Protocole sanitaire assoupli à l'école : inquiets, les enseignants "s'attendaient à un renforcement"

Publié le 18 septembre 2020 à 17h42
Protocole sanitaire assoupli à l'école : inquiets, les enseignants "s'attendaient à un renforcement"
Source : MYCHELE DANIAU / AFP

INQUIÉTUDE - Partant d'une préconisation du Haut conseil pour la santé publique, le gouvernement devrait alléger sous peu le protocole sanitaire prévu depuis la rentrée dans les établissements scolaires. Une "mauvaise nouvelle" pour les enseignants.

"On a l'impression que le virus s'arrête aux portes de l'école". L'officialisation "d'ici au début de semaine prochaine" par le gouvernement de l'assouplissement du protocole sanitaire prévu depuis la rentrée dans les établissements scolaires "n'est pas une bonne nouvelle" réagit ce vendredi Ghislaine David, la co-secrétaire générale et porte-parole du Snuipp-Fsu. Cette dernière redoute notamment que cela engendre "encore plus de stress et d’inquiétude pour les enseignants et plus largement pour l'ensemble de la communauté éducative".

Si l'assouplissement en question n'a pas encore été détaillé par le ministre de l'éducation nationale Jean-Michel Blanquer, le ministre de la Santé Olivier Véran, lui, a précisé jeudi que cette décision se basait sur un avis du Haut conseil pour la santé publique (HCSP) daté de jeudi soir. Lequel juge notamment qu'un enseignant de maternelle ou d'élémentaire portant un masque qui a côtoyé un élève non masqué positif au Covid-19 ne doit plus être considéré comme un cas contact ni renvoyé chez lui, ce qui pourrait à l'avenir éviter certaines fermetures de classes.

"On s'attendait plutôt à un renforcement du protocole"

Principale source de préoccupation pour le premier syndicat du primaire : l'annonce en question va à contre-courant des mesures restrictives prises au niveau national face à la reprise de l'épidémie. "On a été très surpris car pour nous il n'était vraiment pas question d'assouplissement avec ce qu'on nous prédit pour octobre-novembre, on s'attendait plutôt à un renforcement du protocole", explique-t-elle, regrettant qu'on donne ainsi l'impression que "l'école vit en dehors de la société" et que "le virus circule dans un sens pas dans l'autre".

Autres inquiétudes pour les Snuipp-Fsu : un message "décrédibilisé" et "le manque d'information" auquel risquent de se heurter à présent les parents d'élèves. Ghislaine David argumente : "jusqu'à présent quand il y avait un cas positif, chacun était informé, le reste de la classe était isolé voire testé et surtout les parents pouvaient prendre des précautions mais si on n'isole plus personne, le risque c'est moins d'information et plus de diffusion via le brassage et la non-distanciation".  La co-secrétaire générale et porte-parole du Snuipp-Fsu va jusqu'à redouter que dans ce contexte, et "dans les zones où le virus circule activement sans qu'on ne ferme les classes, des parents optent pour ne pas mettre leurs enfants à l'école."

Pour rappel, jeudi, sans autre précision, le ministre de la Santé a déclaré que les "nouveaux éléments" de l'avis du HCSP sur ces questions de transmission par les enfants "vont nous permettre dans les tout prochains jours d'assouplir le protocole sanitaire dans les écoles". Or, l'instance qui guide les décisions du gouvernement, s'appuie sur le fait "que les enfants sont peu à risque de forme grave et peu actifs dans la transmission du SARS-CoV-2" et que "le risque de transmission existe surtout d'adulte à adulte et d'adulte à enfant et rarement d'enfant à enfant ou d'enfant à adulte". 

"Nous ce qui nous inquiète c'est qu'on nous dit 'peu à risque' ou 'moins contaminant' mais on ne nous dit pas 'pas contaminant'," dénonce encore Ghislaine David qui estime que des mesures "en dehors de la réalité" sont prises. Et de poursuivre : "d'ailleurs on voit bien depuis depuis la rentrée qu'il y a des cas malgré les précautions et que ces derniers sont allés en augmentant en trois semaines", 

Quid des collèges et lycées

"Au niveau des collèges et lycées rien ne change", a confirmé à LCI ce vendredi Jean-Rémi Girard, président du SNALC (syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur) au sortir d'une réunion avec le cabinet du ministre, soulignant que "ce qui est concerné c'est la doctrine des cas contact" et qu'au "lycée le port du masque est obligatoire donc personne n'est réputé cas contact."

Reconnaissant qu'en terme de communication, "alléger le protocole en ce moment peut paraître très incohérent", ce dernier résume : "la question c'est, jusqu’où va-t-on dans les conclusions que l'on tire de cette information scientifique alors que le virus continue de progresser ?" Et de conclure : "si on se rend compte que les cas flambent, c'est qu'on a pas pris la bonne décision".

Pour rappel, en France, le masque est obligatoire dans les établissements scolaire pour les enfants à partir du collège (11 ans). En maternelle, et dans la majorité des cas en école élémentaire, seuls les adultes le portent.


Audrey LE GUELLEC

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