’air de la pièce, donc pas au-dessus du chauffage ni près des fenêtres", poursuit le médecin.
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